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La tempête politique tourne autour de l’afflux de réfugiés en Grande-Bretagne

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Migrants marchant dans l'espoir d'un avenir meilleur. Getty Images

Certains ont levé les mains en signe de célébration, d’autres se sont simplement écroulés sur le sol, épuisés par l’épreuve qu’ils venaient d’endurer. C’est ce qui s’est passé cette semaine sur la côte sud de l’Angleterre, où au moins 430 réfugiés ont touché terre. Ils avaient bravé la traversée de 32 kilomètres depuis la France ou la Belgique, naviguant sur la voie maritime la plus fréquentée du monde à bord de bateaux gonflables fragiles. 

 

Pendant ce temps, à 112 kilomètres de là, à Westminster, le sort de ceux qui arriveront dans les mois et les années à venir était évoqué, alors que les législateurs britanniques débattaient de la réforme de la politique d’accueil des réfugiés prévue par le gouvernement.
La migration des sans-papiers est une question politique convulsive dans la Grande-Bretagne post-Brexit. Le départ de l’Europe a été vendu comme une chance de renforcer les frontières grinçantes du pays – pourtant, depuis le début de l’année, quelque 8 000 personnes ont atteint le sol britannique avec l’aide de passeurs en bateau. L’afflux de lundi a représenté le plus grand nombre d’arrivées jamais enregistré, et le total de 8 417 pour 2020 sera probablement dépassé dans les semaines à venir. 

C’est à la ministre britannique de l’Intérieur, Priti Patel, qu’il incombe de s’attaquer à ce problème. Cette politicienne qui sème la discorde a bâti sa réputation sur l’endiguement du flux de réfugiés. C’est elle qui est à l’origine du projet de loi sur la nationalité et les frontières, qui érigera en infraction pénale le fait d’entrer dans le pays sans autorisation, avec une peine pouvant aller jusqu’à quatre ans de prison. Elle évoque également la perspective d’un nouveau système de détention à l’étranger, dans le cadre duquel les demandeurs d’asile pourraient être envoyés dans un « pays tiers sûr » pendant l’examen de leur demande. Jusqu’à présent, aucun pays tiers n’a accepté d’y participer.  
Selon Mme. Patel, il s’agirait d’un système ferme mais équitable, conçu pour dissuader les personnes vulnérables de placer leur vie entre les mains de trafiquants sans scrupules. Selon le gouvernement, les demandes d’asile devraient directement être déposées là où les réfugiés se trouvent en Europe, et non au Royaume-Uni. C’est une position juridiquement douteuse. Bien que, selon le droit européen, les migrants doivent voir leur demande traitée dans la juridiction de leur arrivée, la Convention des Nations Unies sur les réfugiés de 1951 précise que les demandeurs d’asile ne doivent faire l’objet d’aucune discrimination juridique et suggère que leur entrée illégale dans un pays ne devrait pas entraîner de poursuites.

Et il y a une autre considération, plus humaine, dont les critiques disent qu’elle doit être prise en compte : aucun degré de sécurisation ne dissuadera les personnes dans le besoin attirées par la réputation du Royaume-Uni de défendre les droits de l’homme, d’offrir une protection juridique à ceux qui en ont le plus besoin, de faire respecter l’État de droit et de célébrer – et non de condamner – le multiculturalisme. C’est pourquoi les migrants ont toujours été attirés par les côtes britanniques, souvent en nombre beaucoup, beaucoup plus important que celui observé aujourd’hui. (Les arrivées ont dépassé les 100 000 par an au début des années 2000).
La différence aujourd’hui, en partie grâce à la fermeture due au COVID-19 des voies de migration ferroviaires et routières, est que leur arrivée par voie maritime est plus visible. Les gros titres sont difficiles pour les politiciens, mais les photos d’étrangers pataugeant sur le rivage sont d’un tout autre niveau. Si l’on ajoute à cela un effondrement bureaucratique au ministère de l’Intérieur – le nombre de demandeurs d’asile en attente d’une décision a doublé depuis 2014 – il n’est guère surprenant que le gouvernement britannique s’en prenne durement à lui.
La vérité, cependant, est que la situation des réfugiés au Royaume-Uni est bien moins onéreuse que celle de ses voisins les plus proches. La Grande-Bretagne se classe 17ème sur 28 pays européens en termes de demandes d’asile, avec environ un tiers de ces demandes confrontées aux autorités en France et en Allemagne. Ces statistiques masquent l’histoire humaine. Chacun d’entre eux est une personne, souvent vulnérable et fuyant les persécutions ou la pauvreté, prête à tout risquer pour un avenir meilleur et plus radieux.

 

Article traduit de Forbes US – Auteur : Alasdair Lane

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