Très tôt jeudi 24 février, le président russe Vladimir Poutine a ordonné une « opération militaire spéciale » en Ukraine. L’annonce a été immédiatement suivie par plusieurs explosions à travers l’Ukraine, propulsant le pays dans la guerre après des mois de renforcement massif des troupes russes aux frontières.
La Russie a lancé cette opération en réponse aux appels à l’aide lancés par les dirigeants séparatistes pro-russes dans l’est de l’Ukraine, a déclaré Vladimir Poutine dans un discours diffusé à la télévision russe. Selon CNN, des explosions ont été entendues à Kiev, la capitale de l’Ukraine, et dans les villes de Kharkiv et de Kramatorsk, dans l’est du pays, après le discours de Vladimir Poutine.
Le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Dmytro Kuleba, a publié un message sur Twitter dans lequel il affirme que le président russe a « lancé une invasion à grande échelle de l’Ukraine. » Dans une déclaration publiée sur son site Internet, le Service national des gardes-frontières ukrainien a indiqué que le pays était également confronté à une attaque le long de ses frontières à l’ouest par les troupes russes avec le soutien des forces biélorusses.
Dans une brève vidéo partagée sur Facebook, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a déclaré la loi martiale sur l’ensemble du territoire ukrainien tout en exhortant les citoyens du pays à ne pas paniquer.
Vladimir Poutine a appelé les Ukrainiens à déposer les armes et a insisté sur le fait qu’il ne voulait pas occuper le pays, affirmant que l’action militaire visait à « démilitariser et dénazifier » l’Ukraine. Le discours du président russe comprenait également un avertissement inquiétant selon lequel il traduira en justice « ceux qui ont commis de nombreux crimes sanglants contre des civils, y compris des citoyens de la Fédération de Russie. »
Vladimir Poutine a, par ailleurs, lancé un avertissement sévère à l’encontre de toute opposition internationale à cette initiative, déclarant que toute tentative d’entraver les actions de Moscou « ou qui créerait des menaces pour notre pays » entraînera des conséquences « jamais vues dans l’histoire. »
Dans une déclaration, le président américain Joe Biden a dénoncé les actions de la Russie et s’est engagé à imposer des sanctions supplémentaires pour cet « acte d’agression inutile » contre l’Ukraine. « Le président Poutine a choisi une guerre préméditée qui entraînera des pertes de vies et des souffrances humaines catastrophiques », a déclaré Joe Biden. « La Russie est seule responsable de la mort et de la destruction que cette attaque entraînera, et les États-Unis et leurs alliés et partenaires répondront de manière unie et décisive. »
Dans une déclaration publiée à l’issue d’un appel avec Volodymyr Zlensky, Joe Biden a déclaré : « J’ai condamné cette attaque non provoquée et injustifiée des forces militaires russes. Je l’ai informé des mesures que nous prenons pour rallier la condamnation internationale… Demain, je rencontrerai les dirigeants du G7, et les États-Unis ainsi que nos alliés et partenaires imposeront des sanctions sévères à la Russie ».
Vladimir Poutine a lancé cette attaque au cours d’une réunion d’urgence du Conseil de sécurité de l’ONU à New York, convoquée pour traiter la crise ukrainienne. Sergiy Kyslytsya, ambassadeur de l’Ukraine auprès des Nations Unies, a dénoncé les actions de la Russie dans un discours enflammé : « Il n’y a pas de purgatoire pour les criminels de guerre. Ils vont directement en enfer ». L’ambassadeur russe Vasily Nebenzya, qui préside actuellement le Conseil de sécurité, a répondu en niant que la Russie ait déclaré la guerre, insistant sur le fait que l’« opération militaire spéciale » de Vladimir Poutine est en quelque sorte distincte d’une guerre.
Peu avant que le président russe n’annonce l’invasion, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a lancé un dernier appel à la paix dans un discours prononcé tard dans la nuit. Le président ukrainien a déclaré avoir tenté de contacter son homologue russe, mais le Kremlin n’a pas répondu.
La Russie et l’Ukraine entretiennent des relations tendues depuis 2014, date à laquelle la Russie a envahi et annexé la péninsule ukrainienne de Crimée, une région dont les 2,4 millions d’habitants sont majoritairement d’origine russe. Des troupes et du matériel militaire russes ont également été déployés il y a huit ans pour soutenir les séparatistes du Donbass, une région d’Ukraine frontalière de la Russie, bien que le Kremlin ait officiellement nié toute participation au conflit. En décembre, la Russie a déplacé environ 100 000 soldats près de sa frontière avec l’Ukraine, un nombre qui, selon les États-Unis, est passé à plus de 150 000 personnes la semaine dernière, ce qui incite la Maison-Blanche à avertir que la Russie pourrait lancer une attaque injustifiée présentant l’Ukraine comme l’agresseur.
Les violations du cessez-le-feu dans le Donbass sont devenues plus fréquentes la semaine dernière, une tendance que les responsables américains considèrent comme une tentative de la Russie de créer un prétexte à la guerre. Lundi 21 février, Vladimir Poutine a déclaré que la Russie reconnaissait l’indépendance des régions ukrainiennes de Donetsk et de Lougansk, partiellement contrôlées par les séparatistes, et a accusé l’Ukraine d’agression militaire, un geste que la Maison-Blanche a qualifié de prélude probable à une invasion. Le Kremlin a rejeté les inquiétudes concernant une invasion russe de l’Ukraine en les qualifiant de « folie et d’alarmisme. » Les responsables américains et européens ont cherché une solution diplomatique à la crise, mais la Russie a continué à faire pression pour que l’Ukraine ne puisse pas rejoindre l’OTAN, une demande que les États-Unis et leurs alliés n’ont pas acceptée.
Le début de l’offensive russe en Ukraine a suscité de nombreuses réactions à l’internationale. Jusqu’à présent, les réponses des États-Unis et de leurs alliés à l’agression russe sont allées de la fourniture d’armes au gouvernement de Kiev à l’arrêt de l’activation de Nord Stream 2, un gazoduc de 11 milliards de dollars reliant la Russie à l’Allemagne, une décision qui menace de priver la Russie de dizaines de milliards de dollars de revenus grâce au gaz naturel. L’OTAN a annoncé le 24 janvier que les États membres avaient envoyé des navires et des avions de chasse en Lituanie et en Bulgarie en réponse à la crise. Bien que des troupes américaines aient été déployées chez des alliés de l’OTAN en Europe de l’Est, Joe Biden a exclu la possibilité de déployer des troupes américaines pour défendre l’Ukraine ou pour évacuer des Américains, affirmant qu’un affrontement entre les troupes américaines et russes déclencherait « une guerre mondiale. »
Article traduit de Forbes US – Auteurs : Joe Walsh et Zachary Snowdon Smith
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