La Russie arrête un journaliste américain soupçonné d'espionnage pour le compte du gouvernement américain

Evan Gershkovich, citoyen américain et correspondant du Wall Street Journal, a été arrêté en Russie pour soupçon d’espionnage, a rapporté jeudi l’agence de presse russe Interfax, l’accusant d’espionner pour le compte du gouvernement américain, alors que les tensions entre Washington et Moscou s’intensifient.

Faits marquants

M. Gershkovich a été arrêté à Iekaterinbourg, a déclaré jeudi le Service fédéral de sécurité russe, ajoutant qu’il était « soupçonné d’espionnage pour le compte du gouvernement américain ».
Le journaliste, qui travaille pour le bureau moscovite du Journal, « recueillait des informations sur une usine de défense russe qui constituent un secret d’État » et « agissait sur ordre des États-Unis », a affirmé le FSB dans un communiqué, précisant qu’il avait été arrêté « alors qu’il tentait d’obtenir des informations secrètes ».
Le gouvernement russe a ouvert une procédure pénale à l’encontre de M. Gershkovich, qui risque jusqu’à 20 ans de prison, selon Interfax.
Gershkovich travaille au Journal depuis janvier 2022, selon son compte Twitter, et a travaillé auparavant pour l’Agence France-Presse, le Moscow Times et en tant qu’assistant de presse pour le New York Times.
Le Journal a déclaré dans un communiqué qu’il « est profondément inquiet pour la sécurité de M. Gershkovich », et l’ambassade des États-Unis en Russie n’a pas encore répondu à une demande de commentaire.

Critique intéressante

D’autres correspondants de presse en Russie ont dénoncé l’arrestation de M. Gershkovich sur Twitter jeudi, le journaliste du Guardian Pjotr Sauer le décrivant comme un « journaliste tout à fait professionnel » et affirmant qu’il avait été arrêté sur la base d’« accusations d’espionnage complètement bidon ». « Le journalisme n’est pas un crime. Les allégations sont ridicules », a tweeté Polina Ivanova, journaliste au Financial Times, et Eva Hartog, journaliste à Politico, a déclaré : « Je connais Evan depuis son premier jour en Russie, il y a de nombreuses années, et c’est du grand n’importe quoi, c’est horrifiant ».

Contexte clé

L’arrestation de M. Gershkovich intervient alors que les tensions entre les États-Unis et la Russie se sont accrues ces derniers mois, le gouvernement Biden ayant renforcé son soutien à l’Ukraine et ayant continué à appliquer de nouvelles sanctions et mesures contre la Russie. Le président américain Joe Biden s’est rendu à Kiev en février et a déclaré que les États-Unis aideraient l’Ukraine « aussi longtemps qu’il le faudra », critiquant la Russie et le président Vladimir Poutine, qui a répliqué à ses commentaires en déclarant que M. Biden et d’autres dirigeants occidentaux « ont l’intention de transformer un conflit local en une phase de confrontation mondiale ». Les États-Unis ont également défié la Russie après qu’un avion de chasse russe est entré en collision avec un drone américain au-dessus de la mer Noire au début du mois de mars, abattant l’appareil américain dans une action que l’armée américaine a qualifiée de « dangereuse et non professionnelle ». Moscou a qualifié le vol du drone de « provocation » de la part des États-Unis et a dénoncé « l’activité inacceptable de l’armée américaine à proximité de nos frontières », ce qui a encore accru les tensions.

Tangente

La détention de M. Gershkovich en Russie intervient moins de quatre mois après le retour aux États-Unis de la joueuse de la WNBA Brittney Griner, qui avait passé dix mois en captivité en Russie. Brittney Griner avait été arrêtée en février 2022 pour possession de drogue et contrebande à cause d’une petite quantité d’huile de cannabis trouvée par les douaniers à l’aéroport de Moscou. Le gouvernement Biden a procédé à un échange de prisonniers, amenant la Russie à libérer la joueuse de basket-ball en échange de la libération par les États-Unis du marchand d’armes russe Viktor Bout. Un deuxième prisonnier américain, Paul Whelan, se trouve toujours en Russie après avoir été arrêté en 2018 pour soupçon d’espionnage.

Article traduit de Forbes US – Auteure : Alison Durkee