Avec l’entrée en vigueur de l’IA Act, il est légitime de se demander si nous, Européens, avons choisi la meilleure voie entre encadrement et progrès technologique. La volonté de réguler est louable mais peut aussi complexifier le rapport des entreprises à l’IA. Il importe de trouver un juste équilibre pour tirer profit du potentiel de cette technologie tout en respectant la règlementation.
Une contribution d’expert par Faïza Boufroura, Directrice Data & Analytics chez AAA Data
L’IA Act : un cadre règlementaire pour une meilleure prévention
Sans revenir en détail sur l’IA Act, rappelons que sa mission principale est de réguler les usages de l’IA selon les risques qu’ils peuvent poser, et ceci dans un cadre éthique. Cela implique aussi une plus grande transparence des résultats pour garantir la confiance des utilisateurs et prévenir les abus. Les bases sont posées et à première vue, une telle avancée demande de cibler et de comprendre avec précision les process internes autour de l’IA. Les principes de qualité, de traçabilité et de fiabilité sont clairement mis en avant ici, sans pour autant être véritablement nouveaux. Le changement réside dans la posture que les entreprises doivent désormais adopter vis-à-vis de l’IA : plus responsable, plus mesurée. Sans parler d’une défiance prononcée envers cette technologie, il y a comme un devoir de réserve qui empêche de basculer dans l’innovation à outrance. Et si cette contrainte apparente était justement le socle d’une innovation plus fiable et durable ?
Aujourd’hui, les entreprises affichent des stades de maturité bien différents quant à l’usage de l’IA. Quand certaines ont d’ores et déjà trouvé la bonne formule avec les bons jeux de données, d’autres peinent à problématiser l’IA au sein de leur structure. Les effets peuvent être nuls voire contreproductifs, ouvrant la porte aux dérives. L’IA Act vient en réalité souligner un point central : la protection de nos modèles d’IA. Pourquoi ? Parce que les risques de désinformation et les cyberattaques en lien avec l’IA deviennent légion. La sécurité des modèles est donc primordiale, et à plus forte raison quand une entreprise manipule des données sensibles. Cela signifie renforcer la protection de son infrastructure numérique tout en testant continuellement l’IA.
La gouvernance des données comme avantage concurrentiel
Et si on vous disait que réglementer, structurer et définir des limites pouvaient en fin de compte être bénéfique à l’activité de l’entreprise ? Par-là, on entend surtout mettre en place des normes et procédures rigoureuses (outils dédiés, tableaux de bord) pour surveiller la qualité des données en continu, de leur collecte à leur utilisation au sein d’une IA. Autrement dit, la gouvernance des données. Concrètement, cela signifie minimiser l’exploitation abusive des données personnelles au sein des modèles et tenir compte des biais potentiels selon les jeux de données utilisés.
En adoptant ces pratiques et en misant sur la transparence, les entreprises pourront non seulement se conformer aux exigences de qualité et de traçabilité des données, mais aussi optimiser leurs décisions et renforcer la confiance des clients et partenaires. L’innovation suivrait donc un chemin plus défini sans que le processus soit, pour autant, marqué par la contrainte. Voilà les contours d’une gouvernance efficace où l’IA pourrait déployer son potentiel tout en protégeant les droits des individus et en évitant les abus. En somme, la gouvernance des données n’est pas un luxe ou un chantier accessoire, mais bien un levier stratégique majeur.
La sensibilisation à l’IA, l’autre priorité des entreprises
A l’heure actuelle, les actions de sensibilisation semblent être quelque peu galvaudées ; comme si on avait affaire à un concept valise dont on peinerait à voir les vrais bénéfices. Pourtant, et dans le cadre de l’IA, sans une bonne sensibilisation, la peur et les a priori prennent rapidement le dessus. L’appréhension de la technologie est donc mauvaise, et les impacts sur le business peu probants. On sait que la pénurie de compétences tech est un vrai défi, alors autant miser sur le développement de ses équipes pour qu’elles soient rapidement « IA ready ».
La formation est un levier majeur pour préparer ses employés aux défis de l’IA et percevoir cette dernière comme un moyen d’augmenter leur efficacité et non tel un concurrent direct. En investissant sur une plus grande acculturation des équipes, l’adhésion à l’IA s’en trouve grandement améliorée. Former, c’est transformer. Une entreprise qui investit dans ses talents aujourd’hui sera celle qui innovera demain. Cela permettra aussi à l’entreprise d’être plus résiliente et compétitive si les politiques de régulation de l’IA se multiplient.
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