Au cours des derniers mois, les acteurs du bâtiment ont bien compris que le principal défi est désormais environnemental. Dans un contexte où les réponses aux enjeux climatiques ne peuvent plus attendre, le numérique n’est plus une option.
Une contribution de Nicolas Fischer, Directeur du Développement chez Stereograph
Encouragés par des décrets qui accélèrent la normalisation de méthodologies plus vertueuses et la mise en place d’un jumeau numérique au service du patrimoine physique, la plupart des acteurs du secteur immobilier se sont mis au diapason. La transformation s’est fortement accélérée. En 2023, le jumeau numérique et son usage en exploitation ont gagné en traction. L’asset digital du bâtiment est en effet davantage utilisé par les métiers pour garantir des usages qui répondent aux objectifs des propriétaires. L’an dernier, nous sommes passés de déploiement sur site à des déploiements à échelle patrimoniale. Finis les essais. Place aux choses sérieuses.
Se faisant, nous avons pu observer des améliorations notables au niveau de l’interopérabilité des systèmes, du traitement et de l’exploitation des données. Les métiers du numérique s’accordent mieux. L’unification des différents systèmes se fait au travers d’un Building Operating System, agissant comme une colonne vertébrale qui traverse tous les systèmes pour traiter les informations de masse efficacement. Dans cette démarche, des formats mieux adaptés, tels que le GLTF, permettent d’exploiter la donnée dans tous les univers. Nous avions créé en 2023 le 1er acte de propriété digital d’un jumeau Numérique pour une Foncière. Cet acte de propriété, appelé SmartContract, se trouve dans une blockchain. Décentralisé et sécurisé, il contient non seulement toutes les informations liées à l’actif, mais donne également la possibilité à son propriétaire de monétiser la réplique numérique en tant que tel s’il le désire.
Ainsi en 2023, les process et métiers autour de la gestion des données du bâtiment se sont précisés et normalisés.
La tendance démontre plus largement que les fonctionnalités du jumeau numérique évoluent. Si l’asset numérique était initialement recherché par les experts en facility management pour la gestion des installations, les utilisateurs se sont récemment élargis pour toucher un plus grand nombre d’acteurs, dont les grands propriétaires et les gestionnaires de bâtiments. En effet, le jumeau numérique s’adapte désormais aux différents métiers.
Abordant 2024 et ce qu’elle augure, impossible de passer à côté du sujet qui est sur toutes les lèvres. L’année écoulée l’a prouvé et la nouvelle emboîte le pas. Longtemps murmuré, il est désormais au cœur de tous les débats. La gestion immobilière du bâtiment n’est pas épargnée. Le climat a enfin pris sa place. À ses côtés, la donnée demeure son meilleur allié. Et l’IA bouscule le marché.
Les prédictions pour le secteur immobilier s’accordent sur une vision où le jumeau numérique permet de suivre les données liées à la décarbonisation et s’adapte pour répondre aux contraintes RSE. En effet, l’ensemble des leaders de l’immobilier et de la construction s’engagent pour une généralisation de la rénovation et de la réhabilitation bas carbone. Toutes les classes d’actifs sont concernées, mais nous observons une intensification particulière au sein des catégories d’actifs qui requièrent une transformation plus approfondie, également motivée par les normes gouvernementales (centres commerciaux, actifs tertiaires accueillants du public, ou espaces hybrides…). Le jumeau numérique est destiné à devenir incontestablement l’élément clé pour relever les défis liés à l’excellence opérationnelle, à la transition durable des actifs et à la valorisation financière.
Cependant, cela ne pourra pas se faire au détriment de la profitabilité. Pour permettre au jumeau numérique de réussir dans sa mission, les gains associés devront être mis en face de chaque fonctionnalité. Les experts du numérique devront faire preuve d’innovation pour apporter des réponses concrètes sur les retours sur investissement et convaincre leurs interlocuteurs d’aller encore plus loin dans leur transformation.
Par ailleurs, la généralisation de l’IA a bousculé le secteur de l’immobilier, permettant d’accroître la liquidité des actifs. Grâce à l’IA, le jumeau numérique, source de vérité de l’ensemble des données, est encore plus augmenté en capitalisant sur les nouvelles opportunités offertes par l’IA. Les domaines de la gestion d’actifs, de la commercialisation et de l’investissement immobilier sont impactés par ces nouvelles opportunités.
Espérons que 2024 soit propice à une transformation vertueuse du bâtiment. Le souhait le plus sincère est qu’il parvienne à relever haut la main le défi de créer un impact positif et durable pour la planète et ses occupants.
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