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Jeff Bezos fait un nouveau don de 110 millions de dollars pour aider les sans-abris

Bezos
Lauren Sanchez et Jeff Bezos assistent à la soirée d'ouverture de « Sunset BLVD » au St James Theater le 20 octobre 2024 à New York. Getty Images

Ces subventions arrivent dans un contexte marqué par une hausse du nombre de sans-abri aux États-Unis, en particulier parmi les familles.

 

Jeff Bezos, fondateur d’Amazon et troisième fortune mondiale, ainsi que sa compagne Lauren Sánchez, ont annoncé un nouveau financement de 110,5 millions de dollars. Cette somme sera allouée à des organisations à but non lucratif œuvrant pour éradiquer le sans-abrisme chez les familles, dans le cadre de l’initiative Day 1 Families Fund, a précisé l’organisation mardi.

Ce septième cycle annuel de subventions du Day 1 Families Fund octroie des montants allant de 425 000 à 5 millions de dollars à 40 organisations réparties dans 23 États, qui viennent en aide aux familles sans abri. Parmi les bénéficiaires, Welcome House, dans le Kentucky, et le Jenesse Center, à Los Angeles, recevront chacun 2,5 millions de dollars, tandis que d’autres bénéficiaires récurrents, comme Family Gateway à Dallas, se voient attribuer une subvention de 2,5 millions de dollars cette année, après avoir reçu 2,75 millions de dollars en 2019. À ce jour, Bezos a distribué 749 millions de dollars des 2 milliards promis en 2018 dans le cadre du Bezos Day One Fund, destinés à soutenir les familles en situation de précarité. Avec ces nouveaux dons, le total des contributions de Bezos atteint environ 3,5 milliards de dollars, un montant équivalent à celui qu’il a récolté en vendant une partie de ses actions Amazon ce mois-ci (avant impôts).

« Aucun enfant ne devrait avoir à dormir dehors, et c’est un honneur de soutenir le travail exceptionnel de ces organisations », a déclaré Jeff Bezos, dont la fortune, estimée à 220 milliards de dollars, atteint un niveau record. Sa compagne et fiancée, Lauren Sánchez, a souligné : « Avec la hausse du nombre de sans-abri, il n’a jamais été aussi crucial de soutenir les personnes et les organisations qui changent les choses. »

D’après la National Alliance to End Homelessness, plus d’un million de personnes aux États-Unis ont connu le sans-abrisme pour la première fois en 2023. Le nombre total de personnes sans logement a augmenté de 12 % par rapport à l’année précédente, marquant la plus forte hausse depuis le début du suivi des données par l’organisation en 2007. Les familles sont particulièrement touchées, représentant désormais près d’un tiers de la population sans-abri du pays. Selon le U.S. Interagency Council on Homelessness, cette situation est principalement due à la hausse du coût du logement et au manque de logements abordables, des facteurs aggravés par la pandémie et la suppression des mesures de soutien mises en place pendant cette période.

 

Le Day 1 Families Fund : un soutien concret pour les familles sans abri

Pour répondre à ces défis urgents, le Day 1 Families Fund finance principalement des organisations qui fournissent des solutions d’hébergement d’urgence ou temporaire à des familles en difficulté. Ces organisations accompagnent souvent les familles dans leur transition vers un logement supervisé, tout en les aidant à augmenter leurs revenus, afin qu’elles puissent, si elles le souhaitent, accéder à un logement permanent.

Ellen Magnis, PDG de Family Gateway à Dallas, a utilisé la subvention du Day 1 Families Fund reçue en 2019 pour soutenir des familles, souvent des mères célibataires travaillant à l’heure sans congés maladie payés, en leur proposant des alternatives temporaires aux refuges d’urgence souvent saturés et coûteux à construire, telles que des chambres d’hôtel. Pendant leur séjour en hébergement temporaire, l’organisation aide ces familles à trouver un logement permanent et prend en charge les frais initiaux, comme le dépôt de garantie et les deux premiers mois de loyer. Ellen Magnis indique que la subvention de cette année sera utilisée pour faire face à l’« augmentation significative » de la demande post-pandémique.

Michael Goze, PDG de l’American Indian Community Development Corporation (AICDC), une organisation à but non lucratif basée à Minneapolis spécialisée dans l’achat et le développement de logements abordables pour les populations autochtones sans abri, a bénéficié l’année dernière d’une subvention de 5 millions de dollars du Day 1 Families Fund. Grâce à ce financement, l’association a pu étendre ses activités et acquérir sept appartements supplémentaires de trois chambres. L’AICDC soutient les résidents de ses logements, parmi lesquels des victimes de violences domestiques, une mère célibataire employée à l’université, et une famille dont le précédent domicile a été détruit par un incendie. Ces résidents sont accompagnés par des gestionnaires de cas et des conseillers financiers dans le cadre d’un programme de cinq ans visant à augmenter leurs revenus et à leur permettre d’accéder à un logement permanent et stable.

 

La philanthropie joue un rôle essentiel pour pallier les défaillances du système

« Bezos confie son argent à ceux qui sont en première ligne, qui affrontent le problème au quotidien. Je pense qu’il n’y a pas de meilleure source pour comprendre comment provoquer le changement que les personnes directement impliquées dans cette lutte », déclare Goze.

D’autres estiment que la solution ne réside pas seulement dans l’aide au relogement des familles, mais dans une approche plus profonde, visant à s’attaquer aux causes structurelles du sans-abrisme, comme l’augmentation des salaires et la réduction des loyers.

« C’est un pansement sur un problème structurel, bien qu’il s’agisse d’un très bon pansement en attendant une législation adéquate pour augmenter les salaires et renforcer les protections des locataires », déclare Omar Ocampo, chercheur à l’Institute for Policy Studies, un groupe de réflexion progressiste basé à Washington. M. Ocampo a coécrit un rapport critiquant les milliardaires et investisseurs fortunés pour leur rôle dans l’aggravation de la crise du logement abordable. Selon lui, leurs investissements massifs dans l’immobilier, souvent orientés vers des projets haut de gamme, des locations à court terme ou des placements, contribuent à l’augmentation des loyers et à la vacance des logements. « Les milliardaires ont peu d’incitations à construire des logements abordables à une échelle suffisante pour faire baisser les prix », ajoute-t-il.

Il a suggéré de privilégier les dons à des initiatives de logement communautaire, comme les fiducies foncières communautaires, qui empêchent la revente des propriétés à des fins lucratives et constituent une destination fréquente des subventions de MacKenzie Scott. Il a également insisté sur l’importance de soutenir des réformes législatives renforçant les droits des travailleurs et des locataires, afin de leur permettre d’accéder à un logement sans dépendre de l’aide philanthropique.

Avec la perspective d’une deuxième administration Trump, une réduction des réglementations sur le logement et le développement immobilier, ainsi que des allègements fiscaux pour les ultra-riches, pourrait encourager une plus grande philanthropie de la part des milliardaires, selon M. Ocampo. Jeff Bezos, dont les principales initiatives philanthropiques passent par le Bezos Day One Fund et le Bezos Earth Fund, axé sur le climat, n’est pas seul à s’engager pour le logement et les sans-abri, bien que cette cause ne soit pas prioritaire pour la plupart des milliardaires. Son ex-épouse, MacKenzie Scott, est l’une des plus grandes donatrices en faveur du logement abordable, ayant versé près de 2 milliards de dollars à des organisations à but non lucratif, dont plusieurs fonds fonciers communautaires. D’autres figures de la tech et de la finance se sont également mobilisées.

En 2019, Marc Benioff, PDG de Salesforce, a fait don de 30 millions de dollars pour financer des recherches sur le sans-abrisme à l’université de San Francisco. Plus récemment, il a offert 180 hectares de terrain à un promoteur de logements abordables à Hawaï, où il réside et où le gouverneur a déclaré la crise du logement comme état d’urgence. Charles Schwab, géant du courtage, a quant à lui offert 65 millions de dollars en 2020 pour construire des logements supervisés à San Francisco. Dans un contexte marqué par la crise du logement abordable et la hausse continue du nombre de familles sans abri, ce type de philanthropie pourrait prendre de l’ampleur dans les années à venir.

 

Un article de Phoebe Liu pour Forbes US – traduit par Lisa Deleforterie


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