Une grande partie de l’Australie reste sous vigilance météorologique renforcée alors que le pays connaît les pires inondations jamais observées depuis plus de 50 ans. C’est la seconde catastrophe naturelle qui touche l’Australie en deux ans. L’année dernière, des incendies de forêt avaient dévasté une grande partie du pays. Ces différents événements ravivent les craintes concernant le changement climatique, mais le gouvernement se refuse toujours à le reconnaître.
Les inondations ont débuté la semaine dernière, mais la situation s’est aggravée durant le week-end. Selon CNN, certaines des régions les plus touchées ont enregistré des précipitations cinq fois supérieures à la moyenne du mois de mars en l’espace de quatre jours seulement. Depuis jeudi dernier, près de 889 millimètres de pluie sont tombés dans certaines régions, et le New South Wales’ Rural Fire Service (brigades incendie de la Nouvelle-Galles du Sud, NDLR) a déclaré lundi que certaines zones touchées ressemblaient à des « mers intérieures. »
Les pluies diluviennes qui se sont abattues sur le pays, à la suite du choc entre deux systèmes météorologiques différents, ont jusqu’à présent provoqué l’évacuation d’environ 18 000 personnes. L’épisode pluvieux est loin d’être terminé. L’Australia’s Bureau of Meteorology (BOM, Bureau australien de météorologie, NDLR) a indiqué dans un communiqué lundi que dix millions de personnes dans presque tous les États et territoires australiens étaient encore sous le coup d’une alerte météorologique.
Justin Robinson, responsable national des services d’inondations du BOM, a déclaré que les précipitations avaient provoqué des « inondations historiques à l’échelle de l’État », comme l’Australie n’en avait pas connu depuis 1961. Selon la chaine australienne ABC News, en raison des fortes précipitations, le barrage de Warragamba en Nouvelles-Galles du Sud déverse chaque jour 450 milliards de litres d’eau, soit une quantité d’eau comparable à celle du port de Sydney.
Ces inondations et ces pluies diluviennes interviennent un an seulement après que l’Australie a été frappée par des incendies dévastateurs, alors que les conditions météorologiques extrêmes et les effets du changement climatique continuent de menacer le continent. « Après avoir traversé trois ou quatre incidents qui ont changé votre vie les uns après les autres, vous pouvez avoir l’impression d’être au point de rupture », a déclaré Gladys Berejiklian, Première ministre de la Nouvelles-Galles du Sud, lors d’une conférence de presse lundi. La communauté scientifique du pays hésite à établir un lien direct entre les précipitations et le changement climatique. Par ailleurs, le New York Times observe que le gouvernement conservateur australien évite de relier les deux évènements. Les experts ont toutefois déclaré que le réchauffement climatique a très probablement aggravé la situation météorologique. Le professeur Steve Sherwood, du Centre de recherche sur le changement climatique de la University of New South Wales, a affirmé au Guardian qu’environ 5 à 10 % des précipitations actuelles pouvaient être attribuées au changement climatique et que « le reste se serait produit de toute façon. »
Selon le rapport State of the Climate 2020 (état du climat en Australie pour l’année 2020, NDLR), le changement climatique devrait provoquer « des épisodes de fortes pluies plus intenses et de courte durée. » Une étude de 2017 publié dans le journal Nature suggère quant à elle que les fortes averses devraient être entre 11 et 30 % plus intenses si les températures en Australie enregistraient une augmentation de 2 °C.
Le gouvernement australien a été critiqué pour avoir augmenté sa production d’énergies fossiles au lieu de prendre de mesures plus fermes contre le changement climatique. Selon un rapport de 2019, l’Australie est le troisième plus gros exportateur d’énergies fossiles derrière la Russie et l’Arabie Saoudite. Dans une lettre ouverte de novembre 2020, 14 dirigeants de nations insulaires du Pacifique ont critiqué l’approche du gouvernement australien en matière de changement climatique : « Parmi les nations riches, l’objectif actuel de réduction des émissions de l’Australie, prévu par l’Accord de Paris, est l’un des plus faibles ».
Les fortes pluies devraient se poursuivre jusqu’à mercredi, ont indiqué les autorités australiennes, mais les inondations ne devraient pas s’arrêter après cette date en raison du débordement de nombreuses rivières. Le BOM a déclaré s’attendre à ce que les cumuls de précipitations « absolument incroyables » se poursuivent dans le pays, prévenant qu’il pourrait y avoir jusqu’à un mètre de précipitations dans certaines régions.
Article traduit de Forbes US – Auteure : Alison Durkee
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