En Ukraine, la Russie a fait exploser un train à destination de la World Central Kitchen, une ONG fondée par le chef José Andrés. Le convoi était destiné aux familles ukrainiennes dans le besoin.
Une douzaine de palettes de viande, deux palettes de légumes frais, trois palettes de fruits, du poisson, des pâtes, de la farine de sarrasin et du sucre… Toutes ces denrées alimentaires étaient destinées aux familles ukrainiennes dans le besoin. Tout a été détruit.
Mercredi 15 juin, près de Donetsk, un missile russe a frappé un train transportant 34 palettes de denrées alimentaires destinées à être distribuées par la World Central Kitchen, l’ONG fondée par le chef José Andrés. Le convoi n’est jamais arrivé à destination, mettant à nouveau en lumière la manière dont la Russie cible l’approvisionnement en denrées alimentaires alors que l’Ukraine lutte pour sa survie.
Russian missile blew up our @WCKitchen food train in Eastern Ukraine… Nobody hurt thankfully…but they are now hitting train infrastructure hard! Only 1 wagon of food fully lost, will save the rest! This won’t stop us—our amazing Ukrainian WCK teams will keep feeding the people! pic.twitter.com/cRlIdyTkXg
— José Andrés (@chefjoseandres) June 15, 2022
« L’infrastructure ferroviaire, qui était relativement épargnée au début de la guerre, est désormais une cible prioritaire », a déclaré à Forbes le directeur exécutif de la World Central Kitchen, Nate Mook. « C’est devenu une bataille aux dépens des populations civiles et de leur approvisionnement alimentaire. »
De retour à Washington après 120 jours passés sur le terrain en Ukraine à nourrir les civils de Kiev et d’Odessa, Nate Mook explique que les attaques contre les trains se multiplient alors même que les chemins de fer sont devenus l’un des principaux moyens de transport de denrées alimentaires en raison du blocus russe en mer Noire. Les diplomates russes tentent actuellement de négocier l’assouplissement des sanctions en échange d’un corridor sûr pour l’exportation des produits agricoles essentiels comme le blé et l’huile de tournesol. L’exportation de ces produits est primordiale : les foyers de famine se multiplient dans le monde. Le timing est important. En Afrique de l’Est, une personne est susceptible de mourir de faim extrême toutes les 48 secondes, selon un rapport publié en mai dernier par Oxfam.
« Il semble que la Russie n’ait aucun intérêt à laisser une partie des denrées alimentaires quitter l’Ukraine », affirme Nate Mook. « Ils essaient de faire du chantage au monde en disant : “Nous allons faire mourir de faim des gens dans le monde entier si vous n’assouplissez pas les sanctions”. »
Selon le gouvernement ukrainien, les troupes russes ont récemment tiré des missiles sur de silos de grains et détruit des infrastructures ferroviaires destinées au transport de céréales. Les soldats russes ont également volé près de 500 000 tonnes de céréales dans les zones occupées et ont tenté de les vendre sur le marché international, toujours selon le gouvernement ukrainien. Avec les denrées alimentaires comme cible, Nate Mook se dit préoccupé par les 4300 volontaires de la World Central Kitchen en Ukraine.
« Nous devons partir du principe que nous serons visés, même si nous ne participons pas aux combats », explique Nate Mook.
Actuellement, l’on estime que 20 millions de tonnes de céréales sont bloquées dans les silos de grains de l’Ukraine. La diminution de l’offre contribue à la hausse des prix. Une grande partie de ces céréales aurait été exportée vers des pays d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient. Alors que la récolte du blé commence à la fin du mois, il faut davantage d’espaces de stockage. Dans le cas contraire, de nombreuses céréales risquent de pourrir pendant que des dizaines de millions de personnes meurent de faim dans le monde.
Si la Russie ne lève pas son blocus des ports en mer Noire, où transitent généralement près de 30 % des céréales exportées dans le monde, l’Ukraine ne pourra exporter que deux millions de tonnes de céréales par mois, soit un tiers de ses capacités d’avant-guerre. En outre, même si la Russie lève le blocus, de nombreux ports sont truffés de mines, placées par les soldats russes et ukrainiens. Il faudrait encore les déminer avant que les navires puissent passer en toute sécurité.
Article traduit de Forbes US – Auteure : Chloe Sorvino
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