Alors que le paysage politique évolue aux États-Unis avec l’administration Trump-Musk, l’une des conséquences les plus immédiates et profondes sera la réduction du gaspillage gouvernemental. Cette diminution des milliards de dollars gaspillés ne se traduira pas seulement par des économies budgétaires, mais entraînera également des suppressions d’emplois, en particulier au sein de l’administration et des services sociaux.
Le gouvernement américain et les services sociaux ayant été parmi les principaux moteurs de l’emploi ces cinq dernières années, ce bouleversement soulève une question cruciale : où seront créés les nouveaux emplois ?
Depuis longtemps, le marché du travail américain repose sur l’innovation du secteur privé, notamment l’entrepreneuriat, pour créer des emplois. L’an dernier, l’indice S&P 500, qui représente environ 28,3 millions d’emplois, a subi une perte nette de 48 000 postes. Pourtant, un groupe de 45 entreprises entrepreneuriales a généré 64 000 emplois, tandis que les 455 autres ont supprimé 122 000 postes. Ce constat met en évidence une réalité essentielle : sans la dynamique des entreprises innovantes, les suppressions de postes dans les grandes sociétés auraient été encore plus marquées.
L’externalisation des emplois accentue encore les défis du marché du travail américain. De nombreuses grandes entreprises, bien qu’affichant une croissance de leurs effectifs, recrutent davantage à l’étranger qu’aux États-Unis. Accenture en est un exemple frappant : ce géant du conseil, autrefois basé aux États-Unis et désormais en Irlande, a vu ses effectifs passer de 624 000 à 799 000 employés en trois ans. Présent dans plus de 120 pays, il est probable qu’une faible part de ces créations d’emplois ait bénéficié au marché américain. Face à cette tendance croissante, les perspectives d’emploi aux États-Unis s’assombrissent, à moins de réformes économiques et politiques significatives.
Les données économiques mettent en lumière un contraste saisissant entre les entreprises entrepreneuriales et les grandes structures plus bureaucratiques. Au cours des deux dernières années :
- Les entreprises entrepreneuriales du S&P 500 ont vu leur chiffre d’affaires progresser de 32 %, atteignant 1 600 milliards de dollars contre 1 200 milliards auparavant, tandis que les grandes entreprises plus traditionnelles sont restées stables, avec un léger recul de 0,2 % (de 11 580 à 11 560 milliards de dollars).
- Le BAIIDA (bénéfice avant intérêts, impôts, dépréciation et amortissement) des entreprises entrepreneuriales a bondi de 55 %, passant de 252 à 391 milliards de dollars, contre une progression limitée à 1,5 % pour les autres entreprises (de 2 185 à 2 222 milliards de dollars).
- La capitalisation boursière des entreprises entrepreneuriales a explosé de 220 %, passant de 4 200 à 13 400 milliards de dollars, tandis que les grandes entreprises ont connu une croissance plus modérée de 21,3 %, passant de 23 000 à 29 200 milliards de dollars.
Ces écarts soulignent une réalité fondamentale : la croissance économique des États-Unis repose avant tout sur l’innovation entrepreneuriale. Avec le recul des emplois dans l’administration et les services sociaux, la création d’emplois dépend désormais largement des entreprises innovantes en forte expansion. Ce constat ne relève pas seulement de l’économie, mais aussi d’une opportunité d’investissement : ces entreprises ne se contentent pas de créer plus d’emplois, elles affichent également de meilleures performances en matière de revenus, de bénéfices et de valorisation boursière.
Comment soutenir ce secteur essentiel ? La réponse réside dans le financement des entreprises à forte croissance, afin qu’elles puissent se développer. La nouvelle administration, prête à adopter des politiques favorables aux entreprises – potentiellement via des mécanismes comme un fonds souverain – offre une occasion évidente de stimuler l’expansion entrepreneuriale. Cependant, compter sur les grandes entreprises traditionnelles du S&P 500 pour mener cette dynamique n’est pas une solution viable. Leurs structures bureaucratiques et leurs modèles de croissance lente laissent présager une stagnation continue.
En définitive, pour que l’Amérique conserve son leadership économique mondial, elle doit intensifier ses efforts pour promouvoir l’esprit d’entreprise. La création d’emplois, la croissance économique et les rendements des investissements dépendront du soutien accordé à ces entreprises dynamiques, qui ont constamment démontré qu’elles étaient les véritables moteurs de l’innovation et de la prospérité.
Une contribution de Joel Shulman pour Forbes US – traduit par Lisa Deleforterie
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