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Cyréna Samba-Mayela : « Depuis l’enfance, je pense à Paris 2024 »

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Depuis sa médaille d’or aux championnats d’Europe de Rome, la hurdleuse française est très sollicitée. Mais concentrée sur son objectif des JO de Paris, elle refuse les propositions les unes après les autres. Sauf celle de Forbes France ! Entretien exclusif avec Cyréna Samba- Mayela.

Propos recueillis par Yves Derai. Un article issu du numéro 27 – été 2024, de Forbes France

 

Comment expliquez-vous votre progression fulgurante ?

CYRÉNA SAMBA-MAYELA : J’ai les JO de Paris en ligne de mire depuis que j’ai commencé l’athlétisme. Très jeune, mes entraîneurs m’ont dit : « Tu fais partie de la génération 2024. » Il y a un an, j’ai compris que j’étais encore loin du top mondial et que, pour y parvenir, il fallait que je m’en donne les moyens.

 

C’est pour cela que vous êtes partie aux États-Unis ?

C.S.M. : Avec mon équipe de management, on s’est dit qu’il fallait que je prenne les meilleurs, ceux qui arrivent à obtenir de gros résultats. Nous avons regardé les différentes équipes du plus haut niveau mondial, les coachs qui réussissaient dans la durée. John Coghlan a fait des miracles avec Jasmine Camacho-Quinn, et en très peu de temps. Elle est devenue championne olympique à Tokyo et a battu des records.

 

Comment avez-vous rejoint son groupe d’entraînement ?

C.S.M. : Je l’ai d’abord contacté par téléphone pour avoir une première discussion et voir si ça « matchait ». J’ai eu la confirmation lors de ce premier entretien qu’il partageait beaucoup de choses avec moi. Il aime la technique, il fait des recherches, il a le goût du détail. En mélangeant nos esprits, je me suis dit qu’on pouvait réaliser de grandes choses.

 

Cela veut dire que vous ne vous livrez pas aveuglément à un coach, même s’il est compétent. Vous êtes actrice de votre propre changement ?

C.S.M. : Exactement. Je ne pense pas qu’on puisse y arriver si on ne contrôle pas sa vie, si on ne sait pas ce qu’on veut. Je ne peux pas être juste l’expression de sa vision, il faut un partage, une collaboration.

 

Et vous avez opéré de grands changements techniques.

C.S.M. : À la suite du travail de mon entraîneur et de nos observations, nous avons accompli une recherche d’efficacité maximale. Par exemple, je passais trop de temps dans les airs. Il fallait réduire cela. John Coghlan m’a apporté la solution. C’est très dur de réformer une technique acquise dès sa prime jeunesse. J’ai acquis de très bons fondamentaux au sein de l’école française mais, à moment donné, il fallait franchir un nouveau cap.

 

Ça n’est pas compliqué de s’entraîner avec sa principale rivale ?

C.S.M. : Non, je n’ai pas cet ego-là. Je dirais même qu’au contraire, cela me motive d’être avec les meilleurs. Je peux observer, apprendre avec les plus grands. Je voulais être avec l’élite.

 

Être la meilleure chance française de médaille d’or en athlétisme au JO, c’est une fierté ou une responsabilité ?

C.S.M. : C’est un honneur. J’ai tout fait pour en arriver là. Je croyais en moi et maintenant, beaucoup de gens croient en moi. C’est flatteur, ça me porte.

 

En parallèle du sport de haut niveau, vous suivez un cursus d’architecture. Pourquoi ?

C.S.M. : C’est lié à ma passion très ancienne pour le dessin. Petite, j’adorais les perspectives, les structures des bâtiments. Comme le 100 mètres haies, l’architecture correspond à ce que j’aime. Le sport est ma partie concrète, corporelle, sensorielle, et l’architecture fait appel à ma créativité.

 

Vous l’abordez de manière professionnelle ?

C.S.M. : Tout à fait. Je compte bien être architecte après ma carrière d’athlète. J’ai des facilités dans ce domaine, comme dans la course de haies.

 

Vous dessinez, vous jouez du piano, de la guitare, en plus du sport de haut niveau et de l’architecture… Combien de fées se sont posées sur votre berceau ?

C.S.M. : J’aime toucher à beaucoup de choses, je suis extrêmement curieuse. Cela vient de mon éducation. Mes parents m’ont inscrite très jeune à des cours de solfège et de piano. Je me suis mise ensuite à la guitare et, quand j’aurai du temps, j’apprendrai le violon.

 

La musique vous aide dans le sport ?

C.S.M. : Oui, bien sûr. J’ai des types de musique qui m’accompagnent à différentes étapes de ma préparation. Cela va de la house au RnB en passant par la musique classique ou même le disco. Certains morceaux me conviennent pour l’échauffement, d’autres favorisent la concentration, d’autres stimulent ma combativité.

 

Vous intéressez-vous à l’aspect business de votre carrière ?

C.S.M. : Oui et je suis très bien entourée. Je sais que de nombreux athlètes n’ont pas réussi à se construire un patrimoine, moi, je veux rentabiliser mes gains. Mais comme je n’ai pas le temps de m’occuper de cela 24 h/24, j’ai des conseillers. Mais c’est moi qui prends les décisions importantes.

 

Et en ce qui concerne votre image ?

C.S.M. : Je suis très attentive à ce que mes partenaires et sponsors auxquels j’associe mon image partagent mes valeurs. Omega, par exemple, c’est l’élégance, la précision, le perfectionnisme. Adidas, c’est l’universalité, le partage…

 

L’élégance semble beaucoup compter pour vous.

C.S.M. : Oui, merci. Je suis passionnée de mode qui est d’ailleurs très proche du monde de l’art. Comme dans le sport, j’ai le souci du détail s’agissant de la manière dont je me présente au monde.

 

Dernière question : pourriez-vous participer au relais 4 x 100 mètres féminin aux JO, en plus du 100 mètres haies ?

C.S.M. : Seulement s’il y a besoin d’un remplacement de dernière minute car l’équipe de France actuelle est très compétitive. Je n’ai pas couru de 100 mètres plat depuis longtemps mais j’aime le relais qui est un sport collectif. J’en ai fait pas mal quand j’étais plus jeune. S’il faut remplacer une fille blessée au pied levé, je répondrai présente pour servir mon pays. Mais seulement dans ce cas-là.


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