Isaraël a annoncé l’imposition d’un « siège complet » à la bande de Gaza alors que plus de 800 personnes ont été tués dans le sud d’Israël depuis le déclenchement samedi d’une offensive militaire lancée par le Hamas. Il s’agit du plus grand échec des services de renseignement israéliens depuis de nombreuses années.
Au lendemain du 50e anniversaire du début de la guerre israélo-arabe de 1973 (connue en Israël sous le nom de guerre du Kippour et dans le monde arabe sous celui de guerre du Ramadan), l’attaque-surprise s’est traduite par le tir de plus de 5 000 roquettes sur des cibles en Israël et par une vaste infiltration terrestre lancée à partir de Gaza. Des portions de la clôture séparant l’étroite bande de Gaza d’Israël ont été détruites, tandis que des membres du Hamas se sont emparés du point de passage d’Erez et ont rapidement infiltré plusieurs communautés et quartiers israéliens.
Le bilan global du conflit s’élève à plus de 1 100 morts, dont au moins 700 Israéliens et 413 Palestiniens (données au 9/10/2023, 5 h 07 EDT), mais ces chiffres vont très certainement augmenter dans les heures, voire les jours à venir.
Aucune des précédentes guerres entre Israël et Gaza depuis 2008 n’a donné lieu à une infiltration aussi importante d’Israël ou à la capture d’un nombre significatif de soldats et de civils israéliens. Les images de l’attaque rappellent celles des soldats israéliens captifs il y a 50 ans. Ces images ont démoralisé le public israélien et brisé le sentiment de quasi-invincibilité qui prévalait dans le pays à la suite de la victoire éclair lors de la guerre des Six Jours de juin 1967.
Si la force combinée du Hamas et du Djihad islamique n’est guère comparable à celle des armées arabes d’il y a un demi-siècle, l’infiltration est sans précédent à bien d’autres égards. Contrairement à la guerre de 1973, les forces ennemies combattent Israël à l’intérieur des frontières de 1948 et ont enlevé des citoyens israéliens à l’intérieur du pays.
Plusieurs rapports préliminaires ont indiqué que des membres du Hamas retenaient des Israéliens en otage dans les communautés de Be’eri et d’Ofakim. Le chef adjoint du Hamas, Saleh al-Arouri, a affirmé que le Hamas avait déjà fait prisonnier « un grand nombre » d’Israéliens, y compris des « officiers supérieurs » de l’armée.
L’ampleur et la rapidité de cette attaque sont sans précédent.
Bien sûr, depuis les années 1990, des attentats suicides dévastateurs ont été perpétrés à l’intérieur des frontières israéliennes d’avant 1967, notamment le tristement célèbre massacre de la Pâque à Netanya, sur la côte israélienne, en 2002. En 1978, des militants palestiniens se sont infiltrés en Israël depuis le Liban, ont détourné un bus et tué plusieurs civils et policiers lors d’une fusillade près de Tel-Aviv dans le cadre du massacre de la route côtière, le casus belli de l’éphémère opération israélienne du Litani au Sud-Liban. Par rapport à ces deux attaques, davantage d’Israéliens ont déjà été tués depuis samedi.
Israël a été pris au dépourvu en octobre 1973, en grande partie à cause de l’orgueil démesuré des militaires qui ont précédé la guerre. Par exemple, le chef d’état-major de l’armée, avant l’attaque-surprise du 6 octobre, s’est félicité qu’Israël dispose de 100 chars sur le plateau du Golan face à 800 chars syriens. L’échec actuel d’Israël en matière de renseignement et de sécurité est dû, du moins en partie, au fait que le gouvernement de droite de Benjamin Netanyahou a sapé le contrat social vital qui sous-tend l’engagement des réservistes israéliens à servir volontairement.
Les désaccords internes seront sans doute mis de côté pour l’instant, les Israéliens s’unifiant autour de l’objectif commun d’expulser les infiltrés et de libérer les otages. Une incursion terrestre majeure dans l’étroite bande de Gaza, peut-être la plus importante depuis 2014, est probablement à l’ordre du jour. Une campagne aérienne ne sera probablement pas décisive si le Hamas et les autres groupes placent des otages israéliens comme boucliers humains dans des sites stratégiques, ce qui n’est pas improbable.
En 1980, la tentative ratée du président Jimmy Carter de sauver les otages américains détenus par des militants islamistes à l’ambassade des États-Unis à Téhéran dans le cadre de l’opération « Eagle Claw » contrastait fortement avec le sauvetage décisif par Israël de ses citoyens retenus en otage à l’aéroport d’Entebbe, en Ouganda, quatre ans plus tôt. Compte tenu de la nature différente de la prise d’otages actuelle, il semble plus probable qu’une tentative de sauvetage israélienne se traduise par une nouvelle opération Eagle Claw que par une opération Entebbe.
Si Benjamin Netanyahou a déjà libéré 1 027 prisonniers en échange du seul soldat israélien capturé, Gilad Shalit, en 2011, c’était dans des circonstances tout à fait différentes. Son gouvernement actuel n’accepterait pas un tel échange de sitôt, surtout si l’on considère le plus grand nombre de prisonniers concernés et la perspective intenable pour tout gouvernement israélien de négocier avec le Hamas après l’assaut de samedi.
Si le Hezbollah (Liban) ne s’est pas joint à l’assaut en attaquant le nord d’Israël et en ouvrant un autre front, il pourrait tenter une incursion terrestre dans la région de Galilée, comme il menace de le faire depuis des années, dans l’éventualité d’une nouvelle guerre. Tout comme le 6 octobre 1973 a déclenché une cascade d’événements qui ont eu un impact profond sur l’ensemble de la région, il en sera de même pour les événements qui se déroulent encore en ce mois d’octobre.
Article traduit de Forbes US – Auteur : Paul Iddon
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