C’est officiel : le Royaume-Uni va réintégrer les programmes phares de recherche et d’innovation de l’Union européenne, Horizon Europe et Copernicus, après en avoir été exclu pendant plus de deux ans et demi en raison du Brexit.
L’annonce de la semaine dernière met fin à des années d’incertitude pour les scientifiques britanniques, confus depuis que le pays a quitté l’UE. Mais l’accord a un coût, le Royaume-Uni acceptant de verser près de 2,6 milliards d’euros par an pour participer.
Cette somme permettra aux scientifiques britanniques d’avoir à nouveau pleinement accès aux bourses de recherche et aux réseaux de l’UE. Pour les lauréats britanniques des prestigieuses subventions du Conseil européen de la recherche (CER), cela met fin au scénario cauchemardesque qui consistait à devoir partir à l’étranger pour obtenir un financement.
Bien que la somme soit considérable, il s’agit probablement d’un prix que le Royaume-Uni était prêt à payer pour regagner de l’influence. Historiquement, les universités et les entreprises britanniques ont obtenu beaucoup plus de fonds des programmes scientifiques de l’UE que le pays n’en a investi.
L’accord permet aux chercheurs britanniques de participer pleinement à Horizon Europe à partir de janvier 2024, y compris aux appels et aux programmes de travail de cette année-là.
Pour le reste de l’année 2023, les scientifiques britanniques pourront toujours rejoindre les consortiums Horizon Europe, mais devront compter sur un financement temporaire du Royaume-Uni plutôt que sur des subventions de l’UE.
Des concessions sont également prévues en cas de participation tardive du Royaume-Uni. Si les chercheurs britanniques obtiennent beaucoup moins de subventions que la contribution du Royaume-Uni – plus de 16 % de moins – des corrections automatiques compenseront le Royaume-Uni.
Grâce à sa solide base de recherche, le Royaume-Uni devrait rapidement rattraper son retard lorsque les négociations reprendront en 2024. Mais de grandes incertitudes subsistent.
En particulier, le Royaume-Uni ne rejoindra pas Euratom, le programme de recherche nucléaire de l’UE lié à Horizon Europe. Cela signifie que les chercheurs britanniques resteront exclus d’ITER, le réacteur de fusion expérimental en cours de construction en France.
À la place, le Royaume-Uni poursuivra sa propre stratégie nationale en matière de fusion, soutenue par un financement public pouvant aller jusqu’à 650 millions de livres sterling. Mais son retrait d’ITER – où l’Europe accueille des partenaires mondiaux tels que l’Inde, le Japon, la Chine, la Russie et la Corée du Sud – pourrait porter un coup à l’influence du Royaume-Uni dans ce domaine émergent essentiel.
Cet épisode résume les tensions liées au Brexit. Tout en permettant au Royaume-Uni de tracer sa propre voie, le fait de se retirer d’initiatives européennes collaboratives clés risque également de nuire à sa science de premier plan au niveau mondial.
Avec l’association Horizon Europe enfin assurée, la science britannique a retrouvé sa place à la table des négociations. Mais comme le montre le refus d’ITER, des ponts importants ont déjà été brûlés en cours de route.
Article traduit de Forbes US – Auteur : Federico Guerrini
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