On pense souvent à tort que les ours polaires évoluent sur le continent le plus au sud de la planète, et cela frustre de nombreux scientifiques. Étant donné les similitudes entre l’Antarctique et le véritable foyer des ours polaires, l’Arctique, cette confusion est tout à fait compréhensible. Alors, pourquoi les ours polaires ne se trouvent-ils que près du pôle Nord ?
Il y a des millions d’années, les continents de la Terre étaient réunis en un seul supercontinent : la Pangée. Les animaux de l’époque pouvaient se déplacer à travers des paysages aujourd’hui séparés par d’immenses étendues d’eau. Mais lorsque la Pangée s’est morcelée, il y a environ 200 millions d’années, ce brassage des espèces a pris fin.
Il se trouve que l’ancêtre des ours polaires d’aujourd’hui a fini par se retrouver sur les continents qui sont devenus l’Europe, l’Asie et l’Amérique du Nord. Ces ancêtres ont donné naissance aux ours bruns d’Amérique du Nord il y a 1,4 million d’années, bien après la rupture de la Pangée. Ce n’est qu’un million d’années plus tard qu’une évolution albinos de l’ours brun a commencé à prospérer en Arctique, faisant de l’ours polaire un animal relativement récent dans la longue histoire de la Terre.
L’Antarctique faisait également partie du supercontinent de la Pangée, avant de dériver lentement vers le sud. Mais contrairement aux morceaux qui sont partis vers le nord, aucun ancêtre d’ours n’a pu faire le voyage vers le sud — ou du moins, aucun ancêtre n’a pu survivre au climat rude de l’Antarctique.
Grâce à des photographes animaliers comme Paul Nicklen et Cristina Mittermeier, la situation critique des ours polaires de l’Arctique été mise en lumière. Les ours polaires dépendent de l’océan gelé pour chasser leurs principales sources de nourriture : les phoques et les morses. Malheureusement, la fonte rapide des glaces en Arctique a réduit considérablement ces zones de chasse, provoquant une famine chez de nombreux ours polaires. Aujourd’hui, ces derniers sont au bord de l’extinction.
La disparition des ours polaires aux mains de la fonte des glaces a poussé certains spécialistes à suggérer une relocalisation de ces animaux en Antarctique. La quantité de glace y diminue également, mais pas aussi rapidement qu’en Arctique. Mais si l’on donne aux ours polaires un terrain solide, et non de la glace, pourraient-ils apprendre à survivre ?
S’il est vrai que l’Antarctique possède un climat approprié pour les ours polaires et de la nourriture pour eux, leur migration forcée vers le sud serait loin d’être infaillible. D’une part, l’Antarctique est largement dépourvu de prédateurs terrestres similaires à l’ours polaire. En l’absence de ces types de prédateurs, les pingouins et les phoques n’ont pas peur lorsqu’ils se trouvent au-dessus de l’eau.
En fait, les premiers explorateurs arrivés en Antarctique ont remarqué que la curiosité intrépide des pingouins, ce qui faisait d’eux une source de nourriture facile d’accès pour les explorateurs naufragés. Si les ours polaires étaient introduits en Antarctique, les pingouins seraient chassés sans difficulté et seraient en danger d’extinction. L’ours polaire risquerait en effet de s’adonner à une chasse excessive des proies antarctiques, ce qui pourrait avoir des conséquences dévastatrices pour la faune locale.
Les répercussions incertaines de l’introduction des ours polaires en Antarctique témoignent d’un problème plus vaste lié à ce type d’intervention humaine : l’inconnu. Même si les scientifiques et défenseurs de l’environnement trouvaient un moyen infaillible d’empêcher les ours polaires introduits de détruire les populations indigènes de pingouins et de phoques de l’Antarctique, les répercussions négatives pourraient être énormes.
Il existe également d’importants obstacles logistiques au déplacement des ours polaires vers l’Antarctique, puisque le continent n’est pas sous le contrôle d’un seul pays : il est géré par un traité ratifié par cinquante-quatre pays. Selon cet accord, l’introduction d’ours polaires en Antarctique nécessiterait le soutien unanime de tous les États membres. Compte tenu de la difficulté d’ajouter des zones marines protégées en Antarctique à ce jour, il est peu probable qu’un projet controversé d’introduction d’ours polaires sur le continent obtienne l’approbation unanime requise.
Le réchauffement climatique reste la cause principale de la disparition de l’ours polaire. Même si la relocalisation de ces derniers en Antarctique se faisait sans conséquences écologiques ni résistance internationale, le Continent Blanc ne serait probablement qu’un refuge temporaire pour l’espèce. Avec une couverture de glace qui diminue presque chaque année, l’Antarctique souffre lui aussi des effets du réchauffement climatique. Face à cette dure réalité, la réduction de nos émissions mondiales de gaz à effet de serre semble être le meilleur moyen de donner aux ours polaires une chance de survie.
Article traduit de Forbes US – Auteure : Liz Allen
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