L’omniprésence des robots
Les robots sont partout. Ils sont protéiformes, l’industrie de l’automobile a depuis de nombreuses années robotisé certaines tâches de peinture, de soudure, d’approvisionnement…
Qui l’eut cru… ? Si dans les années 1950, on avait posé la question : “Quels seront les premiers robots ?” La réponse aurait certainement été “un compagnon qui fait les corvées ménagères”. Mais tout ceci ne s’est pas passé de la sorte, la vision science-fiction de l’époque n’aurait pas imaginé qu’on allait d’abord faire entrer le robot dans l’entreprise plutôt que dans la maison. L’introduction s’est faite sur certaines tâches de type soudure où les bras mécaniques ont remplacé l’homme. Il s’avère que robotiser le nettoyage complet d’une maison (les vitres, la poussière…) semble extrêmement compliqué. Et si vous souhaitez en plus un lien social, tel qu’une présence, des échanges, on augmente vraiment la complexité.
Un robot c’est quoi ?
Un robot est un dispositif mécatronique (alliant mécanique, électronique et informatique) conçu pour accomplir automatiquement des tâches en imitant ou reproduisant, dans un domaine précis, des actions humaines. » Source Wikipedia.
Ce terme « imitant des actions humaines » nous interpelle. Pour imiter des actions humaines, faut-il imiter l’être humain dans son apparence ou dans ses gestes ?
Un éclaircissement sur cette question peut être apporté par les travaux du roboticien Masahiro Mori. Ce professeur chercheur en robotique à l’Institut de technologie de Tokyo (dans les années 1970) introduit avec « the Uncanny Valley (la vallée de l’étrange) », où la ressemblance humaine peut avoir des conséquences importantes dans la relation entre l’humain et le robot.
Créer des robots qui nous ressemblent soulève rapidement des questions d’éthique, mais aussi d’acceptation. L’anthropomorphisme ou le mimétisme peuvent créer des situations de malaise et d’inconfort.
Comprendre et apprendre de la vallée de l’étrange
Selon les travaux du roboticien, il faut prendre en compte plusieurs dimensions : La mobilité, l’immobilité et l’apparence humaine versus non-humaine.
Sur ce schéma, le robot industriel statique n’a aucune ressemblance avec l’être humain De fait, notre degré d’affinité est extrêmement faible. Cette affinité va croître lorsque l’on est en présence d’un robot statique (courbe rouge) qui ressemble à l’homme. C’est le cas du robot humanoïde jouet, qui est apprécié par les enfants.
Toutefois, en ce qui concerne la prothèse de main statique, elle est très vite identifiée comme ressemblante mais pas humaine (manque de chaleur, de texture, pas tout à fait identique à notre peau…). Cette perception nous plonge dans cette vallée de l’étrange et notre affinité devient négative.
Si on reprend le robot industriel, il devient plus sympathique lorsqu’il se met en mouvement (courbe en pointillés).
En ce qui concerne le robot jouet, son acceptation est encore meilleure s’il est capable de bouger.
C’est le cas de NAO, qui n’est pas un jouet. Ce petit robot comme nous le montre ce reportage, où plusieurs établissements ont fait le choix de se faire “aider” par celui-ci pour travailler avec des enfants autistes.
Dans ce cas, NAO ne cherche pas à se faire passer pour un humain, il garde son côté robot plastique, ce qui lui permet une bonne acceptation.
Dissonance de perception
Mais cela se complique lorsque le robot se rapproche de l’apparence humaine. Cette perception de copie humaine semble provoquer chez nous une situation d’inconfort.
Nous avons une capacité à faire la différence entre, un mouvement humain et un mouvement mécanique. Nous supportons difficilement le fait de pas y arriver. C’est le cas d’une machine clairement identifiée, mais qui va se mouvoir comme un humain.
Jean-Louis Vercher (l’Institut des sciences du mouvement) a créé une prothèse de main biomimétique (ressemblant à une main humaine animée). Selon son observation, il semble que celle-ci soit moins bien acceptée qu’une main robotique sous forme de pinces mécaniques.
Acceptation et cohabitation
Nous ne sommes qu’au début de la cohabitation avec les robots. Il est donc important de prendre en compte cette notion de vallée de l’étrange car, au-delà de la tâche assurée par la machine, son acceptation est cruciale.
En toute logique, plus un robot ressemble à un être humain, plus il bouge comme un être humain, plus on l’aime. Toutefois, l’affinité avec ce robot chute et passe en négatif, lorsque la perception est dissonante. Nous sommes dérangés dans nos repères, lorsque l’on n’arrive plus à voir la différence.
Cette “vallée de l’étrange” est controversée et les travaux scientifiques ne semblent pas être dans une affirmation absolue.
Dans notre école, durant cette période de restriction sanitaire, nous travaillons souvent avec des robots et des étudiants à distance (en ligne).
Lors de nos scenarii pédagogiques dans nos plateformes d’immersion, les étudiants interagissent avec le professeur et les robots qui l’accompagnent. Certains étudiants nous ont dit : “votre robot qui ressemble à un humain nous fait flipper !” C’était le cas d’un robot que nous avions construit sur la base d’un mannequin. A contrario, nous avons introduit par la suite un robot qui n’a pas la forme humaine et nous n’avons eu aucune réaction à son sujet.
Ceci n’a pas de valeur scientifique, mais cette observation va faire partie des études futures.
Le robot Ameca nous éclairera certainement sur l’acceptation ou non des robots ayant une grande ressemblance avec un être humain.
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