Les médias d’État russes se sont emparés d’un complot douteux visant à assassiner certains des Russes les plus célèbres liés aux médias d’État du pays, un complot qui, selon le président Vladimir Poutine, aurait été ourdi par l’Ukraine et les États-Unis. Il s’agit là du dernier exemple en date de la propagation de la propagande russe soutenue par des preuves suspectes.
Principaux faits
- Selon l’agence de presse Interfax, le Service fédéral de sécurité russe (FSB) a arrêté lundi six citoyens russes dans le cadre d’un complot visant à tuer Vladimir Soloviev, un célèbre animateur de télévision et journaliste pro-Poutine, ainsi que plusieurs autres journalistes russes célèbres, dont le rédacteur en chef de RT, selon le service d’information d’État RIA Novosti.
- Lors d’une allocution télévisée lundi, Vladimir Poutine a déclaré que le plan avait été conçu par les agences de sécurité ukrainiennes en collaboration avec la Central Intelligence Agency, selon l’agence de presse publique Sputnik.
- Le Service de sécurité de l’Ukraine a nié son implication dans le complot dans une déclaration à Reuters, affirmant qu’il n’avait « aucun projet d’assassinat de Vladimir Soloviev » et que l’histoire avait été fabriquée par la Russie.
- Le Kremlin a déjà avancé des théories sans fondement dans le cadre de ses opérations d’information pendant la guerre, notamment en affirmant à tort que les États-Unis finançaient des laboratoires d’armes biologiques en Ukraine.
- Les images de l’attirail saisi chez les conspirateurs présumés, montrant des croix gammées et une photo d’Adolf Hitler, remettent également en question la légitimité du complot, comme l’a souligné Francis Scarr, chercheur à la BBC, étant donné l’objectif constant et manifeste de la Russie de dépeindre l’Ukraine comme étant envahie par les néonazis.
Le contexte
Le paysage médiatique russe est presque entièrement contrôlé par l’État depuis l’adoption, en mars, d’une loi faisant de tout reportage sur l’invasion de l’Ukraine en dehors du récit officiel approuvé par le gouvernement un crime passible de 15 ans de prison. La semaine dernière, Vladimir Soloviev a attiré l’attention pour avoir averti que la Russie « ne montrera aucune pitié » envers l’OTAN et le reste de l’Europe une fois qu’elle aura terminé son invasion de l’Ukraine, dans une vidéo diffusée à la télévision russe et traduite par le Daily Beast.
Vladimir Poutine a déclaré lundi que le complot présumé visant à tuer des journalistes russes était la preuve d’une « politique de terreur », mais la Russie est l’un des pays les plus dangereux pour les journalistes en raison des lois restrictives et des soupçons de violence sanctionnée par l’État. Selon le Comité pour la protection des journalistes, 58 journalistes ont été assassinés ou sont morts dans l’exercice de leurs fonctions en Russie depuis 1992.
Le contrôle minutieux du Kremlin sur le récit de la guerre en Russie s’est étendu aux salles de classe, puisque le ministère russe de l’Éducation a annoncé la semaine dernière que la justification officielle de la Russie pour son invasion de l’Ukraine ferait bientôt partie des programmes scolaires dans tout le pays.
Article traduit de Forbes US – Auteur : Derek Saul
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