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Un Prix Nobel D’Économie Démolit Le Programme Du Front National

© Getty Images

Paul Krugman, Prix Nobel d’économie 2008, a tiré à boulets rouges sur le programme économique du parti frontiste, fustigeant tout particulièrement la sortie de la France de l’euro et de l’Union européenne qui conduirait, selon lui, le pays à la catastrophe.

Haro sur le programme économique du Front national. Ereintées par une majorité d’analystes et particulièrement redoutées par les marchés, les mesures préconisées par la formation « mariniste » ont également déclenché le courroux du prix Nobel d’économie 2008, Paul Krugman. Ce dernier estime en effet que les propositions du parti fondé par Jean-Marie Le Pen pourraient s’avérer particulièrement néfastes pour l’économie hexagonale si celles-ci venaient à être mises en application. « Rien de ce que propose Marine Le Pen ne conduirait la France dans la bonne direction », écrit l’économiste dans une tribune publiée par le New York Times. « Le coût de la sortie de l’euro et de la réintroduction d’une monnaie nationale serait immense », écrit Paul Krugman. Et de développer les conséquences d’une telle « manœuvre ».

« Une fuite massive des capitaux provoquerait une crise bancaire, des contrôles des capitaux et des fermetures temporaires des banques devraient être imposées, des problèmes de valorisation des contrats créeraient un bourbier juridique, les entreprises seraient perturbées pendant une longue période de confusion et d’incertitude », poursuit-il. Alors que Marine Le Pen est, dans toutes les enquêtes d’opinions, qualifiée pour le second tour, les principales critiques visent son programme économique – qu’elle peine elle-même à défendre- qui peut apparaître nébuleux sous certains aspects.

« Création d’une monnaie nationale »

Principale « point de crispation », comme évoqué par Paul Krugman, la sortie de la monnaie unique, cheval de bataille du Front national n’est pourtant pas formulée aussi clairement dans son projet présidentiel. En effet, au sein des 144 engagements, la « fin de l’euro » n’est plus aussi clairement affirmé, la candidate à l’élection présidentielle évoquant davantage « un retour à la souveraineté monétaire et la création d’une monnaie nationale », laissant planer le spectre d’une cohabitation entre deux monnaies, l’une dévolue aux Français et l’autre uniquement échangée entre l’Etat et les grandes entreprises.

Selon une étude publiée par JPMorgan le mois dernier, l’euro pourrait tomber sous le niveau de parité avec le dollar tandis que les coûts de financement de la France dépasseraient de 2% ceux de son voisin allemand en cas de victoire de Marine Le Pen non seulement à la présidentielle, mais également aux élections législatives suivantes qui lui donneraient les coudées franches pour gouverner. Selon les calculs du bureau d’études américain, l’euro pourrait donc chuter de 10 cents, en quelques semaines, à 0,98 dollar.

Parallèle avec la Grèce et inquiétudes des marchés

Mais le coup de semonce de Paul Krugman ne s’arrête pas là, l’économiste établissant un parallèle entre la situation grecque…et une France sous l’égide de Marine Le Pen.  « Pour la France, sortir de l’euro entraînerait tous les coûts que la Grèce aurait eu à supporter sans aucun des bénéfices ». Et de révéler la cruelle réalité quant à la véritable situation économique – et de la supposée puissance- de la France sur l’échiquier européen. « Désolé, mais la France n’est pas assez grande pour prospérer avec des politiques économiques centrées sur elle-même, nationalistes », souligne, empreint de lucidité, Paul Krugman.

Mais les inquiétudes de l’économistes ne sont que – le verbe en moins- le pur reflet de celles de marché qui, en plus de Marine Le Pen, doivent maintenant intégrer « l’hypothèse Mélenchon », autre épouvantail des places financières. Comme en atteste le « spread » entre l’obligation française (OAT) et le « Bund » allemand qui a atteint ce mardi un plus haut de six semaines. Ce qui induit une augmentation de la prime de risque pour détenir de la dette française plutôt qu’allemande, considérée dès, lors, comme plus sûre. La tension est palpable à dix jours du premier tour.

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