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Tribune | Législatives : le logement n’est pas un faire-valoir politique

logementFrance. Paris. 13rd district. New office and residential area.

Une fois n’est pas coutume, le sujet du logement est présent dans les débats autour des élections législatives. Attention cependant aux effets d’annonce, la présence du terme « logement » dans un programme n’est pas toujours l’assurance d’une vraie politique dédiée. Et pourtant, face aux difficultés actuelles et futures, c’est bien aujourd’hui que se décide l’avenir d’un secteur stratégique, dont les missions relèvent du pacte républicain.

Une tribune d’Olivier Salleron, président de la Fédération Française du Bâtiment

 

Crise du logement : réalité ou apparence ? 

En matière de logement, 74% des Français se déclarent satisfaits de leur situation (selon l’Observatoire ViaVoice pour la Fédération Française du Bâtiment). Comparé à ce que vivent nos voisins européens, ce pourcentage met en lumière des conditions de logement en France encore globalement bonnes. Cette perception à l’instant T masque néanmoins une disparité de situations sociales et territoriales. De plus, les décisions relatives aux politiques du logement mettant plusieurs années à faire sentir leurs effets, cette relative satisfaction relève plus du passé que de l’avenir.

Parallèlement à cela, le Haut Conseil pour le climat vient d’annoncer une baisse de 6% des émissions de gaz à effet de serre, et des résultats cohérents avec la trajectoire et les objectifs de décarbonation du pays. C’est bien la preuve que les différentes industries – dont celle du bâtiment – conduisent des actions efficaces en faveur de la transition écologique.

La crise du logement ne serait-elle qu’illusion ? Malheureusement non… Si tous les Français n’en ressentent pas encore les effets, le logement en France connait, depuis deux ans, une dégradation aussi rapide qu’historique : un nombre de logements neufs par rapport au nombre de ménages qui plonge en 2024 à son niveau de 1950, l’amputation de dispositifs facilitant l’accession à la propriété pour les ménages modestes, la suppression annoncée de toute aide à l’investissement locatif privé (alors même que le marché locatif se fige), des contraintes réglementaires qui s’accumulent, l’instabilité des dispositifs d’aides à la rénovation énergétique, singulièrement MaPrimeRenov’… La crise du logement est une bombe qui a déjà explosé, et dont il faut juguler d’urgence l’effet de souffle.

 

Temps du logement vs temps politique : une dissonance dangereuse

Une politique du logement s’envisage dans la durée : les décisions d’aujourd’hui ne pèseront pas avant deux ans et dessineront le paysage immobilier pour les 15-20 prochaines années. Nous ne pouvons nous contenter d’annonces de court-terme à vocation purement électorale. 

A cet égard, l’exemple allemand s’avère riche d’enseignements. Les coûts de construction explosent et les projets immobiliers peinent à trouver leur financement. Les annulations se multiplient alors même que le pays manque cruellement de logements (l’équivalent de près de trois années de construction au rythme actuel, outre-Rhin[1]). Au-delà des aspects contextuels, cette crise sans précédent est le fruit d’un désengagement progressif de l’état allemand et de décisions politiques amorcées il y a plus de 20 ans.

La France suivrait-elle la même trajectoire ? Possible, mais pas inéluctable. Si l’on repositionne l’analyse du secteur dans une vision de long terme, il est encore possible d’agir. L’objectif est ici d’éviter non seulement le renforcement des inégalités territoriales et sociales, mais aussi l’effondrement de tout un pan de l’économie nationale, la filière de la construction représentant 3 millions d’actifs en France[2].

 

Positionner des mesures durables au cœur du débat électoral

Les élections législatives anticipées offrent à la future Assemblée nationale l’opportunité d’agir pour que le secteur du logement soit vecteur de croissance et de cohésion sociale en France.

Nous avons ainsi porté des propositions auprès de candidats dans tous les territoires : le rétablissement et la stabilisation de dispositifs publics d’accompagnement de l’investissement immobilier (prêt à taux zéro universel, soutien à l’investissement locatif) ; une politique stable de rénovation énergétique pour une efficacité renforcée ; l’adaptation des politiques aux différents territoires (objectif ZAN) ; la simplification réglementaire (RER2020, écocontribution…) ; la limitation de la sous-traitance en cascade ; le soutien à l’apprentissage ou encore la lutte contre la concurrence déloyale.

 Ces engagements en faveur du logement sont essentiels pour la France. « Se loger » dans de bonnes conditions reste un pilier de notre société et de notre pacte social, au même titre que « se nourrir » ou « se soigner ». C’est aussi une condition de l’essor économique de notre pays et de sa capacité à relocaliser la production sur son sol. L’avenir du logement se décide aujourd’hui : il est une responsabilité citoyenne !


À lire également : Législatives 2024 : l’instabilité politique, un sujet d’inquiétude pour les dirigeants d’entreprises

[1] https://www.lesechos.fr/monde/europe/alerte-rouge-sur-la-penurie-de-logements-en-allemagne-2077769

[2] Alliance pour le logement / Fédération Française du Bâtiment

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