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Taux Négatifs : Pourquoi Trump Fait-Il Pression Sur La Fed ?

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Réserve Fédérale des États-Unis, Washington DC. Getty Images

La Réserve Fédérale devrait normalement maintenir les taux d’intérêt inchangés dans une fourchette de 1,50 à 1,75%, malgré la pléthore d’appels de la part de Donald Trump en faveur de l’adoption de taux d’intérêt négatifs. Que se passerait-il si la Fed cédait aux caprices de Trump ? 

  • En préparation à la prochaine réunion, Donald Trump a encore critiqué la Fed, du fait qu’elle refuse de baisser les taux. À de nombreuses reprises, il a demandé à la banque centrale d’adopter des taux d’intérêt négatifs.
  • À l’échelle mondiale, plusieurs grandes banques centrales fonctionnent actuellement à des taux négatifs dans le but de lutter contre la faible inflation, notamment la Banque centrale européenne et la Banque du Japon, où les rendements souverains se négocient désormais en dessous de zéro, ce qui donne aux emprunteurs un avantage sur les prêteurs, et charge les déposants.
  • Selon Trump, les Etats-Unis sont désavantagés par rapport au reste du monde car les rendements du Département du Trésor et les taux d’intérêt de la Fed restent élevés. Cependant, les économistes ne sont pas d’accord sur le fait que des taux d’intérêt négatifs stimulent les économies.
  • « Les preuves manquent en ce qui concerne les conséquences des taux d’intérêt négatifs sur la croissance économique », explique  Joseph Brusuelas, l’économiste en chef de RSM. « Si nous suivons le modèle du Japon, nous remarquerions sûrement des avantages au niveau de l’automobile et du logement. Mais comme l’économie américaine est tellement fortement « financiarisée » (dépendante des grandes banques pour fournir des liquidités à différents secteurs), les taux négatifs ne donneraient pas de bons résultats à long terme », soutient-il.
  • De même, lorsque les Etats-Unis examinent l’expérience européenne avec des taux négatifs, ils remarquent que « cela n’a pas stimulé la croissance mais a plutôt causé des tensions dans leur système financier », déclare Nicholas Sargen, consultant économique chez Fort Washington Investment Advisors.
  • En Europe, beaucoup de craintes tournaient autour de la déflation, mais au Etats-Unis, le taux d’inflation se rapproche de l’objectif de la Fed. « La situation est donc différente et il n’y a aucune urgence pour nous », a affirmé Nicholas Sargen. « Je m’attendais à ce que la Fed soit claire sur le fait de ne pas considérer les taux d’intérêt négatifs. Ils pensent que c’est une erreur et mettent en doute son efficacité ».

Principal porte-parole : « Selon moi, les preuves suggèrent que vous êtes en mesure de stimuler la demande. Les ménages et les entreprises emprunteraient davantage pour dépenser, même si contrairement au président, je ne pense pas que ce soit un outil à utiliser tout de suite », explique Narayana Kocherlakota, professeur d’économie à l’Université de Rochester, et ancien président de la Fed de Minneapolis (2009-2015). « Je suis un grand fan des taux négatifs. Pas pour ce moment précisément, mais c’est un atout que l’on devrait garder dans sa manche. »

Contexte clé : La Fed a relevé ses taux d’intérêt à quatre reprises en 2018, avant qu’un revirement politique monétaire ne la fasse baisser à trois reprises à partir de mi 2019. Lors de leur dernière réunion en décembre, les responsables de la Fed ont à nouveau indiqué qu’ils maintiendraient les taux d’intérêt stables, au moins jusqu’en 2020, en adoptant une approche attentiste. « Ce qui s’annonçait comme l’une des décisions les plus ennuyeuses concernant les taux, a soudainement gagné une certaine incertitude en raison d’inquiétudes des investisseurs au sujet du coronavirus », déclare Joseph Brusuelas, bien qu’il prédit que la Fed maintiendra « très certainement » le taux directeur actuel.

Ce qu’il faut surveiller : Avec les données économiques globales des Etats-Unis qui semblent « très solides » en ce moment, la Fed ne compte pas toucher aux taux d’intérêt mais elle tentera plutôt de montrer que ses perspectives de référence sont cohérentes, prédit M. Kocherlakota. Un aspect qui sera une priorité pour les investisseurs de Wall Street, cependant, sera l’impact économique de l’épidémie du coronavirus qui a jusqu’à présent causé une centaine de morts et touché plus de 7000 personnes. Joseph Brusuelas avait prédit que « mercredi, lors de la conférence de presse, les premières questions porteraient sur le coronavirus ». « Il ne faut jamais dire jamais, mais je reste optimiste et j’espère que le coronavirus ne sera pas assez grave pour provoquer une récession aux Etats-Unis. Cela semble être un événement extrême », prévoit M. Kocherlakota.

Digression : À de nombreuses reprises, Trump a critiqué la politique monétaire de la Fed, faisant valoir, l’année dernière par exemple, que les taux devraient être réduits à zéro ou moins, afin de stimuler l’économie américaine. Lors du Forum économique mondial de Davos, en Suisse, la semaine dernière, le président a déclaré que les Etats-Unis étaient contraints de concurrencer les pays qui opèrent avec des taux négatifs : « Ils sont payés pour emprunter de l’argent, c’est une idée qui me plaît beaucoup », a-t-il déclaré. « J’adore cette idée, même. »

Statistiques essentielles : les marchés sont en grande partie d’accord avec les perspectives neutres de la Fed, du moins pour l’instant. Les contrats à terme sur les fonds fédéraux pour les prochaines réunions montrent une probabilité de 87% que les taux d’intérêt restent stables, tandis qu’au deuxième semestre 2020, les contrats à terme montrent que la Fed pourrait devoir à nouveau baisser ses taux pour soutenir l’expansion record de l’économie.

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