Une partie du programme nucléaire de la Corée du Nord devrait attirer notre attention. Derrière la distraction de la récente série de tests tactiques de missiles se cache un développement plus conséquent, aux implications stratégiques : de nouveaux sous-marins qui permettront à ce royaume ermite d’améliorer la létalité et la capacité de survie de son arsenal nucléaire.
Le 23 juillet, l’organe de presse étatique de la Corée du Nord a révélé des images de Kim Jong-Un inspectant un sous-marin. Le navire (nom également donné aux sous-marins) a été décrit comme étant récemment construit, bien qu’il soit probable qu’il s’agisse d’un ancien navire récemment modifié. Les images, qui ne montrent pas l’intégralité du sous-marin, peuvent néanmoins être assemblées pour révéler qu’il s’agit d’une variante du sous-marin russe Projet 633 des années 50, connu par l’OTAN sous le nom de classe Romeo. La Corée du Nord a exploité près de vingt de ces sous-marins, la plupart ayant été construit localement avec l’aide de la Chine. La dernière construction locale a eu lieu en 1996. Nonobstant l’âge du design sous-jacent, il semble posséder une nouvelle capacité qui devrait alerter les stratèges militaires : le navire ressemble à un sous-marin lanceur de missiles balistiques.
Cela va au-delà de tout doute raisonnable. En combinant la poignée d’images disponibles, il est possible de discerner les signes indicateurs. L’organe de presse étatique de la Corée du Nord a tenté de dissimuler cette vérité, mais un œil méticuleux est capable de voir à travers le floutage. Au sommet de l’aileron agrandi au milieu du sous-marin, on peut voir une série de petits trous. Ces derniers permettent à l’eau de s’évacuer latéralement lorsqu’un missile est lancé, et étaient un élément ajouté à un précédent sous-marin après quelques tests de lancement. Avec une analyse approfondie de la disposition probable de la coque en intervalles, nous pouvons être certains qu’il s’agit d’un sous-marin à missiles balistiques.
Placer une partie de l’arsenal nucléaire nord-coréen à bord de sous-marins augmente considérablement leur capacité de survie en cas de conflit.
Tous les pays possédant un arsenal nucléaire ont cherché à faire de même dans une certaine mesure, et la Corée du Nord avait lancé son premier sous-marin à missiles en 2014. Ce sous-marin ne pouvait porter qu’un seul missile et est principalement vu comme une plateforme de tests. Ce nouveau sous-marin, en revanche, a de la place pour trois missiles, signalant ainsi un rôle opérationnel et augmentant considérablement les chances d’un missile pénétrant n’importe quelle défense.
Le sous-marin portera probablement trois missiles balistiques KN-11, qui ont une portée estimée de 1 250 kilomètres. Le fait que la Corée du Nord ait nommé ce missile le Pukkukson-1 (qui se traduit par Polaris-1, du même nom que le premier sous-marin opérationnel de la marine américaine à lancer des missiles balistiques) n’est peut-être pas une coïncidence. La portée du missile suffit à menacer les forces armées américaines de la région si l’on considère la relative protection de leurs eaux territoriales, mais le sous-marin devrait entrer dans le Pacifique pour être une menace directe pour Hawaï, Guam ou la côte ouest des États-Unis. Cependant, sa portée est suffisante pour y parvenir.
Le design ancien comporte cependant quelques inconvénients. Le sous-marin est plus bruyant, ce qui signifie qu’il est moins discret et, par conséquent, plus facile à attaquer. Cela sera particulièrement vrai lorsqu’il devra mettre en route ses moteurs diesel pour recharger ses batteries, ce qu’il devra faire souvent. Il possède toutefois un autre tour dans son sac : contrairement aux sous-marins porteurs de missiles balistiques nucléaires utilisés par la marine américaine, il peut se poser sur le sol marin et devenir silencieux, ce qui le rend ainsi très difficile à détecter pendant les quelques heures ou quelques jours durant lesquels il s’y trouve.
La conversion de sous-marins existant leur permettant de porter des missiles balistiques est probablement le moyen le plus rapide pour la Corée du Nord d’atteindre l’objectif des stratèges de la plupart des pays nucléaires : une force armée sous-marine continuellement en mer. Cela signifie que dans le cas d’un futur conflit, il pourrait y avoir la certitude que quelques-unes des armes nucléaires de la Corée du Nord se cachent sous les vagues, prêtes à frapper à tout moment.
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