Défendue avec plus ou moins de clarté par Marine Le Pen, une sortie de la monnaie unique coûterait 30 milliards d’euros d’intérêts supplémentaires par an.
L’équivalent du budget de la Défense. C’est « l’impact » estimé par le gouverneur de la banque France, François Villeroy de Galhau, sur la dette française en cas de sortie de la France du giron de la monnaie unique. Une position « isolationniste » qui mettrait, de facto, Paris en grande difficulté – doux euphémisme – sur le marché des changes. « Si nous étions tout seuls, nous serions désarmés face à la spéculation des marchés financiers et face aux pressions américaines sur le dollar », a souligné le banquier central qui voit en l’euro « une forme de protection » alors que le traité de Maastricht fête, cette année, ces 25 ans.
Un « signal d’alarme » qui intervient dans un contexte d’euroscepticisme croissant sur le Vieux-Continent. En effet, outre la France, l’Allemagne et les Pays-Bas font également face à une poussée de ce courant qui pourrait se matérialiser dans les urnes, ces trois nations devant affronter des échéances électorales importantes cette année, avec les législatives pour nos voisins et l’élection présidentielle française du printemps.
Création d’une monnaie nationale
Pour en revenir strictement au « patient français », Marine Le Pen, longtemps partisane d’une sortie pure et simple de la monnaie unique semble avoir quelque peu nuancé sa position. En effet, au sein des 144 engagements de son projet présidentiel, la « fin de l’euro » n’est plus aussi clairement affirmé, la candidate à l’élection présidentielle évoquant davantage « un retour à la souveraineté monétaire et la création d’une monnaie nationale », laissant planer le spectre d’une cohabitation entre deux monnaies, l’une dévolue aux Français et l’autre uniquement échangée entre l’Etat et les grandes entreprises.
Le scénario d’une victoire de la présidente frontiste est prise au sérieux par les marchés. Les analystes de JPMorgan estime, en effet, qu’en cas d’accession de Marine Le Pen à l’Eysée et sous réserve d’une victoire aux législatives lui conférant la légitimité et les « coudées franches » pour gouverner, l’économie française entrerait dans une grosse zone de turbulences. Ainsi, selon cette étude, l’euro pourrait tomber sous le niveau de parité avec le dollar tandis que les coûts de financement de la France dépasseraient de 2% ceux de son voisin allemand. Selon les calculs du bureau d’études américain, l’euro pourrait donc chuter de 10 cents, en quelques semaines, à 0,98 dollar.
Mélenchon, candidat « de la sortie des traités »
Mais la « défiance » à l’égard des institutions européennes n’est pas l’apanage du Front national. De l’autre côté de l’échiquier politique, Jean-Luc Mélenchon, également candidat à la magistrature suprême, n’a jamais caché son aversion pour Bruxelles. A défaut de se positionner comme « le candidat de la sortie de l’euro », le président du Parti de Gauche se voit davantage – tout en nuance – comme le « candidat de la sortie des traités européens ».
La posture du vainqueur des primaires citoyennes de la « Belle alliance populaire », Benoît Hamon, est encore plus subtile. Ce dernier souhaite parvenir à un moratoire sur le pacte de stabilité et de croissance qui fixe les règles budgétaires des membres de l’euro. Et d’ajouter. « Il faut disposer demain d’une capacité de gouvernance de la zone euro qui repose sur une assemblée parlementaire de l’union monétaire et sur une approche de l’harmonisation fiscale européenne ». Tout un programme.
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