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Sortir de la crise politique en France 2024

Photo de l'Assemblée nationale vide, prise du perchoir.1/2012: L’hémicycle vide – Le perchoir. Source : Assemblee-nationale.fr

C’est audacieux. Mais avoir de l’audace ne fait pas nécessairement perdre la tête. La situation politique en France a pris une tournure très particulière depuis la dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron (9 juin 2024). Mais si la décision présidentielle peut apparaître épineuse en raison de l’absence d’une majorité pouvant s’affirmer de façon crédible, elle ne l’est pas plus qu’auparavant. La trêve politique pendant les jeux Olympiques se prolonge encore pendant les Paralympiques. De plus, l’été n’est guère propice au déclenchement de mouvements politiques. La reprise des activités politiques à l’automne pourrait raviver les divisions et les contestations.

L’idée de créer une alliance entre les organisations politiques de droite, de gauche et du centre a déjà été l’idée des acteurs politiques qui ont initié le mouvement qui a porté Emmanuel Macron à la présidence. L’insatisfaction et les défections ont compromis la démarche. L’attraction des individualités n’a pas permis non plus de crédibiliser la politique gouvernementale.

Des tentations pourraient porter sur une révision de la constitution, mais les circonstances ne le permettent plus, surtout s’il s’agit de réduire le nombre de députés ou de modifier le mode de scrutin ; ce n’est pas et plus d’actualité. Le président pourrait envisager un référendum, avec les risques déjà exposés et vécus par quelque prédécesseur. Et la finalité n’a rien d’une évidence. De même, les discours moralisateurs enjoignant à la responsabilité politique sont le plus souvent vécus comme une provocation et incitent plus à renforcer les postures d’opposition. Le constat peut néanmoins être fait que la France est toujours sous un régime post-guerre mondiale et que c’est un indicateur de la nécessité d’un changement institutionnel.

A cette époque de la vie en société où les innovations technologiques interfèrent beaucoup sur le quotidien, ce qui caractérise la vie politique est la difficulté à innover. La tentation d’inscrire l’utilisation de système numérique dans la pratique politique, est à la fois forte et élitiste. Pour autant, on n’a pas inventé l’électricité en augmentant la mèche ou la cire des bougies. Il a fallu penser autrement, sans créer de rupture. La réflexion politique a besoin de cette inventivité. Dans tous les cas, ce que démontre cette situation qui n’est pas une première, est la nécessité de faire évoluer les institutions vers plus de flexibilité pour les rapprocher de la vie citoyenne. Une phase intermédiaire peut sembler indispensable, d’autant si l’on exclut l’arrêt du mandat présidentiel en cours.

Pour réduire le fossé entre les représentants politiques et l’électorat, l’ouverture d’un dialogue avec les associations d’actions sociales, avec l’instauration de Rencontres Sociales pourraient contribuer à amorcer un apaisement politique. Un gouvernement temporaire, limité à une année, pourrait adopter des mesures urgentes, conçues en concertation avec les associations, dans le courant de l’automne, pour soulager les populations les plus touchées (par exemple, la revalorisation des minima sociaux et des aides ciblées, des actions en faveur de la jeunesse, notamment avec un revenu minimum d’existence). La réussite de cette initiative dépend en premier lieu de la conduite du dialogue et de la sincérité pour la mise en œuvre des propositions politiques.

Dans cette logique du dialogue, des débats publics pourraient être organisés entre le président et chacun des leaders politiques  dont les partis sont représentés à l’Assemblée nationale. De ces débats, des conclusions pourraient être présentées avec des engagements précis de la part du chef de l’Etat afin d’aller vers une gouvernance plus en conformité avec les attentes de la population. Une charte éthique de la vie politique pourrait être rédigée, obligeant les représentants politiques à des comportements d’intégrité et de probité, et donnant un droit de supervision à des représentants issus des Rencontres Sociales. En effet, là aussi le succès de ces débats dépend de la qualité du dialogue et de la capacité des différents acteurs à dépasser les postures d’opposition pour travailler de manière constructive. 

Voyons ce que septembre nous réserve ! Reste à savoir si l’habitude gestionnaire des acteurs de la gouvernance actuelle ne leur fait pas préférer les situations de crise ? La médiation pourrait bien être un recours…

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