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Silicon Valley S’Insurge Contre Donald Trump

Photo by Jabin Botsford/The Washington Post via Getty Images

Après la marche des femmes au lendemain de son investiture, le nouveau président américain doit faire face à la révolte des hérauts de l’innovation. Google, Facebook, Microsoft, Apple et des dizaines d’entrepreneurs s’élèvent en défense des immigrants et des frontières ouvertes.

«Je suis venu parce que je suis un réfugié» déclarait à Forbes le cofondateur de Google Sergey Brin à une manifestation anti-Trump ce week-end. Une centaine d’employés de la firme sont concernés par le décret présidentiel qui vient de suspendre le programme d’accueil des réfugiés et les visas pour les citoyens de sept pays à majorité musulmane, y compris la Syrie et l’Irak. Destiné selon Donald Trump à combattre le terrorisme, ce décret aura eu pour premier impact les salariés des firmes internationales.  

 

«C’est douloureux de voir la souffrance que le décret [de Donald Trump] inflige à nos collègues », s’émeut le PDG de Google Sundar Pichai dans un mail interne d’hier, dévoilé par Bloomberg. Un communiqué de l’entreprise s’inquiète de  «Toutes les [initiatives] qui pourraient imposer des restrictions sur les Googlers et leurs familles, ou qui créent des obstacles à apporter de grands talents aux États-Unis». Nombreux sont ceux qui font chorus ce week-end : le PDG de Microsoft Satya Nadella – «En tant qu’immigrant et en tant que PDG, j’ai vécu et vu l’impact positif de l’immigration sur notre entreprise, sur le pays et sur le monde. Défendre ce sujet est important» – ; celui d’Apple Tim Cook – «Apple ne pourrait exister, prospérer ou innover sans immigration»–; le fondateur de Facebook Mark Zuckerberg – qui appelle les Etats-Unis à «garder nos portes ouvertes aux réfugiés et à ceux qui ont besoin d’aide». 

Les entrepreneurs ne sont pas en reste. Uber compensera de sa poche pendant trois mois les chauffeurs concernés et son fondateur Travis Kalanick promet de «défendre la justice» (« Stand up for what is right ») au sein du conseil économique de Donald Trump, dont il a accepté de faire partie. Le français Loïc Le Meur reprend l’expression : «Je m’élève contre Trump et nous devrions tous le faire» (« I stand against Trump and we all should »). Techmeme a recueilli les tweets à suivre sur le sujet : 

@bchesky@kellyannepolls@elonmusk@stewart@twitter, @jack@levie,

 @karaswisher@anildash@rmac18@tim_cook@cwarzel@scottmaustin,

 @valaafshar@priyasideas@backlon@satyanadella@mlevchin@johnpaczkowski,

 @bijan@jack@aclu@gruber@johnpaczkowski@benioff@dickc@jeffweiner,

 @paulg@anildash@levie@mkapor@mims@davemcclure@kateconger@tvietor08,

 @mikeisaac@johnpaczkowski@spolsky@frankquattrone@travisk@drewhouston

@mcuban@markpinc@anildash@mikeisaac@anildash@jeffiel,

 @jguynn@johnpaczkowski@stevesi

 

Certains, comme Elon Musk (Tesla) et Tim Cook (Apple), sont plus mesurés que d’autres. Le fondateur d’Amazon, Jeff Bezos, connu pour son opposition violente à Donald Trump, est resté silencieux jusqu’à présent. Mais le mouvement de ce week-end marque indéniablement une prise de conscience à Silicon Valley. Son succès mondial s’est construit dans un monde libéral et ouvert. Les valeurs des entrepreneurs, souvent libertariennes voire anarchisantes, se heurtent de front à l’autoritarisme populiste de Donald Trump. 

Pire, il menace de nuire directement à leurs intérêts économiques. A la différence de l’industrie traditionnelle, le modèle économique des plates-formes est issu de la mondialisation. Par essence global, il souffre de tout ce qui peut réduire son audience et sa portée. Réduits par hypothèse aux seuls Etats-Unis, les GAFA ne seraient qu’un phénomène local, de simples services en ligne et non les vecteurs d’une révolution qui touche aux racines même de la souveraineté : l’espace public, l’identité, la monnaie…

Le protectionnisme de Donald Trump est, lui, profondément marqué par un esprit «bricks and mortar», à rebours de la révolution numérique. La réunion avec les principaux chefs d’entreprises de Silicon Valley, avant sa prise de fonctions (photo ci-contre), n’avait guère donné de résultat, si ce n’est l’humiliation de Jeff Bezos et le recrutement d’Elon Musk (Tesla) et Trevor Kalanick (Uber) comme conseillers économiques.  La réaction de ce dernier montre l’isolement croissant du business angel Peter Thiel, qui tente de défendre le décret anti-immigrants (voir ici l’article en anglais de notre confrère Ryan Mac). 

Après avoir ignoré la marche des femmes et inventé des «faits alternatifs» à opposer aux médias, le nouveau président se met donc à dos la fleur de l’économie américaine. Reste à voir si la «tech» pliera l’échine aussi facilement que l’automobile. 

 

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