La nomination du PDG du groupe pétrolier ExxonMobil à la tête de la diplomatie américaine suscite, déjà, la controverse outre-Atlantique où ses détracteurs lui reprochent des liens plus qu’ambigus avec la Russie de Vladimir Poutine.
Pas encore officiellement nommé mais déjà sous le feu nourri des critiques. Rex Tillerson, PDG du géant pétrolier ExxonMobil, ancienne plus grosse capitalisation boursière du monde, devrait incarner le prochain visage de la diplomatie américaine. La volonté de Donald Trump de faire de ce dirigeant le porte-voix de l’Amérique à travers le globe suscite d’ores et déjà des crispations de part et d’autre de l’échiquier politique.
Si côté démocrate, la fronde s’avérait prévisible, une partie des parlementaires républicains ont également fait part de leur circonspection. Premier de cordée, et non des moindres, le sénateur et ancien candidat à la Maison-Blanche, John Mc Cain, une sommité en matière de politique étrangère. « J’ai des inquiétudes. Il est de notoriété publique qu’il a une relation très étroite avec Vladimir Poutine », a-t-il souligné.
Onze partenariats stratégiques (en cinq ans) avec Rosneft
Par liens étroits, le sénateur de l’Arizona fait essentiellement allusion aux synergies entre ExxonMobil et Rosneft, son homologue russe dirigé d’une main de fer par Igor Setchine, par ailleurs vice premier-minitre de la Fédération de Russie. Deuxième plus grand producteur de pétrole russe, derrière Gazprom avec lequel une fusion avait été envisagée en mai 2005, Rosneft et ExxonMobil ont signé la bagatelle de onze partenariats stratégiques depuis 2011.
Parmi ces échanges de « services », le fameux forage offshore en Arctique mené par les deux compagnies intrépides en 2014, alors que la tension était à son paroxysme entre Moscou et Washington, sur fond de crise ukrainienne. A l’époque, les sanctions mises en place par l’administration américaine interdisent formellement toutes synergies technologiques et Igor Setchine est nommément visé par les sanctions américaines. Ce dernier s’était néanmoins amusé de ces sanctions en jouant la carte de la provocation. Il avait, en effet, affublé le premier puits d’exploration sur ce territoire du nom de code « Victoire ».
Des soutiens dans le patronat américain
Néanmoins, Rex Tillerson peut se targuer de bénéficier du soutien de certains décideurs outre-Atlantique. Ainsi, la puissante National Association of Manufacturers, plus vieille organisation patronale américaine et puissant lobby, s’est déclaré quant à elle ravie « que Rex amène un point de vue professionnel au département d’Etat ».
Autres soutiens, plus politique, ceux de deux de ses prédécesseurs à la tête du département d’Etat, en l’occurrence James Baker et Condoleezza Rice, mais également celui de Robert Gates, ex-patron du Pentagone, auraient fait pencher la balance en faveur de Tillerson, selon plusieurs sources de l’équipe de Donald Trump citées par Reuters.
Pour ce dernier, la nomination du patron d’ExxonMobil est un « non-sujet ». « Sa ténacité, son expérience élargie et sa compréhension profonde de la géopolitique en font un excellent choix pour le poste de secrétaire d’Etat. Il favorisera la stabilité régionale et se concentrera sur les intérêts essentiels de la sécurité nationale des Etats-Unis ». Fin de citation.
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