Ce mardi, le président Donald Trump a annoncé le retrait des États-Unis de l’accord sur le nucléaire iranien, que le président américain a qualifié de « pire accord au monde », ainsi que sa volonté de réimplanter des sanctions économiques.
À la suite de cette décision, de nombreuses conséquences devraient voir le jour sur le marché du pétrole iranien. Il ne faut pas oublier que ce secteur a réussi à faire passer sa production de 2,7 millions de barils à 3,8 millions depuis la signature de l’accord par le président Barack Obama qui avait pour objectif de lever les sanctions économiques en échange de l’abandon du nucléaire iranien à des fins militaires. Cet accord a permis à ce pays d’augmenter ses exportations de pétrole, de 1,1 million de barils par jour, durant la période précédente, aux 2,2 millions de barils par jour atteints en mars dernier. L’Iran s’attendait certainement à cette décision de la part de Donald Trump, car, en avril, le pays a vendu autant de pétrole que possible. Les exports ont ainsi atteint 2,9 millions de barils par jour, selon Bernstein Research.
William Featherstone, analyste pour Crédit Suisse, a expliqué avant cette annonce, que le retour des sanctions pour l’Iran pourrait réduire sa production de près de 200 000 barils par jour à court terme. Mais même si l’Iran devait dire adieu à tout ces gains et retrouver sa production pré-accord, le prix du pétrole ne devraient pas pour autant augmenter sur le long terme.
Pour la simple et bonne raison que le monde regorge de pétrole. Cela ne fait aucun doute que l’OPEC a énormément lutté contre les excédents de stocks au cours de ces deux dernières années en restreignant la production. Les excès de stocks sont passés de 325 millions de barils en moyenne sur cinq ans, à juste 30 millions.
Mais la détention de stocks n’a pas la même incidence qu’une large marge de production. Par exemple, l’Arabie Saoudite a tellement ralenti sa production que, si le pétrole iranien était rapidement retiré du marché, elle pourrait produire près de 1,7 million de barils supplémentaires par jour. De son côté, le Koweït pourrait mettre sur la table 300 000 barils de plus par jour.
Si Donald Trump écoute les conseils de son expert ès pétrole, Harold Damm, il sait certainement que cela ne prendrait pas longtemps aux États-Unis pour remplacer une bonne partie de la production iranienne par son propre pétrole. D’ici un an, la production américaine de pétrole devrait atteindre le nombre record de 11 millions de barils par jour, alors que les exportations atteignent déjà les 2,3 millions de barils par jour. Le cabinet conseil Rystad, spécialisé dans le pétrole et le gaz, estime que la production américaine de pétrole pourrait dépasser les 18 millions de barils par jour au cours de la prochaine décennie.
Grâce à la puissance de la production américaine de pétrole, Donald Trump peut se permettre de mettre fin à l’accord sur le nucléaire iranien sans pour autant faire exploser le cours du pétrole. Les producteurs ont même su contrebalancer la dégringolade de la production vénézuélienne, qui est passée de 2,1 millions de barils par jour à 1,6 million en seulement une année.
Le prix du baril du pétrole dépasse les 70 $ pour la première fois depuis plusieurs années. Selon Amrita Sen d’Energy Aspects, il s’envole légèrement. Les traders semblent partager cet avis, car les marchés à terme du NYMEX du mois prochain ont déjà vendu à 68 $, en prévision de l’annonce de Donald Trump. Bien qu’Amrita Sen n’ait pas pris les perturbations de la production iranienne en compte pour ses prévisions du cours du pétrole, on peut facilement supposer que le risque géopolitique peut faire grimper le prix du baril de quelques dollars. La demande mondiale en pétrole se situe actuellement aux alentours des 100 millions de barils par jour, dont près de 18 millions passent par le détroit d’Hormuz, tout près de l’Iran. Mais cette augmentation pourrait-elle être plus importante que quelques dollars ? C’est peu probable.
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