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Qui sont les 4 ministres qui accompagneront Bruno Le Maire à Bercy ?

Bruno Le Mairesource Getty Images

Politique | Trois ministres délégués ont été reconduits au ministère de l’Economie et des Finances. Seule Marina Ferrari, secrétaire d’Etat chargée du Numérique, arrive dans cette configuration à cinq ministres. La passation de pouvoir a eu lieu ce lundi 12 février.

 

Depuis le 11 janvier dernier, le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, devait se sentir bien seul au 6e étage du bâtiment Colbert. Habitué à évoluer dans une configuration avec quatre autres ministres sous sa tutelle, le locataire de Bercy a dû faire sans, entre les deux remaniements annoncés à moins d’un mois d’intervalle (le dernier date du 8 février). Cocasse quand on sait qu’il estime, comme il l’avait dit à Libé, que la « meilleure description du pouvoir  » provient d’une pensée du philosophe Blaise Pascal : « Il a quatre laquais »

Pour autant, la recomposition gouvernementale n’est pas venue altérer les bonnes habitudes au ministère de l’Economie et des Finances. Bruno Le Maire a retrouvé trois ministres délégués déjà présents sous le gouvernement Borne. Thomas Cazenave a été reconduit aux Comptes publics. Roland Lescure conserve l’Industrie et, nouveauté, obtient la tutelle du portefeuille de l’Energie. Olivia Grégoire reste en charge des Entreprises et du tourisme, hérite de la consommation en plus. Le numérique est rétrogradé en secrétariat d’Etat et non plus en ministère délégué. C’est une parfaite inconnue, Marina Ferrari, qui occupe désormais la fonction. La passation de pouvoir a eu lieu ce lundi 12 février à Bercy. 

 

Thomas Cazenave, 45 ans, ministre délégué chargé des Comptes publics 

Passé par Normale sup, l’ENA ou encore Sciences PO, Thomas Cazeunave est un proche d’Emmanuel Macron. Après avoir croisé la route du futur président à l’Inspection des finances, il devient son directeur de cabinet adjoint à Bercy en février 2016. Une première immersion au ministère de l’Economie, qu’il retrouvera quelques années plus tard, nommé aux Comptes publics en juillet 2023. 

Entre-temps, celui que l’on surnomme « l’ami qui compte », officie comme délégué interministériel à la Transformation publique, échoue à la municipalité de Bordeaux – son fief d’origine -, avant de prendre sa revanche en étant élu député de la 1re conscription (Bordeaux Maritime, Bruges, Le Bouscat) en 2022. 

Reste que sa tâche s’annonce ardue, lui qui aura la charge de bâtir le prochain budget, déjà qualifié de « plus périlleux de la Ve République ». En tant que gestionnaire des comptes nationaux, Thomas Cazenave doit s’atteler, avec Bruno Le Maire, aux rétablissements des finances publiques. Le gouvernement entend faire 12 milliards d’économies, grâce notamment à l’arrêt du bouclier tarifaire, et ramener son déficit public à 4,4% en 2024 (contre 4,9% auparavant).

Sauf que la réalisation des objectifs budgétaires est basée sur un taux de croissance évalué à 1,4% par Bercy en 2024. Celui-ci étant largement surestimé – sauf miracle -, il faudra trouver d’autres leviers d’économies. Sans oublier que l’exécutif continue de piocher dans la caisse : 400 millions d’euros ont été annoncés en mesure d’urgence pour les agriculteurs, 2 milliards d’euros de baisse d’impôts ont été promis aux classes moyennes…

 

Roland Lescure, 57 ans, ministre délégué chargé de l’Industrie et de l’Energie 

Né d’un père journaliste à l’Humanité et d’une mère déléguée CGT à la RATP, Roland Lescure a grandi dans une cité HLM de Montreuil (Seine-Saint-Denis). Diplômé de Polytechnique, il a été le numéro deux de la Caisse des dépôts du Québec, premier investisseur institutionnel de la Belle Province pendant près de dix ans. 

Il quitte son emploi à la rémunération très attractive (près de un million par an) afin de briguer le fauteuil de député des Français d’Amérique du Nord en 2017 avant d’être réélu en 2022. Celui qui indique avoir pris sa carte au PS lors des primaires de 2006 – avant de rapidement la rendre -, est l’un des derniers représentants de « la maigre aile sociale-libérale d’un gouvernement qui s’est fortement droitisé », estime Le Monde. 

Son programme pour 2024 s’annonce également compliqué, lui qui a récupéré la tutelle de l’énergie, au grand dam des associations écologiques. Au menu : le délicat avant-projet de loi relatif à la souveraineté énergétique qui cristallise de nombreuses critiques, la situation financière d’EDF, les prix de l’énergie, le développement des énergies renouvelables… 

Côté industrie, Roland Lescure va mener une nouvelle loi sur l’industrie verte, comme annoncée par le Premier ministre lors de sa déclaration de politique générale. Et ce alors que la précédente a été promulguée en novembre dernier et vient à peine d’entrer en application. Sans oublier le suivi du dispositif France 2030, censé faire émerger les champions de demain dans les secteurs-clés d’ici la fin de la décennie. Si l’on est encore loin de l’objectif de réindustrialisation tant espéré par l’exécutif, il reste plus de la moitié de l’enveloppe de 54 milliards à allouer. 

 

Olivia Grégoire, 45 ans, ministre déléguée aux Entreprises, au tourisme et à la consommation

Après avoir collaboré avec Jean-Pierre Raffarin et Xavier Bertrand dans sa jeunesse, Olivia Grégoire entre en macronie comme députée de la circonscription du 15e arrondissement de Paris en 2017. Elle s’occupe dans un premier temps de questions liées à la santé puis intègre la commission des Finances. Si elle n’est pas experte du sujet, elle travaille dur pour rattraper son retard. Au point d’être remarquée par Bruno Le Maire qui lui demande de porter la loi pacte au Palais Bourbon. Soit, un paquet de mesures XL qui vise « à lever les obstacles à la croissance des entreprises »

Après avoir occupé plusieurs postes mineurs au sein du gouvernement, elle est promue ministre déléguée chargée des PME, du Commerce, du Tourisme et de l’Artisanat en juillet 2022. Dans un précédent portrait dressé par Forbes France, elle était dépeinte comme « très à l’aise avec les grands groupes, les champions de la tech et les start-up », un peu moins avec « les PME, les artisans et les petits commerçants ». Plutôt problématique quand notre économie dépend à 90% de ces derniers. 

Après le remaniement de 8 février, Olivia Grégoire s’est vue officiellement chargée d’un nouveau titre : la consommation. Si les associations de consommateurs ont jugé positivement cet élargissement de fonction, elles attendent désormais des actes. 

En effet, la consommation des ménages, habituel moteur de l’économie française, a fortement ralenti en raison de l’inflation en 2023 (+0,7% contre 2,1% en 2022 selon l’Insee). Pour rassurer tout le monde, le cabinet d’Olivia Grégoire a rappelé, auprès du Figaro, son bilan lors de son précédent mandat : la mise en place du trimestre anti-inflation, le décret sur la shrinkflation, un meilleur encadrement du démarchage téléphonique…

 

Marina Ferrari, 50 ans, secrétaire d’Etat chargée du Numérique 

Moins connue que les autres ministres dans cette configuration à cinq, Marina Ferrari remplace Jean-Noël Barrot, devenu ministre délégué chargé de l’Europe. La députée Modem de la 1ère circonscription de Savoie a découvert le monde du numérique en tant que cadre administratif et commercial dans une entreprise spécialisée en création d’applications mobiles. 

Pour autant, Marina Ferrari ne s’est jamais montrée active sur les sujets en lien avec le numérique à l’Assemblée nationale. Pire, elle est décrite comme « inconnue du petit monde de la French Tech » par le Monde. D’aucuns perçoivent sa nomination comme une décision politique en faveur du Modem, parti de François Bayrou. 

Reste que la nouvelle secrétaire d’Etat aura du pain sur la planche. Elle doit accompagner la transposition de l’IA Act, projet de règlement européen sur l’intelligence artificielle. Marina Ferrari sera également confrontée à la nécessité de revitaliser le secteur de la French Tech, actuellement en déclin. En 2023, les start-up du numérique ont seulement réussi à mobiliser 8,32 milliards d’euros de financement, en comparaison avec 13,5 milliards en 2022 et 11,6 milliards en 2021. Dans le domaine des télécommunications, elle devra être attentive à l’achèvement du déploiement de la fibre optique, un projet qui génère des tensions notables entre Orange et les autres acteurs du marché.

 


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