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Présidentielle américaine : les relations parfois tendues entre Barack Obama et Joe Biden et le rôle que pourrait jouer l’ancien président américain aujourd’hui

Joe Biden
Joe Biden (gauche) et Barack Obama (droite) lors des Invictus Games le 29 septembre 2017. | Source : Getty Images

Alors que le président américain Joe Biden résiste aux pressions exercées sur lui pour qu’il se retire de la course à la présidentielle, les manœuvres de l’ancien président Barack Obama dans la crise interne au parti et sa relation longue et compliquée avec Joe Biden ont fait l’objet d’un examen approfondi.

Article de Sara Dorn pour Forbes US – traduit par Flora Lucas

 

Ce qu’il faut retenir

Selon un article de Politico, George Clooney aurait consulté Barack Obama avant d’appeler publiquement Joe Biden à se retirer de la course à la présidentielle américaine. Barack Obama n’aurait pas essayé de dissuader l’acteur hollywoodien, ce qui soulève des questions quant à la position de l’ancien président américain sur la candidature de Joe Biden, bien que Barack Obama ait publiquement déclaré son soutien à son ancien vice-président.

Les camps respectifs de Joe Biden et de Barack Obama les décrivent comme « une famille », mais leur partenariat de longue date a été émaillé de tensions occasionnelles en coulisses pendant des années, en grande partie à cause d’un conflit de personnalité entre Joe Biden, souvent très libre, et Barack Obama, très discipliné, qui s’est répercuté sur les collaborateurs de niveau inférieur.

Il a été largement rapporté que Joe Biden regrette profondément d’avoir écouté Baracks Obama et d’autres membres du parti démocrate qui l’ont exhorté à ne pas se présenter à l’élection présidentielle de 2016, en partie parce que Joe Biden était en deuil après la mort de son fils Beau en 2015, et aussi parce qu’ils pensaient qu’Hillary Clinton avait de meilleures chances de l’emporter face à Donald Trump.

Joe Biden a fait allusion à son ressentiment lors de sa récente entrevue avec le conseiller spécial Robert Hur, soulignant que « beaucoup de gens […] à l’exception d’Obama » l’avaient encouragé à se présenter à l’investiture du parti démocrate en 2016.

Durant leur passage à la Maison-Blanche, certains collaborateurs de Barack Obama se moquaient souvent du penchant de Joe Biden pour les gaffes et les détours rhétoriques, a déclaré l’ancienne attachée de presse Jen Psaki à Politico en 2020. Barack Obama lui-même s’est moqué des errements de son vice-président lors de sa première conférence de presse à la Maison-Blanche en 2009, déclarant aux journalistes : « Je ne me souviens pas exactement de ce à quoi Joe faisait référence, ce qui n’est pas surprenant. »

Lors de la campagne de réélection de Barack Obama en 2012, Joe Biden s’est rendu célèbre en soutenant le mariage homosexuel lors d’une interview télévisée avant le président américain, une décision surprise qui a frustré certains collaborateurs de Barack Obama qui prévoyaient une annonce plus directe, mais qui a été accueillie favorablement par de nombreux défenseurs du mariage homosexuel.

Au contraire, Joe Biden et les membres de son gouvernement ont critiqué le style politique de Barack Obama, le jugeant trop rigide, voire condescendant, selon de nombreux rapports. Joe Biden lui-même a fait allusion à ce sentiment récemment, en déclarant à Robert Hur qu’il exhortait l’ancien président américain à adopter une approche plus personnelle, notant qu’en tant que vice-président, il recevait souvent des législateurs pour le petit-déjeuner.

L’actuel pensionnaire de la Maison-Blanche a également fait référence à son désaccord avec Barack Obama en 2009 sur l’envoi de troupes en Afghanistan, un conflit dont Biden a hérité et qui a conduit au désastreux retrait militaire de 2021, déclarant à Robert Hur qu’il avait exhorté l’ancien président américain à ne pas continuer le déploiement de troupes pour « très franchement, sauver ses fesses ».

 

Ce que l’on ignore

On ignore la véritable opinion de Barack Obama sur la question de savoir si Joe Biden devrait rester dans la course à la présidentielle, et on ignore si Joe Biden suivrait les conseils de l’ancien président dans l’un ou l’autre cas. Le conseiller politique démocrate et allié de Joe Biden, Dmitri Mehlhorn, a déclaré dans une interview à Drop Site News que la pression ressentie par Joe Biden avant la course de 2016 lui pèse toujours. « Joe Biden est hanté par le fait qu’en 2016, il a écouté ces arguments. Et il a raison. Nous avions tous tort. S’il s’était présenté en 2016, nous ne serions pas ici », a déclaré Dmitri Mehlhorn, sans mentionner Barack Obama en particulier.

 

Sur le même sujet

Mercredi 10 juillet, George Clooney a écrit dans le New York Times que Joe Biden n’était « pas le même qu’en 2010 » lorsqu’il a assisté à une collecte de fonds coorganisée par la star hollywoodienne à Los Angeles le mois dernier. « Il n’était même pas le Joe Biden de 2020. C’était le même homme que nous avons tous vu lors du débat. » Jeudi, Politico a rapporté que Barack Obama était au courant de l’intention de George Clooney de demander à Joe Biden de se retirer, mais qu’il ne s’y est pas opposé, citant des sources proches des deux hommes. Il s’agit de la dernière information en date sur la véritable opinion de Barack Obama sur la campagne de Joe Biden. En coulisses, l’ancien président américain a averti depuis des mois l’actuel pensionnaire de la Maison-Blanche et sa campagne de prendre au sérieux le risque de voir gagner Donald Trump, et a récemment déclaré à ses alliés qu’il pensait que le débat avait nui aux chances de Joe Biden de battre son concurrent, a rapporté le Washington Post.

 

Citation principale

« La campagne de Joe Biden ainsi que de nombreux responsables démocrates pensent que Barack Obama travaille discrètement dans les coulisses pour orchestrer tout cela », a déclaré Joe Scarborough, animateur de l’émission Morning Joe sur la chaîne MSNBC, en faisant référence à l’article de George Clooney. La co-animatrice Mika Brzezinksi a approuvé cette idée, déclarant aux téléspectateurs que « cela ne venait pas de George Clooney » et que « Barack Obama a beaucoup d’influence ».

 

Contra

Rien ne prouve que Barack Obama s’efforce de contrecarrer la candidature de Joe Biden à la présidentielle, que ce soit en public ou en privé, et il a défendu le président américain à plusieurs reprises en public. « Les mauvaises soirées de débat arrivent », a-t-il tweeté après le débat. « Croyez-moi, je le sais. Mais cette élection reste un choix entre quelqu’un qui s’est battu toute sa vie pour les gens ordinaires et quelqu’un qui ne se préoccupe que de lui-même […]. La nuit dernière n’a rien changé à cela, et c’est la raison pour laquelle l’enjeu est si important en novembre. »

 

Critiques principales

Joe Biden a fait l’objet de critiques de la part de plusieurs anciens conseillers de Barack Obama. David Axelrod, commentateur politique de CNN et ancien conseiller de Barack Obama, qui exprime depuis des mois son scepticisme quant à l’éligibilité de Joe Biden, a écrit samedi dans un article de CNN intitulé Biden’s defiant delusion, que l’actuel pensionnaire de la Maison-Blanche « se dirige probablement vers une défaite écrasante face à un ancien président sans foi ni loi et impopulaire ». L’ancien rédacteur de discours de Barack Obama, Jon Favreau, co-animateur du podcast Pod Save America avec deux autres anciens collaborateurs, a qualifié le débat d’« horrible désastre », critiquant Donald Trump, mais estimant que Joe Biden « a échoué à tous points de vue lors de ce débat ». Cette critique a suscité un retour de la part de la campagne de Joe Biden, qui a exhorté ses partisans à ne pas écouter les détracteurs de Joe Biden, y compris les « podcasteurs imbus d’eux-mêmes ».

 

Dans le reste de l’actualité

Depuis plusieurs années, les républicains, y compris l’ancien président Donald Trump, diffusent une théorie du complot sans fondement selon laquelle Barack Obama dirige un gouvernement fantôme au sein de la Maison-Blanche, suggérant que Joe Biden est trop âgé pour faire le travail lui-même. En octobre, Donald Trump a qualifié Barack Obama de « patron » de Joe Biden lors d’un discours de campagne dans le New Hampshire, et a déclaré à une foule dans l’Iowa le même mois : « Je ne crois pas que [Joe Biden] soit assez intelligent pour faire ce genre de choses. » Cette théorie du complot découle en grande partie de la boutade de Barack Obama à l’animateur Steven Colbert en 2020, selon laquelle son rôle idéal depuis qu’il a quitté la présidence serait d’avoir « une doublure, d’un ou d’une prête-nom » à qui il pourrait « donner la réplique » par l’intermédiaire d’une oreillette, tout en restant à l’écart des feux de la rampe.

 

Contexte

Au cours des deux semaines qui ont suivi le débat, 13 législateurs démocrates (12 à la Chambre des représentants et un sénateur) ont demandé à Joe Biden de se retirer de la course à la présidentielle. Le président américain a rabroué ses détracteurs en les qualifiant d’« élites » et de « milliardaires », insistant sur le fait que l’« électeur moyen » souhaitait toujours qu’il se présente, comme il l’a déclaré lundi. Les démocrates du Congrès se sont réunis tout au long de la semaine pour trouver une solution, mais le parti reste profondément divisé sur la question de savoir s’il faut continuer à soutenir Joe Biden. Les dirigeants du Congrès ont jusqu’à présent déclaré publiquement que c’était au président de prendre la décision.

 


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