L’organisme de conjoncture estime que la hausse du SMIC pourrait détruire 29 000 emplois et dégraderait les finances publiques de 0,3 point de PIB. L’augmentation de 10% de l’indice de la fonction publique contribuerait, quant à lui, à favoriser la croissance de 0,6% à court terme.
Dans les enquêtes d’opinion et sondages, le pouvoir d’achat reste la première préoccupation des Français. Et ce depuis plusieurs années. Malgré un reflux de l’inflation depuis quelques mois, les prix ont augmenté de 4,5% de plus que les salaires moyens entre 2021 et 2023. Les marges de manœuvre des ménages se sont ainsi érodées. Avec la dissolution surprise de l’Assemblée nationale et les élections législatives anticipées, les mesures de soutien au porte-monnaie pèseront lourd dans les choix des Français. A ce petit jeu, c’est le Nouveau Front Populaire qui s’en tire le mieux avec des propositions fortes comme l’augmentation du Smic à 1600 euros et la hausse de 10% de l’indice de la fonction publique. Dans ce contexte, l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) a analysé les conséquences de la mise en place de ces deux mesures phares.
Hausse du Smic à 1600 euros par mois
Le Nouveau Front Populaire propose une augmentation du Smic à 1600 euros par mois, contre 1398,70 euros actuellement. Soit une hausse de 14,4%. « Cette hausse ne peut toutefois pas s’apparenter entièrement à un coup de pouce dans la mesure où, à l’aune des dernières prévisions d’inflation de l’Insee, une revalorisation automatique de 2% du Smic serait proposée en août 2024, ramenant le « coup de pouce » à 12,4 % », rappelle l’économiste Eric Heyer. En effet, le salaire minimum est automatiquement indexé sur l’inflation en France.
Reste que cette hausse de 12,4% pourrait détruire 29 000 emplois la première année selon les calculs de l’OFCE. En effet, la hausse du coût du travail lié à à l’augmentation du salaire minimum détruira 320 000 emplois. D’un autre côté, le supplément de revenu lié à celle-ci viendrait soutenir la demande et donc la consommation. Cela pourrait générer 142 000 emplois. Sans oublier que les entreprises bénéficient d’importantes exonérations de cotisations en France, notamment sur le bas salaires (1 à 1,6 SMIC). « Les salaires n’étant pas indexés sur le SMIC, un coup de pouce ne se répercute donc pas automatiquement sur la grille des salaires », note Eric Heyer. Ainsi à législation inchangée, un écart réduit entre le SMIC et les bas salaires conduira à une augmentation d’exonération de cotisations sociales patronales, favorisant la création d’emploi (près de 151 000).
Concernant les finances publiques, la proposition poussée par le Nouveau Front Populaire dégraderait celles-ci de 0,3 point de PIB. Le mesure pourrait être aussi légèrement inflationniste. Selon Eric Heyer, l’indice des prix à la consommation (IPC) pourrait croître de 0,4 point sur la première année. Pour rappel, l’IPC a augmenté de 2,3% sur douze mois. Soit un taux proche de l’objectif de 2% en zone euro.
Hausse de 10% sur de l’Indice de Fonction Publique
L’OFCE rappelle que l’indice fonction publique « a augmenté bien moins rapidement que les prix » depuis le début des années 2000. Si cette baisse de l’indice a pu être compensé par des promotions au sein des grilles, l’acquisition d’une technicité, des primes ou des mesures sectorielles de revalorisations salariales… « la nette réduction de l’indice par rapport à l’inflation peut compromettre l’attrait de certaines carrières dans le secteur public », soulève l’organisme de conjoncture. Ce phénomène a pour conséquence une baisse considérable du pouvoir d’achat en début de carrière, « particulièrement pour les métiers où les primes constituent une part minime de la rémunération ».
Le coût estimé de la hausse de 10% de l’indice est de 23 milliards pour les finances publiques, soit 0,8 point de PIB. Cette augmentation du point d’indice favoriserait la proportion à épargner mais aussi la consommation des salariés du public. Ainsi « l’effet attendu sur le PIB serait de l’ordre de 16 milliards, ce qui permettrait d’améliorer à court terme la croissance du PIB de 0,6 point », observent les experts de l’OFCE. Grâce à cette contribution positive, le coût budgétaire de cette mesure serait de 0,5 point de PIB.
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