Bien que la discrimination fondée sur l’âge dans le monde du travail soit une question qui concerne les femmes, elle est rarement défendue par les organisations de femmes.
Le plus récent article du National Women’s Law Center (NWLC) sur son site Web et qui contenait les mots « discrimination fondée sur l’âge » dans son titre a été publié il y a plus de dix ans. Qui plus est, bien qu’il y soit fait mention de manière plus générique sous le terme « discrimination en milieu de travail », le NWLC ne mentionne pas la discrimination fondée sur l’âge dans le milieu du travail comme étant un problème d’importance pour les femmes. Il en va généralement de même pour la National Organization for Women.
Bien que les deux organisations défendent les droits des femmes, elles semblent davantage axées sur les droits des femmes jeunes et d’âge moyen. Cependant, force est de se demander si les femmes âgées sont invisibles, même pour les groupes défendant les droits des femmes.
Emily Martin, vice-présidente à l’éducation et de la justice en milieu de travail du NWLC, affirme que l’organisme travaille en collaboration avec d’autres quant aux difficultés rencontrées par les femmes âgées sur leurs lieux de travail. Entre autres, elle ajoute que le National Women’s Law Center se fait actuellement l’avocat du « BE HEARD in the Workplace Act (Loi nommée ‘Soyez entendus sur votre lieu de travail’) », projet de loi contre le harcèlement sous toutes ses formes en milieu de travail.
Mme Martin indique que le projet de loi BE HEARD serait la première proposition fédérale exhaustive visant à lutter contre le harcèlement en milieu de travail à l’ère du mouvement #MeToo. Elle a également déclaré que la loi éliminerait, entre autres choses, les limitations sur les dommages-intérêts accordés aux femmes âgées de plus de 40 ans qui engagent des poursuites pour harcèlement fondé sur l’âge en vertu de la loi sur la discrimination fondée sur l’âge dans l’emploi (ADEA).
Pourtant, le harcèlement ne semble pas être le problème le plus urgent pour les femmes âgées en milieu de travail.
En 2018, Lynda Gratton, professeur de gestion à la London Business School, affirme que l’âgisme est « bien pire encore » pour les femmes que le sexisme. Pour elle, l’âgisme au travail commence à l’âge de 40 ans pour les femmes et de 45 ans pour les hommes. À ce moment-là, l’employeur ne prend plus en compte la possibilité d’offrir une promotion ou une formation.
Les recherches montrent que les femmes sont les premières victimes de la discrimination fondée sur l’âge à l’embauche, ce qui signifie que les femmes sont chassées du marché du travail plus tôt que les hommes et qu’elles rencontrent beaucoup plus de difficultés à trouver un moyen de revenir sur le marché.
Une étude historique réalisée en 2015 par trois économistes a conclu que la discrimination fondée sur l’âge à l’embauche est particulièrement néfaste pour les femmes. Les chercheurs ont envoyé des curriculum vitae fictifs en réponse à 40 000 offres d’emploi et ont constaté que les rappels étaient beaucoup plus élevés pour les groupes plus jeunes, peu importe le type d’emploi annoncé. Mais les femmes plus âgées avaient le moins de rappels. L’étude a porté sur une douzaine de villes, dont New York, Chicago, Los Angeles et Boston. Résultats :
Pour la seule profession où les chercheurs ont étudié à la fois les hommes et les femmes – ici les ventes – il y avait « des preuves beaucoup plus fortes de discrimination à l’encontre des femmes âgées que des hommes âgés ». « À travers les nombreuses analyses que nous présentons, la preuve de discrimination fondée sur l’âge à l’égard des femmes âgées est plus flagrante, tandis que celle à l’égard des hommes âgés est moins claire. »
Les auteurs suggèrent que les femmes âgées sont davantage victimes de discrimination fondée sur l’âge que les hommes âgés parce que les lois sur la discrimination fondée sur l’âge ne traitent pas du fait que les femmes âgées sont victimes de préjugés liés à l’âge et au sexe. De plus, les chercheurs soulignent que la société met davantage l’accent sur l’apparence physique des femmes que sur celle des hommes.
Emily Martin dit que le NWLC met l’accent sur la connexion entre la discrimination fondée sur le sexe et celle fondée sur l’âge et sur les problèmes qui représentent une « pénalité économique » cumulative à l’égard des femmes. Par exemple, les femmes gagnent moins que les hommes pour le même travail et l’écart salarial augmente avec l’âge. En même temps, Emily Martin admet « qu’il est possible et nécessaire d’en faire davantage… Je ne dis pas que nous pouvons tout régler ».
Une étude réalisée en 2016 par le National Institute on Retirement Security a révélé que les femmes sont 80 % plus susceptibles que les hommes d’être victimes d’appauvrissement à 65 ans et plus, tandis que les femmes âgées de 75 à 79 ans sont trois fois plus susceptibles que les hommes de vivre dans la pauvreté. Les femmes veuves sont deux fois plus susceptibles de vivre dans la pauvreté que leurs homologues masculins.
Une partie du problème des préjugés liés à l’âge tient au fait qu’ils sont si profondément enracinés dans la pensée humaine collective qu’ils ne sont souvent pas reconnus. Le gérontologue Robert N. Butler, premier directeur de l’Institut national du vieillissement, a déclaré que l’âgisme reflète un profond malaise chez les jeunes et les personnes d’âge moyen – une répulsion personnelle et un dégoût pour le vieillissement, la maladie, le handicap, la peur de l’impuissance, l’inutilité et la mort.
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