OTAN : La Turquie lève son veto à l’entrée de la Suède et de la Finlande

La levée du veto turc à l’adhésion de la Suède et de la Finlande à l’OTAN va ouvrir la voie au plus grand élargissement de l’Alliance depuis 2004. Cet élargissement modifiera radicalement la géographie stratégique de l’Europe.

La décision a été prise à l’ouverture du sommet de l’OTAN à Madrid, mardi 28 juin. « Nous avons tenu une réunion approfondie avec le président de la Turquie Recep Tayyip Erdoğan et la Première ministre de la Suède Magdalena Anderson, encouragée par le secrétaire général de l’OTAN Jens Stoltenberg », a annoncé Sauli Niinistö, le président de la Finlande.

Les gouvernements finlandais et suédois ont fait part de leur intention de joindre l’Alliance en avril dernier, six semaines après le début de la guerre en Ukraine. Durant des décennies, la Suède et la Finlande ont maintenu une forme de non-alignement avec les pays occidentaux, coordonnant et formant leurs forces avec l’OTAN, mais évitant de s’engager dans un traité.

L’attaque brutale de la Russie contre l’Ukraine a tout changé. L’opinion publique suédoise et finlandaise s’est rapidement prononcée en faveur de l’adhésion à l’OTAN. L’article 5 du Traité de l’Atlantique Nord oblige les États parties à se défendre mutuellement en cas d’attaque.

Dans un premier temps, la Turquie a fait obstacle à l’adhésion de la Suède et de la Finlande. Le Traité de l’Atlantique Nord exige le consentement unanime des États parties avant qu’un nouvel État puisse adhérer à l’OTAN. Recep Tayyip Erdoğan s’y est opposé, accusant injustement la Suède et la Finlande de soutenir deux groupes militants kurdes, le PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan) et les YPG (Unités de protection du peuple).

En mettant son veto à l’adhésion de la Suède et la Finlande, il est également possible que le président turc ait cherché à obtenir des accords favorables sur l’armement occidental, y compris potentiellement des mises à niveau pour les chasseurs F-16.

À Madrid, les responsables suédois et finlandais ont réaffirmé leur engagement dans la lutte contre le terrorisme. Cette déclaration ainsi que les contrats d’armement annoncés dans les jours à venir étaient manifestement suffisants pour Ankara. « Les étapes concrètes de notre adhésion à l’OTAN seront approuvées par les Alliés au cours des deux prochains jours, mais cette décision est désormais imminente », a déclaré Sauli Niinistö.

En rejoignant l’OTAN, la Finlande apportera à l’Alliance 24 000 soldats actifs, 100 avions de guerre et des dizaines de navires de guerre, tandis que la Suède apportera 15 000 soldats actifs et un nombre similaire d’avions et de navires.

Les effectifs supplémentaires ne sont pas très importants dans une Alliance qui compte déjà 3,5 millions de soldats. Les changements géographiques sont sans doute plus importants. Avec l’adhésion de la Finlande et de la Suède à l’OTAN, l’Alliance s’étend sur toute la frontière terrestre de la Finlande avec la Russie et entoure quasiment toute la mer Baltique.

Ce dernier point est essentiel. Les membres des plus vulnérables de l’OTAN, à savoir la Lettonie, la Lituanie et l’Estonie, sont pris en sandwich entre la Russie et Kaliningrad, l’exclave balte de la Russie. « L’OTAN aurait certainement besoin de troupes en Finlande et en Suède pour défendre les États baltes », a expliqué le Council on Foreign Relations.

En admettant la Finlande et la Suède, l’OTAN dispose d’une myriade de bases aériennes, de ports et de lignes de communication au nord de la Lettonie, de la Lituanie et de l’Estonie, ce qui facilite le renforcement rapide de ces trois pays en cas d’attaque russe.

Article traduit de Forbes US – Auteur : David Axe

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