Candidat pour la troisième fois à l’élection présidentielle, Nicolas Dupont-Aignan a accepté de répondre à nos questions. Pour le leader de Debout la France, la pérennisation de l’économie française passera par le patriotisme de nos chefs d’entreprise.
La French Tech compte aujourd’hui plus d’une vingtaine de licornes à son actif. La “start-up nation” imaginée par Emmanuel Macron a-t-elle tenu ses promesses selon vous ?
Nicolas Dupont-Aignan : Pour moi, ce n’est rien de plus que du vent ! Je me réjouis quand les start-up françaises créent de l’emploi et qu’elles investissent en France. Mais aujourd’hui, on nous parle de « start-up nation » pour dissimuler l’effondrement du tissu productif. Quand de grandes industries ferment leurs usines en France, quand on voit que l’automobile française est en train de faire faillite, quand on voit nos usines d’automobile délocalisées les unes après les autres, force est de constater que la « start-up nation » n’est que de la poudre aux yeux pour dissimuler la réalité économique française. Nous sommes en train de détruire notre industrie.
Nous avons atteint cette année, en France, le plus grand déficit commercial jamais enregistré. Nous avions 81 milliards de déficits en 2020 et en novembre 2021, nous avons atteint les 9 milliards. La situation est dramatique. Donc on peut se dire qu’on a atteint 25 licornes en 2022, mais la réalité, c’est que la France est en train de faire naufrage. Tout cela est masqué par le « quoi qu’il en coûte » de Macron.
Si vous êtes élu en avril prochain, est-ce que l’entrepreneuriat fera partie de vos priorités ? Quelles mesures allez-vous prendre en la matière ?
Les start-up sont très importantes pour notre économie et il est évident pour nous de les soutenir. En revanche, si elles sont établies sur un environnement économique qui s’effondre et que tout est produit à l’étranger, le problème ne sera pas de les soutenir, mais de les inciter à produire français. Nous sommes, je vous le rappelle, en déficit commercial. On ne pourra pas rester longtemps déficitaire car sinon, notre pays va être mis en faillite à très court terme.
Nous avons également un réel problème avec l’après start-up. Nos meilleures jeunes pousses partent trop souvent à l’étranger et sont rachetées par de grands groupes internationaux. Nous devons mettre en œuvre des politiques organisées avec des groupes français pour garder nos pépites en France. Il faut une stratégie nationale comme ce qu’avait fait le général De Gaule avec Airbus. Nous avons des talents incroyables, il y a eu des efforts du gouvernement que je ne nie pas, mais le tort d’Emmanuel Macron, c’est de croire que la loi du marché va sauver la France , ce n’est pas vrai.
Nicolas Dupont-Aignan : Il faut rompre avec les traités de libre-échange européens qui nous sont défavorables pour défendre nos intérêts. Ce qu’Emmanuel Macron n’a pas fait.
Pensez-vous que la technique et l’innovation sont à même de trouver une solution à l’équation climatique ?
L’innovation technologique est pour moi la seule solution au problème climatique avec la taxation carbone aux frontières européennes. La France représente aujourd’hui 0,9 % des émissions de gaz à effet de serre. On peut donc faire toutes les économies possibles pour diminuer nos émissions, on ne pourra rien changer face à des pays beaucoup plus polluants qui ne mettent en place aucune mesure.
Quelles ambitions pour les entreprises françaises et leur faculté à faire le poids sur la scène économique mondiale ?
Si les entreprises françaises ont un marché national fort, compétitif et qu’elles ont une stratégie, nous les aiderons. Nous avons le devoir de mettre en place des mesures qui agissent en profondeur, et pour cela, nous devons jouer sur la commande publique. Mon ambition est que 75 % de nos commandes publiques soient destinées à des entreprises qui produisent en France. Il faut rompre avec les traités de libre-échange européens qui nous sont défavorables pour défendre nos intérêts. Ce qu’Emmanuel Macron n’a pas fait.
Est-ce possible de concilier patriotisme économique et mondialisation ?
Oui, il est évidemment possible de concilier le patriotisme économique et la mondialisation à condition de mettre en place une stratégie de baisse des charges pour rendre attractive la production française. C’est le même principe que le crédit impôts recherche. Il coûte cher, mais c’est un grand succès ! Pourquoi les entreprises ont relocalisé des centres de recherche en France ? Parce que c’est rentable. Il nous faut faire la même chose pour la production.
Nicolas Dupont-Aignan : Je rétablirai l’impôt sur les très grandes fortunes (ITGF). Cet impôt ciblera les fortunes supérieures à 5 millions d’euros.
Comment assurer notre souveraineté économique et technologique face à la Chine, aux États-Unis et aux Gafam ?
C’est un vaste problème, je pense sincèrement que nous devons affirmer notre souveraineté à l’échelle européenne. Pour y parvenir, il nous faut un projet de coopération de quelques pays européens comme nous avons fait pour Airbus. Je pense également que nous devons, comme les Chinois l’ont fait, créer nos propres GAFAM européens. Il n’y a pas d’autres solutions. Soit des pays d’Europe décident d’investir massivement et à perte au départ pour créer nos GAFAM, soit nous serons rayés de la carte face au Chinois et aux Américains.
Face à notre dépendance aux matières premières et la chaîne d’approvisionnement mondiale qui nous les achemine, une relocalisation est-elle possible ? Comment y parvenir ?
Comme tous les pays du monde, nous allons continuer à acheter nos matières premières, nous ne pouvons pas tout relocaliser. Par contre pour être à même de les acheter, il faut que l’on puisse vendre des produits. Pour cela, nous devons , à l’instar des États-Unis, de la Chine ou de l’Allemagne, contraindre les pays qui veulent vendre en France à s’implanter chez nous.
Est-ce que la théorie du ruissellement est valable selon vous ? Permettrait-elle plus de croissance et d’innovation ?
La théorie du ruissellement n’a pas fonctionné. Il n’y a pas eu de ruissellement, il y a eu de la prédation. Ça n’a ruisselé que sur les milliardaires et non pas sur le pays. Il n’y a qu’à voir l’étude qu’a rendu publique l’Oxfam, les oligarques s’en sont mis plein les poches grâce à des réformes fiscales et n’investissent plus en France. Je n’ai aucun souci à ce que les entreprises gagnent de l’argent dans notre pays. En revanche, elles doivent investir dans l’Hexagone.
Cependant, la théorie du ruissellement est une théorie qui peut fonctionner. Pour cela, il faut mettre en place des mécanismes incitatifs, comme je le propose, qui orientent le ruisseau vers le sol français. C’est-à-dire que des entreprises aient des baisses de charges qui vont de pair avec le patriotisme des chefs d’entreprise quand ils décident de s’implanter ou de relocaliser sur notre sol.
Comment ferez-vous si êtes élus pour inciter les grandes fortunes françaises à investir dans notre économie ?
Je rétablirai l’impôt sur les très grandes fortunes (ITGF). Cet impôt ciblera les fortunes supérieures à 5 millions d’euros (hors résidence principale si elle est en France). Par contre, si ces grandes fortunes investissent plus de la moitié de leur argent dans des entreprises qui produisent en France, elles seront exonérées d’ITGF.
<<< À lire également : « Si j’étais candidat… » | Rendre obligatoire l’assurance chômage des dirigeants >>>
Vous avez aimé cet article ? Likez Forbes sur Facebook
Newsletter quotidienne Forbes
Recevez chaque matin l’essentiel de l’actualité business et entrepreneuriat.
Abonnez-vous au magazine papier
et découvrez chaque trimestre :
- Des dossiers et analyses exclusifs sur des stratégies d'entreprises
- Des témoignages et interviews de stars de l'entrepreneuriat
- Nos classements de femmes et hommes d'affaires
- Notre sélection lifestyle
- Et de nombreux autres contenus inédits