L’ancien Premier ministre Manuel Valls étudierait la possibilité de se porter candidat à la mairie de Barcelone, sa ville de naissance, sous la bannière de Ciudadanos, parti hostile à l’indépendance de la Catalogne, et actuellement en discussion avec La République En Marche ! pour fédérer un pôle progressiste au parlement européen.
Après son cuisant revers à la primaire de « la belle Alliance populaire », où il fut surclassé par Benoît Hamon, et sa victoire aux forceps lors des élections législatives où il a sauvé de justesse son siège de député de la 1ère circonscription de l’Essonne, Manuel Valls pourrait tenter une « nouvelle expérimentation électorale » : se porter candidat à la mairie… de Barcelone au printemps 2019 ! L’ancien premier ministre, espagnol de naissance – il a vu le jour à Barcelone et a été naturalisé français à l’âge de 20 ans – n’a, en effet, aucune contrainte réglementaire pour présenter sa candidature. En effet, depuis le Traité de Maastricht de 1992, les citoyens de l’Union européenne résidant dans un autre Etat membre que leur pays d’origine peuvent voter et présenter leur candidature aux élections municipales et européennes dans les mêmes conditions que les nationaux. L’ex-ministre de l’Intérieur, farouchement hostile aux visées indépendantistes, étudierait sérieusement cette possibilité. « Cela m’intéresserait de continuer à participer au débat sur l’indépendance et je vais l’étudier, » a déclaré Manuel Valls dans un entretien à la chaîne de télévision espagnole TVE.
Disparu un temps des écrans radars, celui qui est désormais rattaché au groupe parlementaire « LaRem » est revenu petit à petit sur le devant de la scène faisant notamment entendre sa voix autour des questions relatives à la laïcité. Il a, par exemple, « tancé » le président de la République lorsque celui-ci a évoqué le « lien abîmé entre l’Eglise et l’Etat », lui rétorquant sur Twitter : « La loi de 1905, toute la loi, rien que la loi ». Comme évoqué en préambule, Manuel Valls pourrait concourir sous les couleurs de Ciudadanos qui ne dirige, pour l’instant, aucune grande ville espagnole mais qui a remporté les élections catalanes du 21 décembre dernier. Le parti, dirigé par Albert Rivera, mène par ailleurs des discussions avec la République En Marche ! afin de fédérer un pôle progressiste au parlement européen dans la perspectives des élections de 2019. « Je peux vous confirmer que Ciudadanos est ouvert à l’idée que des gens comme M. Valls soient sur nos listes électorales », a déclaré Albert Rivera. Et d’ajouter «Je ne vais pas nier que nous allons ouvrir les portes aux talents, que nous allons sortir vainqueurs des élections ».
La Catalogne, 1/5e du PIB espagnol
Car l’enjeu est de taille pour une région qui représente 1/5e du PIB espagnol. Du point de vue économique, plusieurs établissements bancaires ont fait leurs valises au lendemain du référendum d’autodétermination. la CaixaBank, troisième banque espagnole et première entreprise de Catalogne par la capitalisation boursière, a d’ores et déjà annoncé le transfert de son siège social de Barcelone vers Valence. De son côté, La fondation Caixa (Fundació Bancària ‘la Caixa’), qui gère CriteriaCaixa, la holding de contrôle de Caixabank, avait, quant à elle, annoncé le déménagement de son siège de Barcelone à Palma de Majorque tant que la Catalogne sera en proie à des turbulences politiques. Cet « exode » avait à l’époque été facilité par les autorités espagnoles par l’intermédiaire d’un décret permettant ces déménagements qui n’ont plus à être validés par l’assemblée générale des actionnaires et peuvent être entérinés par le seul conseil d’administration.
« Le projet séparatiste est mort avec la réponse du roi et de l’Europe, mais les idées indépendantistes vont perdurer et le processus sera long parce que la société est très divisée » a analysé Manuel Valls, pour qui les plaies ouvertes lors de la tenue du référendum d’autodétermination d’octobre dernier seront difficiles à refermer. Dans ce contexte, comment sera accueillie la candidature d’un ancien chef de gouvernement d’un pays voisin ? Si Manuel Valls n’a pas, pour l’instant, clairement dévoilé ses intentions, Albert Rivera, chef de file de Ciudadanos, a confirmé que l’ancien membre du PS envisageait « la possibilité d’être candidat », sans préciser de quel côté venait l’initiative. Après une année électorale 2017 résolument poussive, Manuel Valls va-t-il se donner un second souffle politique au printemps 2019 sur la terre qui l’a vu naître ? Le mystère reste (pour l’instant) entier.
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