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Bientôt Une Loi Pour Archiver Les Tweets De Donald Trump ?

© Getty Images

Obliger les archives nationales à conserver les tweets présidentiels et ses autres interactions de Donald Trump sur les réseaux sociaux ? C’est la proposition de loi très sérieusement émise par un élu démocrate de la chambre des Représentants.

En dépit de son statut de président des Etats-Unis, l’ancien magnat de l’immobilier n’a absolument pas rompu avec les habitudes de son « ancienne vie » et continue de faire de Twitter sa caisse de résonnance favorite, se complaisant parfaitement dans le rôle de « twitto compulsif ».  Au point même parfois, via ses « coups de gueule » et autres critiques tous azimuts, de faire vaciller le cours de Bourse des entreprises victimes de sa vindicte. Boeing, dans le collimateur présidentiel, après l’annonce du coût pour le renouvellement deux appareils « Air Force One » de la flotte présidentielle, et Lockeed Martin, cloué au pilori pour le prix « prohibitif » de son avion de combat F-35 peuvent en témoigner. Difficile voire impossible de contenir « la furia Trump » sur les réseaux sociaux, notamment sur le site de microblogging utilisé comme un média à part entière par le président américain, comme le souligne notre contributeur Clément Léonarduzzi, président d’Ella Factory.

« Donald Trump a animé la campagne américaine en bluffant tous les commentateurs par sa capacité à utiliser Twitter comme une arme de communication massive et performante. Loin des tweets ternes et plats des politiques, il a bâti sa propre grammaire autour de quelques grands principes. » Et de poursuivre.  « Depuis le milieu de l’année 2011 (il s’est inscrit en 2009), Twitter est son canal privilégié de communication, il l’utilise comme un média à part entière comme pourrait l’être un journal à son nom. Il commente, insulte ou éructe le tout-venant sans aucun filtre, n’hésitant pas à manier à dessein l’outrance ». Mais au-delà de faire étalage de ses humeurs comme évoqué en préambule, la communication présidentielle peut s’avérer périlleuse à plus d’un titre, notamment lorsqu’il est question de sécurité nationale. C’est en ce sens que le représentant démocrate de l’Illinois souhaite le « strict » encadrement des prises de paroles de Donald Trump, les considérant – comme souligné par le porte-parole de la Maison Blanche lui-même- comme des prises de parole officielle du président des Etats-Unis. 

Nom de code : « Covfefe »

La proposition de loi baptisée « Covfefe » – du terme « barbare » utilisé il y a près de deux semaines par le président dans un message inachevé sur Twitter (certains exégètes évoquant une faute de frappe et voulait écrire « coverage » pour dénoncer la couverture de la presse), ce « mot » a fait grand bruit et déclenché de nombreuses plaisanteries et sarcasmes sur les réseaux sociaux. Le mystère s’était même épaissi quand le porte-parole de la Maison Blanche Sean Spicer avait déclaré : « Le président et un petit groupe de gens savent exactement ce qu’il voulait dire. » Après la nuit, le message avait été effacé et suivi d’un autre, ironique : « Qui peut trouver la vraie signification de covfefe ??? Amusez-vous ! »

Ce qui a poussé  cet élu démocrate, à faire montre d’une certaine créativité, en baptisant ce projet de loi… « Covfefe » pour « Communications Over Various Feeds Electronically For Engagement Act (COVFEFE) (loi sur l’engagement des communications sur divers réseaux électroniques). Grâce à celle-ci, les messages de Donald Trump sur Twitter – aussi bien ceux émanant du compte @realDonaldTrump que du compte officiel de la Maison Blanche @POTUS-, des coups de sang envers Boeing ou Lockeed Martin aux invectives concernant l’ancien directeur du FBI James Comey, pourraient être préservés dans les archives présidentielles.

« Parole libre »

« Si le président utilise les réseaux sociaux pour faire de soudaines déclarations publiques, nous devons garantir que ces annonces sont consignées et préservées pour consultation ultérieure », a déclaré le démocrate, membre de la Commission du renseignement de la Chambre, dans un communiqué. Et de poursuivre. « Les tweets sont influents, et le président doit être tenu responsable de chaque message », a-t-il ajouté. En outre, la loi projette d’interdire au président d’effacer ses messages, comme il l’a parfois fait, notamment dans l’affaire « covfefe ». En ligne, des sites sont déjà pied d’œuvre et tournent à plein régime afin d’archiver- d’ores et déjà – tous les tweets présidentiels.

L’idée, en tout cas, de voir Donald Trump mettre la « pédale douce » sur Twitter a fait long feu. Beaucoup d’observateurs estimaient, en effet, qu’avec le « poids des responsabilités » le nouveau président se calmerait avec son usage frénétique des réseaux sociaux. Il n’en fut strictement rien. Bien au contraire, comme le souligne Clément Léonarduzzi. « C’est sa part de vérité et même un part de sa légitimité. Trump sans twitter n’est plus Trump. Son compte twitter est le garant de son indépendance vis-à-vis des lobbys qui prétendaient prendre le contrôle de la Maison Blanche ».

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