Le chef de l’Etat a, dans une mise en scène inédite et déconcertante, sous les caméras de télévision et les flashs des photographes, signé les deux textes de promulgation de la loi de moralisation de la vie publique. Une première en France.
Les signatures de textes de lois de la main du président, étaient, jusqu’à présent, résolument opaques en France. A l’inverse, aux Etats-Unis, chaque promulgation législative donne lieu à une mise en scène médiatique savamment orchestrée du président dans le bureau ovale, signant ledit texte sous l’œil averti des caméras de télévision. Mais depuis ce matin, quelque chose a changé et ce « modus operandi » a traversé l’Atlantique car Emmanuel Macron a, en direct, posé son paraphe sur les textes relatifs à la loi de moralisation de la vie publique, la ministre de la Justice Nicole Belloubet et le porte-parole du gouvernement et secrétaire d’Etat aux relations avec le Parlement se tenant debout à ses côtés et attendant patiemment l’imprimatur présidentiel.
En effet, pour donner une certaine forme de solennité à la première promulgation de loi du quinquennat – mais également envoyer le signal de l’avènement d’une nouvelle époque ? -, l’Elysée avait autorisé les télévisions à filmer cette signature dans le bureau présidentiel, une pratique inhabituelle pour cette formalité juridique. Pour rappel, en France, seule la signature de contrats industriels avec un pays partenaire donne traditionnellement lieu à une médiatisation similaire. « Le président a souhaité donner toute la solennité nécessaire à ce moment qui concrétise un engagement pris devant les Français », a, par la suite, expliqué Christophe Castaner devant la presse, évoquant un « rendez-vous historique dans le rapport entre les Français et leur classe politique ».
Fin des emplois familiaux
Avant cela le chef de l’Etat était revenu « aux fondamentaux » à savoir le contenu de ce texte. « Ces deux lois sont des engagements de campagne importants qui constituent une vraie rénovation de la vie politique. Ce que nous avions promis, nous l’avons fait », a souligné le chef de l’Etat en récapitulant les points clés de la loi votée après une campagne électorale marquée par les affaires. Mais de rappeler également que le combat vers la moralisation de la vie publique ne faisait que commencer. « C’est une avancée importante, tout n’est pour autant pas fait. Il y aura encore beaucoup à faire, des pratiques à changer et un texte seul ne suffit pas ».
Et de dérouler les points clés du texte, comme autant de promesses tenues pendant sa course à l’Elysée. « L’impossibilité d’embaucher des membres de sa famille est maintenant promulguée, l’impossibilité d’être élu quand on a un casier judiciaire B2 est aujourd’hui promulguée, l’impossibilité de ne pas rendre compte de ses indemnités est aujourd’hui promulguée », a-t-il énuméré, avant de remercier l’ex-garde des Sceaux François Bayrou, initiateur du texte, et celle qui lui a succédé, Nicole Belloubet. Car, en effet, s’il y a un grand absent c’est bien le président du MoDem qui a porté, pour ne pas dire ancré en lui, ce projet de loi depuis maintenant de nombreuses années.
« L’œuvre » de François Bayrou
Projet qu’il a renoncé à défendre, après avoir pourtant été nommé Place Vendôme en ce sens, à cause de soupçons planant autour de la rémunération et du travail effectif au Parlement Européen de certains assistants parlementaires de son parti. Une position intenable qui prêtait forcément le flanc au déferlement de critiques de l’opposition et au mal-être de la majorité. Un risque difficile à courir en début de quinquennat. A grands renforts de caméras de télévision et sous le crépitement des flashs des photographes, Emmanuel Macron semble avoir soldé « l’intermède Bayrou » qui n’existait encore que par l’intermédiaire de ce texte. Désormais promulguée, la loi sur la moralisation de la vie publique ne devrait plus interférer dans les débats. Tout comme la « voix » de François Bayrou devrait se faire plus discrète… même si l’homme a déjà prouvé par le passé qu’il ne fallait pas « l’enterrer » trop vite…
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