Les réfugiés ukrainiens se heurtent à de nouveaux obstacles dans les pays qui appliquent des restrictions en matière d’accès aux soins

Plus de 3 millions de réfugiés fuyant la guerre en Ukraine ont trouvé la sécurité et un abri dans les pays voisins, ce qui a été facilité par le fait que de nombreux pays européens ont assoupli les restrictions liées au Covid-19 au cours des dernières semaines. Cependant, de nombreux réfugiés se heurtent à des obstacles dans certains pays, tels que la preuve obligatoire de vaccination, qui pourraient les empêcher d’accéder à des services de transport et d’abri essentiels.

Faits marquants

• Les responsables en Pologne, qui a vu affluer près des deux tiers des 3 millions de réfugiés fuyant l’Ukraine, ont indiqué que le statut Covid-19 n’était pas une priorité aux postes frontières et que les cas d’hypothermie chez les jeunes enfants étaient la priorité.
• La Roumanie, qui a accueilli près d’un demi-million de réfugiés ukrainiens, a également levé récemment toutes les restrictions de voyage liées au statut Covid-19.
• Selon l’OMS, les pays qui acceptent les réfugiés ukrainiens leur offriront également accès à la vaccination, l’organisme mondial de santé ayant fait remarquer que « l’accès équitable aux vaccins est un droit pour tous, où qu’ils se trouvent ».
• La semaine dernière, l’Organisation mondiale de la santé a reconnu que l’Ukraine allait « sans aucun doute » connaître une augmentation des cas de Covid-19 à la suite de l’invasion russe, car seul un tiers environ de sa population est entièrement vacciné contre la maladie.
• L’organisme mondial s’est toutefois élevé contre l’idée que « les gens qui fuient les horreurs de la guerre apportent des choses avec eux ».
• Dans un avis publié la semaine dernière, la Commission européenne a exhorté les gens à prendre avec eux des documents de voyage valides si possible, mais a ajouté que l’absence de tels documents – y compris un certificat de vaccination Covid-19 – ne devrait pas constituer un obstacle pour les réfugiés entrant dans l’UE.

Nombre important

36.7%. C’est le pourcentage de la population ukrainienne qui a été entièrement vaccinée contre le Covid-19, selon le système de suivi des vaccinations de Bloomberg. Le taux de vaccination de l’Ukraine est l’un des plus bas d’Europe – en comparaison, 72,2 % des résidents de l’UE ont été entièrement vaccinés.

Tangente

Avant l’invasion de la Russie, les autorités sanitaires ukrainiennes ont eu du mal à déployer le vaccin Covid-19 dans le pays, principalement en raison de l’hésitation à grande échelle. Selon un rapport de CodaStory, ces divisions sur les vaccins ont été attisées par la propagande russe. L’année dernière, Moscou a fourni ses vaccins Spoutnik V aux territoires séparatistes de la région de Donbass, tandis que les responsables ukrainiens ont tenté de se procurer des vaccins en Europe. Kiev a alors interdit le vaccin russe – qui, à l’époque, n’avait pas été approuvé par les autorités européennes. Les médias financés par le Kremlin ont ensuite utilisé cette affaire pour accuser le gouvernement ukrainien de commettre un « génocide » de sa population à des fins politiques.

Contexte clé

Alors que les pays limitrophes de l’Ukraine semblent avoir assoupli les restrictions liées au Covid pour les réfugiés entrants, de nombreuses personnes se heurtent encore à des barrages routiers dans d’autres parties de l’Europe et en Amérique du Nord. La semaine dernière, dans la ville allemande de Stuttgart, des dizaines de réfugiés ont été contraints de dormir dans la salle d’attente d’une gare après s’être vu interdire l’accès aux hôtels en raison de l’absence de « preuves pertinentes » concernant leur statut Covid-19. En Italie, les Ukrainiens sans carnet de vaccination sont également confrontés à des difficultés, le Premier ministre Mario Draghi ayant déclaré que les réfugiés devront soit prouver qu’ils sont vaccinés, soit payer un test Covid-19 toutes les 48 heures pour accéder aux transports publics et aux hôtels. Le Canada, qui s’est engagé à accueillir un nombre « illimité » de réfugiés, permettra aux Ukrainiens non vaccinés de demander l’asile. Mais ils devront se conformer à ses mesures de santé publique, notamment en se soumettant à un test avant d’embarquer sur un vol à destination du Canada et en respectant des quarantaines obligatoires. Les réfugiés ukrainiens qui tentent d’entrer aux États-Unis par leur frontière sud sont refoulés par les services d’immigration en raison de l’ordre de santé publique controversé de l’ère Trump, connu sous le nom de Titre 42, qui reste en place sous le gouvernement Biden. Cette mesure permet aux fonctionnaires d’expulser rapidement les migrants à la frontière sud et elle a été défendue par le gouvernement Biden devant les tribunaux comme un moyen d’empêcher la propagation du Covid-19.

Citation importante

Le Dr Mike Ryan, directeur exécutif du programme des urgences sanitaires de l’OMS, a déclaré la semaine dernière : « Faisons très attention à notre rhétorique parce que cela surgit toujours, que d’une certaine manière les gens qui fuient les horreurs de la guerre vont apporter des choses avec eux. Ce n’est pas le cas… Ces réfugiés qui fuient ne vont pas faire grimper les chiffres en Europe. L’Europe compte déjà beaucoup de cas de Covid-19, en l’état actuel des choses, et elle doit faire face à cela. Les réfugiés ukrainiens ne vont pas changer la donne à ce sujet ».

À surveiller

La crise en Ukraine survient à un moment où le nombre de cas, d’hospitalisations et de décès liés au Covid-19 en Europe approche ou dépasse des records, au moment même où les pays s’éloignent des restrictions liées à la pandémie. Selon les données agrégées par Our World In Data, le nombre de nouvelles infections est en hausse en France, au Royaume-Uni, en Irlande, en Suisse, en Finlande et en Italie. En Allemagne et en Autriche, les nouveaux cas approchent ou dépassent les records.

Article traduit de Forbes US – Auteur : Guerre en Ukraine : la Pologne demande une “mission de paix” à l’Otan >>>