Les oligarques russes proches de Vladimir Poutine sous le coup d’une sanction américaine en cas d’invasion de l’Ukraine

Aucune liste n’a pour l’heure été rendue publique. Toutefois, avec l’aide d’experts, Forbes a identifié les oligarques russes proches de Vladimir Poutine qui pourraient être sanctionnés en cas de conflit entre la Russie et l’Ukraine.

Au moins une douzaine d’oligarques russes, proches du président Vladimir Poutine, ont déjà été qualifiés de hors-la-loi économiques internationaux après l’invasion de l’Ukraine en 2014 et après l’ingérence de la Russie dans l’élection américaine en 2016. D’autres, en revanche, ont échappé aux mesures de répression. C’est le cas notamment de Roman Abramovitch, d’Alicher Ousmanov et de Leonid Mikhelson, dont la fortune globale s’élève à 58,3 milliards de dollars.

Le gouvernement Biden a dans un premier temps laissé entendre que Vladimir Poutine en personne pourrait faire l’objet de sanctions. En revanche, peu de détails ont fuité concernant les oligarques russes que les États-Unis envisagent de cibler. Jen Psaki, la porte-parole de la Maison-Blanche, a déclaré lundi 31 janvier que le gouvernement Biden avait identifié des personnes « dans le cercle restreint ou proche du Kremlin » qui « jouent un rôle dans la prise de décisions gouvernementales ou sont au minimum complices du comportement déstabilisateur du Kremlin. » Ces personnes sont vulnérables, a ajouté la porte-parole de la Maison-Blanche, « en raison de leurs profonds liens financiers avec l’Occident. »

En cas de sanctions, les personnes morales ou physiques perdent l’accès au système financier américain ainsi que tout actif relevant de la juridiction américaine. De telles sanctions ont déjà montré leur efficacité et ont permis au moins d’ébranler la richesse de certains oligarques russes.

En mars 2019, moins d’un an après que les États-Unis ont sanctionné le milliardaire Oleg Deripaska, celui-ci a poursuivi en vain le département du Trésor américain, affirmant qu’il était devenu « radioactif » pour tous ses collaborateurs dans le monde entier. Selon une enquête réalisée par Forbes, au cours des 11 mois qui se sont écoulés entre l’annonce des sanctions et son procès, sa fortune nette a chuté de 47 %, passant de 6,76 milliards de dollars à 3,58 milliards de dollars, principalement en raison de l’effondrement des actions de deux sociétés d’aluminium sous son contrôle : En+ Group et UC Rusal.

En 2018, un autre oligarque russe a été sanctionné : Viktor Vekselberg. Ce dernier a déclaré à Forbes Russie, dans une interview de février 2021, qu’il possédait plus de 1,5 milliard de dollars d’actifs à l’étranger auxquels il ne pouvait pas accéder sans la permission du département du Trésor américain. Cela peut sembler énorme, mais la fortune de Viktor Vekselberg s’élève à 9,3 milliards de dollars.

Voici les trois oligarques les plus susceptibles de se retrouver sur la liste du gouvernement Biden :

#1 Roman Abramovitch

Fortune nette : 13,8 milliards de dollars

Roman Abramovitch est l’un des plus célèbres oligarques russes. En effet, le milliardaire possède le club de football de Chelsea (Royaume-Uni). Bien que sa fortune nette comprenne des participations de plusieurs milliards de dollars dans les entreprises russes Evraz et Norilsk Nickel, 2,7 milliards de dollars de sa fortune personnelle sont liés au club de Chelsea.

Avec autant d’argent investi en Occident, l’on pourrait croire que Roman Abramovitch aurait déjà été ciblé par les précédentes séries de sanctions américaines. Toutefois, il a réussi à les éviter jusqu’à présent. Le chef de l’opposition du Kremlin, Alexeï Navalny, qui a été empoisonné en 2020 et qui est actuellement emprisonné, appelle depuis des années les pays occidentaux à sanctionner Roman Abramovitch ainsi qu’un autre oligarque, Alicher Ousmanov. Selon Alexeï Navalny, les sanctions n’ont pas fonctionné, car les pays occidentaux se sont abstenus de cibler les personnes qui détiennent réellement l’argent.

D’après un expert ayant travaillé avec le gouvernement russe, Roman Abramovitch a pour l’instant été épargné par les sanctions grâce à son amitié avec Ivanka Trump, la fille de l’ancien président américain, et son mari, Jared Kushner. Le couple entretenait une relation si étroite avec l’oligarque russe et son ex-femme, Dacha Joukova, qu’il les a mentionnés dans le formulaire d’habilitation de sécurité requis pour rejoindre le personnel de la Maison-Blanche.

À plusieurs reprises, Roman Abramovitch a été aperçu avec « Ivanka et Jared à Saint-Pétersbourg, Dubrovnik, Aspen, Saint-Barthélemy et New York », selon l’expert joint par Forbes. « Il était très proche d’Ivanka et de Jared, et ils l’ont couvert. »

Le couple n’a pas souhaité répondre aux questions de Forbes.

#2 Alicher Ousmanov

Fortune nette : 16,4 milliards de dollars

Alicher Ousmanov possède une participation importante dans le géant de l’acier Metalloinvest. En outre, grâce à Iouri Milner, le directeur général du fonds de capital-risque russe Digital Sky Technologies, il a été l’un des premiers investisseurs de Facebook. L’oligarque russe détient également des participations dans le géant technologique chinois Xiaomi, ainsi que dans d’autres sociétés de télécommunications, d’exploitation minière et de médias. À l’instar de Roman Abramovitch, Alicher Ousmanov n’est pas insensible au football anglais puisqu’il possédait 30 % d’Arsenal. En 2018, il a vendu sa participation pour 712 millions de dollars au milliardaire américain Stanley Kroenke, propriétaire des Los Angeles Rams.

En décembre 2021, la holding d’Alicher Ousmanov a vendu sa participation dans VK, un grand groupe internet russe, anciennement connu sous le nom de Mail.Ru, à Sogaz, une compagnie d’assurance détenue par l’allié de Vladimir Poutine, Iouri Kovaltchouk, dont la fortune nette s’élève à 3,6 milliards de dollars. Selon l’expert contacté par Forbes, Alicher Ousmanov a permis au président russe de résoudre de nombreux problèmes commerciaux. Par ailleurs, il travaille en étroite collaboration avec Andreï Skoch, un autre oligarque russe (fortune nette : 7,7 milliards de dollars) sanctionné par les États-Unis en 2018.

Les liens entre Alicher Ousmanov et Vladimir Poutine vont bien au-delà des affaires. L’oligarque est marié à Irina Viner, une entraîneuse légendaire de gymnastique rythmique qui a aidé Alina Kabaeva, soupçonnée d’être la maîtresse du président russe, à remporter la médaille d’or aux Jeux olympiques en 2004.

Étant donné que le gouvernement Biden cible les oligarques possédant des actifs en Occident, Alicher Ousmanov correspond parfaitement au profil avec son vaste portefeuille immobilier comprenant des propriétés disséminées partout en Europe. Il possède également deux grandes propriétés à Londres, Beechwood House et Sutton Palace, dont la valeur s’élève à 300 millions de dollars. Enfin, il possède des propriétés à Munich, à Monaco et en Sardaigne, entre autres.

#3 Leonid Mikhelson

Fortune nette : 28,1 milliards de dollars

Fondateur et président du producteur de gaz naturel Novatek, Leonid Mikhelson est également un partenaire commercial de Gennady Timchenko, un oligarque dont la fortune nette s’élève à 23,5 milliards de dollars, sous le coup de sanctions américaines depuis 2014. Sanctionner Leonid Mikhelson serait « le prolongement naturel des sanctions prises contre Timchenko, qui est le plus grand homme d’affaires du cercle de Poutine », indique l’expert contacté par Forbes.

Voici la liste des oligarques russes sanctionnés par les États-Unis depuis 2014 :

1. Gennady Timchenko
2. Oleg Deripaska
3. Viktor Vekselberg
4. Vladimir Bogdanov
5. Suleyman Kerimov
6. Igor Rotenberg
7. Arkadi Rotenberg
8. Boris Rotenberg
9. Kirill Chamalov
10. Andreï Skoch
11. Iouri Kovaltchouk

Article traduit de Forbes US – Auteur : Forbes Wealth Team

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