Les lois anti-tabac se durcissent en France

Aujourd’hui, l’image du bon vivant français, assis en terrasse, un verre de vin à la main et une cigarette dans l’autre, n’est plus aussi séduisante. Les nouvelles mesures anti-tabac annoncées par le gouvernement visent à soutenir l’objectif de créer « la première génération sans tabac » d’ici à 2032.

« Désormais, les espaces non-fumeurs seront la norme », a déclaré le ministre de la Santé, Aurélien Rousseau.

Bien que le tabagisme ait diminué en France, le pays compte encore 12 millions de fumeurs quotidiens parmi la population adulte, un niveau qui n’a pas changé depuis plusieurs années. Selon la dernière étude de Santé publique France publiée le 31 mai, un quart des adultes français fument quotidiennement. Les données d’Eurostat montrent que le pourcentage de fumeurs quotidiens en France est supérieur à la moyenne de l’Union européenne. Environ 22 % des personnes âgées de 15 ans et plus fument quotidiennement dans le pays, contre un peu moins de 19 % dans l’Union européenne.

Tabagisme : une habitude glamour ?

En France, les films, les œuvres d’art, les affiches et les publicités ont toujours glorifié le tabagisme. « Le cinéma français adore l’idée de montrer la cigarette à l’écran et cette pratique est présente dans presque tous les films du pays », a rapporté la BBC dans un article citant une étude de la Ligue contre le cancer.

« Le tabac reste quasi omniprésent dans les films français », rapporte la Ligue, ajoutant que jusqu’en 2021, « le tabagisme bénéficie en moyenne de 2,6 minutes de temps d’écran par film, soit l’équivalent de six publicités ». Le cinéma rend l’idée de fumer glamour et sexy ; on pense notamment aux films avec Jeanne Moreau et Brigitte Bardot pendant la Nouvelle Vague française. Quelques décennies plus tard, entre 2015 et 2019, le tabac est présent dans environ 90 % des 150 films étudiés par la Ligue.

Le côté « glamour » du tabagisme compte parmi les facteurs qui expliquent le nombre élevé de personnes qui fument depuis leur plus jeune âge. « La France peut se targuer d’avoir réduit son taux de tabagisme chez les jeunes à moins de 40 %, mais seuls 12 % des jeunes Allemands âgés de 12 à 17 ans ont fumé au cours des dix dernières années, et plus de 70 % d’entre eux n’ont même jamais essayé une cigarette. Si l’on compare cela au fait que l’âge moyen de l’expérimentation du tabac en France est d’un peu plus de 13 ans et demi, il est facile de comprendre pourquoi la France peut sembler être un paradis pour les fumeurs », écrit The Local.

Plus de pertes que de profits

Un rapport publié en août par l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT) a révélé que la France perdait plus d’argent en vies humaines et en campagnes de prévention contre l’alcool et le tabac qu’elle n’en gagnait en taxes sur ces produits, écrit Euronews.

Le tabagisme coûte à l’Etat 156 milliards d’euros en vies humaines, en perte de qualité de vie pour les patients atteints de cancers dus au tabagisme et en dépenses publiques de prévention et de soins, indique l’OFDT.

Avec 75 000 décès par an, le tabagisme représente la première cause de mortalité évitable dans le pays. Il tue environ 700 000 personnes chaque année représente la principale cause de décès prématuré dans l’Union européenne.

De nouvelles mesures sévères

Les nouvelles mesures du gouvernement visent à réduire le nombre de fumeurs en élargissant la liste des lieux où il est interdit d’allumer une cigarette, mais aussi en continuant à augmenter le prix du paquet de cigarettes. Bien qu’il soit interdit de fumer dans les restaurants, les cafés, les hôpitaux, les transports publics et les écoles en France depuis des années, la liste est désormais étendue aux plages, aux forêts et autres espaces verts appartenant à l’État, ainsi qu’aux abords des établissements scolaires.

« Il existe déjà 7 200 zones sans tabac en France, désignées par les municipalités. Ces zones comprennent les forêts du sud de la France qui présentent un risque élevé d’incendies de forêt », écrit Euronews.

Selon le nouveau plan, les zones non-fumeurs ne relèveront plus de la responsabilité des autorités locales. Le gouvernement central introduira des interdictions à l’échelle nationale.

Le prix moyen d’un paquet de cigarettes augmentera progressivement. Un paquet coûte aujourd’hui entre 10 et 11 euros et atteindra 12 euros en 2025 et 13 euros en 2027. À partir du 1er janvier, le prix augmentera de 40 à 50 centimes.

Pour empêcher les fumeurs de passer à d’autres types de produits, le gouvernement prévoit d’interdire les cigarettes électroniques jetables, de limiter les arômes et d’imposer un emballage neutre pour le vapotage. Ces nouvelles mesures constituent la base d’un vaste plan quadriennal de lutte contre le tabagisme qui sera appliqué par décret à partir du premier trimestre 2024, comme l’a annoncé la ministre de la Santé. « Moins le tabagisme sera visible, mieux ce sera pour la santé humaine », a déclaré au Parisien le président de l’Association Santé Respiratoire.

Pour l’Alliance contre le tabac, la hausse prévue est « nettement insuffisante ». Pour eux, il faudrait que le paquet de cigarettes coute entre 15 et 20 euros pour faire une réelle différence.

Le nouveau plan ne prévoit pas de nouvelles taxes sur le tabac en 2024. Or, pour le Comité national contre le tabagisme, « pour être efficace, l’augmentation des taxes doit être forte, répétée et continue ».

Le reste de l’Europe

Un rapport d’Eurostat sur « les pays les plus et les moins dépendants du tabac en Europe » place la Bulgarie en tête avec 28,2 % de la population consommant quotidiennement du tabac, suivie de la Turquie avec 27,3 %, de la Grèce avec 27,2 %, de la Hongrie avec 25,8 % et de la Lettonie avec 24,9 %.

La Suède, avec 9,3 %, est en tête de la liste des pays où le taux de tabagisme est le plus faible. L’Islande suit avec 11,2 %, la Finlande avec 12,5 %, la Norvège avec 12,9 % et le Luxembourg avec 13,5 %.

L’Organisation mondiale de la santé a dénoncé le tabac comme l’une des plus grandes menaces pour la santé publique dans le monde, tuant plus de huit millions de personnes par an.

Article traduit de Forbes US – Auteure : Cecilia Rodriguez

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