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GUERRES EN UKRAINE ET ETHIOPIE | Les décès liés aux conflits armés ont doublé, 2022 est l’année la plus meurtrière depuis le génocide rwandais

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Lviv, Ukraine, 12 juin 2023. Funérailles d'un soldat ukrainien mort au combat. | Source : Getty Images

Selon un nouveau rapport, les décès liés aux conflits armés dans le monde ont presque doublé au cours de l’année écoulée pour atteindre les niveaux les plus élevés de ce siècle.

 

Si l’invasion de l’Ukraine par la Russie en février 2022 a retenu l’attention des médias occidentaux, d’autres conflits ont été beaucoup moins médiatisés, notamment une guerre brutale de deux ans dans la région du Tigré, dans le nord de l’Éthiopie, qui s’est achevée par un accord de paix en novembre 2022, et l’instabilité persistante au Mali et au Myanmar.

Selon la dernière édition du Global Peace Index, publiée aujourd’hui par l’Institute for Economics & Peace (IEP), le nombre de décès dus aux conflits armés dans le monde a presque doublé l’année dernière, en grande partie en raison de la guerre en Ukraine et en Éthiopie.

Les chiffres du rapport sur la mortalité sont basés sur les recherches du Programme de données sur les conflits d’Uppsala(UCDP), géré par l’université suédoise d’Uppsala. L’UCDP a estimé que le nombre total de décès liés à la violence organisée est passé de 121 000 en 2021 à 238 000 en 2022, soit une augmentation de 96 %.

L’année 2022 est donc la plus meurtrière depuis 1994, année du génocide rwandais. La grande majorité de ces décès ont eu lieu en Ukraine (83 000) et en Éthiopie (107 000), ce qui en fait les deux conflits étatiques les plus meurtriers depuis la fin de la guerre froide.

« Le nombre de morts dans les conflits armés est le plus élevé depuis le génocide rwandais, qui a fait plus de 800 000 morts », a déclaré Steve Killelea, fondateur et président exécutif de l’IEP.

Selon le Global Peace Index, 91 pays, soit plus de la moitié des pays du monde, sont aujourd’hui impliqués d’une manière ou d’une autre dans un conflit extérieur, contre 58 en 2008. Plus de la moitié d’entre eux ont subi des pertes l’année dernière, 47 pays ayant enregistré au moins un décès dû à un conflit au cours de l’année.

Pour la plupart des pays, cette implication se fait à distance et prend la forme d’un soutien à un autre gouvernement luttant contre des rebelles armés ou des groupes terroristes. Sur les 91 pays, 13 agissaient seuls dans un conflit extérieur, 33 étaient impliqués dans une petite coalition et 45 dans une grande coalition de dix pays ou plus.

Le nombre de conflits réels est cependant en augmentation. Selon l’UCDP, 55 conflits armés étatiques étaient en cours en 2022, soit un de plus que l’année précédente. Parmi eux, huit avaient atteint le niveau de guerre et 22 étaient internationalisés, ce qui signifie que l’une des parties ou les deux recevaient le soutien de troupes d’un autre pays.

Les auteurs du Global Peace Index estiment que 79 pays ont vu leur niveau de conflit augmenter au cours de l’année, notamment l’Éthiopie, Israël, le Myanmar, l’Afrique du Sud et l’Ukraine. Dans l’autre sens, 84 pays ont enregistré une amélioration.

 

Les coûts économiques

L’impact de cette violence sur l’économie mondiale a été estimé à 17 500 milliards de dollars, ce qui équivaut à 13 % du PIB mondial, soit environ 2 200 dollars par personne. Cette hausse est principalement due à l’augmentation des dépenses militaires, qui résultent en grande partie de l’invasion de l’Ukraine par la Russie et des dépenses militaires connexes des pays directement et indirectement impliqués dans le conflit.

Dans l’ensemble du monde, l’Islande a conservé sa position de pays le plus pacifique, qu’elle occupe depuis 2008. Elle est suivie par d’autres pays occidentaux riches tels que le Danemark, l’Irlande, la Nouvelle-Zélande et l’Autriche.

L’Afghanistan a conservé son étiquette de pays le moins pacifique du monde, bien qu’il y ait eu quelques améliorations. Les incidents terroristes ont diminué de 75 % en 2022, et les décès en lien avec le terrorisme ont baissé de 58 %. Le nombre total de décès liés aux conflits dans le pays a chuté de 91 % en un an, passant de près de 43 000 à un peu plus de 4 000.

Le Yémen, la Syrie, le Sud-Soudan et la République démocratique du Congo suivent en bas du classement.

 

Les tendances récentes

Depuis le début de l’année 2023, des signes de progrès ont été observés dans certains conflits de longue durée, en particulier au Moyen-Orient.

Les combattants de la guerre au Yémen ont convenu d’un cessez-le-feu pour six mois en 2022 et, bien qu’il n’ait pas été renouvelé après octobre, les principales parties belligérantes ont largement continué à respecter les termes de l’accord depuis lors.

Depuis janvier, des signes indiquent qu’une fin plus formelle du conflit pourrait être en vue, grâce au rapprochement entre les rivaux régionaux que sont l’Arabie saoudite et l’Iran, qui sont impliqués dans des camps opposés dans cette guerre.

Ce rapprochement s’inscrit dans une tendance régionale plus large qui a vu un regain d’intérêt pour les initiatives diplomatiques visant à régler les différends, ce qui a permis au président syrien Bachar Al-Assad d’être récemment réintégré au sein de la Ligue arabe.

Cependant, tout ne va pas pour le mieux et les combats ont repris au Soudan depuis la mi-avril, lorsque des factions rivales du régime ont pris les armes l’une contre l’autre.

 

Article traduit de Forbes US – Auteur : Dominic Dudley

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