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Les conséquences sur le plan énergétique de l’expansion des BRICS

BRICS
Les ministres des Affaires étrangères des BRICS : Qin Gang (Chine), Mauro Vieira (Brésil), Naledi Pandor (Afrique du Sud), Sergueï Lavrov (Russie) et Subrahmanyam Jaishankar (Inde), le 1er juin 2023. | Source : Getty Images

En janvier, plusieurs rapports suggéraient que le groupe des BRICS voterait l’adhésion de l’Arabie saoudite lors de son sommet annuel en Afrique du Sud du 22 au 24 août. En réalité, les membres votants (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) sont allés plus loin la semaine dernière, en ajoutant cinq nouveaux pays membres, en plus de l’Arabie saoudite.

 

Les autres pays qui seront désormais admis au sein de l’alliance commerciale sont l’Argentine, l’Égypte, l’Éthiopie, les Émirats arabes unis (EAU) et l’Iran. Bien qu’il s’agisse d’une décision extraordinaire, aux implications géopolitiques potentiellement énormes, il est intéressant de noter que la presse et les gouvernements occidentaux ont jusqu’à présent réagi de manière plutôt discrète. Voici les huit conséquences sur le plan énergétique de l’expansion des BRICS :

Une part plus importante de la production mondiale de pétrole – Une analyse récente publiée sur VisualCapitalist.com révèle que les nouveaux BRICS, élargis, représenteront désormais collectivement 43 % de la production mondiale de pétrole brut. Selon une estimation récente de Statisa, l’OPEP contrôle 38 % du pétrole brut mondial. Les implications géopolitiques de cette réalité sont évidentes.

Une part plus importante de la production mondiale de pétrole. Une analyse récente publiée sur VisualCapitalist.com révèle que les nouveaux BRICS, élargis, représenteront désormais collectivement 43 % de la production mondiale de pétrole brut. Selon une estimation récente de Statisa, l’OPEP contrôle 38 % du pétrole brut mondial. Les implications géopolitiques de cette réalité sont évidentes.

Un niveau de domination économique plus élevé. Bien que certains observateurs aient affirmé dès décembre dernier que le PIB total des BRICS avait déjà dépassé celui du G7, l’ajout de ces six pays, y compris le PIB de l’Arabie saoudite qui s’élève à plus de mille milliards de dollars, met fin à tous les doutes. La même analyse de VisualCapitalist, basée sur des données publiques, montre que les BRICS contrôleront désormais 29 % du PIB mondial. Il est évident que l’énergie constitue un moteur important de cette domination économique.

Une plus grande coopération entre l’Arabie saoudite et la Russie. En tant qu’acteurs majeurs de l’alliance OPEP+, l’Arabie saoudite et la Russie ont souvent été en conflit dans la définition de la politique officielle de ce groupe. Cela s’est particulièrement vérifié en mars 2020, lorsqu’un conflit majeur entre les deux pays a temporairement entraîné une quasi-rupture de l’alliance et provoqué un effondrement majeur des prix du pétrole brut. Il sera intéressant d’observer si la coopération accrue entre les deux au sein de l’alliance commerciale plus large des BRICS permet d’aplanir d’autres conflits au sein des opérations de l’OPEP+.

Une nouvelle bifurcation des marchés pétroliers mondiaux. En plus de devenir une puissance majeure en ce qui concerne l’approvisionnement en pétrole brut, les BRICS abritaient déjà les premier et troisième plus grands importateurs de pétrole brut au monde, respectivement la Chine et l’Inde. Des analystes pétroliers comme Daniel Yergin, vice-président de S&P Global, ont noté depuis un an et demi la bifurcation croissante du commerce mondial du pétrole, qui résulte principalement de la guerre de la Russie contre l’Ukraine. Dans la mesure où cette expansion favorise des relations commerciales nouvelles et renforcées entre les partenaires des BRICS, elle ne fera que diviser davantage ce qui était auparavant un marché mondial unique pour la matière première la plus échangée au monde.

Diminution de l’influence des États-Unis et de l’Europe au Moyen-Orient ? Les dirigeants de l’Arabie saoudite ont persisté dans leur volonté d’adhérer aux BRICS malgré les efforts déployés par les États-Unis et d’autres pays occidentaux pour les convaincre de ne pas franchir le pas. Ces efforts américains comprenaient non seulement des actions de sensibilisation du département d’État, mais aussi une visite à Riyad, l’été dernier, du président Joe Biden lui-même.

Pourquoi ajouter l’Éthiopie ? Certains se demandent pourquoi l’Éthiopie a été ajoutée à l’alliance commerciale, compte tenu de son modeste niveau de puissance économique. La première motivation évidente est que l’Éthiopie est devenue un participant important de l’initiative chinoise « Belt and Road ». En janvier, le ministre chinois des Affaires étrangères, Qin Gang, a déclaré aux journalistes que « la Chine soutient l’Éthiopie pour qu’elle joue un rôle plus important dans les affaires internationales et régionales, et se tient prête à communiquer et à coopérer étroitement avec l’Éthiopie et à être des partenaires qui sauvegardent conjointement l’équité et la justice internationales ». En outre, l’Éthiopie occupe une position géographique stratégique, à l’embouchure de la mer Rouge, qui donne accès au canal de Suez, une voie commerciale clé pour le pétrole du Moyen-Orient et la plupart des autres produits de base.

Quel est le rapport entre l’admission de l’Égypte et l’énergie ? Ce n’est peut-être pas très connu, mais grâce à d’importantes découvertes faites depuis une vingtaine d’années, l’Égypte est aujourd’hui le 13e producteur mondial de gaz naturel. C’est plus que ce que produisent des puissances pétrolières comme les EAU, le Mexique et le Brésil, et cela a probablement joué un rôle dans la décision d’admission.

L’énergie a probablement aussi joué un rôle dans la décision de l’Argentine. Bien que l’Argentine ne soit pas actuellement une grande puissance pétrolière, sa zone de schiste de Vaca Muerta promet de devenir un acteur plus important sur les marchés mondiaux du gaz naturel, une fois qu’un grand projet de gazoduc actuellement en cours de développement sera achevé.

Malgré la couverture relativement modeste de la presse occidentale, cette expansion majeure de l’alliance des BRICS s’accompagne d’un large éventail d’implications géopolitiques potentiellement importantes. Il n’est pas surprenant que nombre de ces implications soient liées à l’influence accrue que le groupe exercera désormais sur les marchés mondiaux et les relations commerciales liées au pétrole brut et, dans une moindre mesure, au gaz naturel.

 

Article traduit de Forbes US – Auteur : David Blackmon

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