Les deux formations phares de la Ve République, le Parti socialiste (41 à 49 députés) et Les Républicains (125 à 133), pansent leurs plaies à l’issue d’un scrutin législatif qui réduit leur sphère d’influence dans les travées du Palais Bourbon à portion congrue. Dès lors, quel remède appliquer aux deux « grands brûlés » de l’année 2017 ?
Même si Les Républicains ont profité d’un léger sursaut, lors de ce second tour, force est de constater que la droite républicaine a quasiment divisé par deux sa présence dans l’Hémicycle. Mais le bilan de l’année 2017 des deux grandes formations politiques de la Ve République qui se relayaient au pouvoir depuis 1958 avec une régularité déconcertante, déconstruisant le gros œuvre de leur prédécesseur en accédant au pouvoir et ainsi de suite, est tout de même peu reluisant. Cette année électorale a clairement sonné le glas de l’alternance. Cinq ans de socialisme et une impopularité record du président de la République issu de ses rangs n’auront pas suffi à « redonner » le pouvoir à la droite républicaine dont la victoire semblait acquise à la fin de l’année 2016 lorsque François Fillon, fort de son écrasante victoire à la primaire de la droite et du centre – consultation inédite dans l’histoire de la droite, encore inféodée à la culture du chef – et terrassant le favori des sondages, Alain Juppé, semble inarrêtable dans sa course à l’Elysée. Mais les révélations du Canard Enchaîné à son encontre vont venir contrarier cette « jolie » feuille de route toute tracée. De 30% d’intentions de votes – contre 13 à 16% pour Emmanuel Macron – au mois de décembre, le confortable « matelas » de l’ancien Premier ministre de Nicolas Sarkozy, au gré des scandales révélés par le palmipède et consorts, va fondre comme neige au soleil pour finir à 19% au soir du 24 avril. Un score, s’il fut synonyme d’élimination pour le second tour, peut paradoxalement faire office de socle à la reconstruction. Car terminer ce long chemin de croix avec un François Fillon aux abois, mais auréolé de 19% des suffrages est véritablement un « prodige », signe que la droite est loin d’être un astre mort.
Mais s’ils veulent véritablement renaître, Les Républicains n’ont guère d’autre alternative que celle de la remise en question et du fameux « droit d’inventaire », hantise de toute formation politique à la croisée des chemins de son histoire. Mais l’ex-UMP, si elle n’a pas atteint le stade de décomposition avancée de son ancien meilleur ennemi socialiste, ne pourra pas s’épargner cette « période de réflexion », pour espérer renaître afin d’incarner une opposition pour l’instant en déliquescence. Surtout que « les coups de canif » à son unité sont légion depuis la victoire d’Emmanuel Macron, comme en atteste le ralliement d’Edouard Philippe, orphelin d’Alain Juppé, qui a trouvé refuge auprès du président de la République et s’est même vu confier la tête de son gouvernement. Sans oublier les « prises de guerre » Le Maire-Darmanin, appelés à tenir les cordons de la bourse du vaisseau-amiral France au regard de leurs maroquins à Bercy. Difficile dans ses conditions pour les Républicains de critiquer deux des leurs quand viendra le temps des lois de finances et autres mesures économiques impulsées par ce tandem. Si François Baroin, chef de file fantomatique des Républicains durant cette campagne législatives s’y est risqué, sa voix de stentor n’a pourtant pas porté au-delà de la rue de Vaugirard.
Trop de leaders chez les Républicains, aucun au PS ?
Les Républicains n’ont d’autre issue que de se réinventer et clarifier leur position. Si François Baroin, au regard de ses performances au rang de « pompier de service », n’a pas – doux euphémisme – fait l’unanimité, d’autres personnalités aux dents longues ne devraient pas faire mystère de leur intention de briguer la tête des Républicains « New Look » au congrès de novembre prochain. Premier sur la liste, Laurent Wauquiez, qui n’a jamais caché sa volonté de déplacer encore le curseur à droite, quitte à être sur une ligne de crête avec le FN. Ce qui aurait, de manière purement politique, le mérite de la clarté et, de facto, d’un positionnement identifié par l’opinion. Une manière de « casser en deux » les Républicains avec d’un côté la « droite des valeurs » incarnée par Laurent Wauquiez face à une droite « Macron compatible » au sein de laquelle Edouard Philippe, Bruno Le Maire ou encore Nathalie Kosciusko-Morizet pourraient jouer leur partition.
Un problème de leadership auquel n’est pas vraiment confronté le Parti socialiste, faute de leaders désireux de reprendre le flambeau après des élections législatives encore plus catastrophiques que l’écheance présidentielle et qui a balayé, dès le premier tour, bon nombre de figures de premier plan comme Benoît Hamon, Jean-Christophe Cambadélis – ce dernier ayant d’ailleurs annoncé sa démission de la direction du Parti et de son poste de premier secrétaire -, Aurélie Filippetti, tous balayés de leurs fiefs respectifs dès dimanche dernier à l’issue du premier tour. Avec Manuel Valls ayant fait des pieds et des mains pour s’accrocher à la remorque d’Emmanuel Macron, Arnaud Montebourg occupé à lancer sa start-up spécialisée dans la récolte de miel, et une Ségolène Royal disparue des écrans radars car non-candidate à ce scrutin, le parti fondé par François Mitterrand ne dispose d’aucun chef crédible pour « relancer la machine ». Le PS, à l’instar des Républicains, ne pourra également pas faire l’économie d’une remise à plat de son mode de fonctionnement. Mais n’est-ce pas déjà trop tard ?
« Le PS ? cela s’appelle désormais En Marche ! »
Mais le PS a déjà fait sa métamorphose puisqu’il s’appelle désormais En Marche ! Telle est la boutade en cours dans les rédactions et rue de Solférino. Etrillé lors de ces élections et dépecé par Emmanuel Macron alors qu’il comptait 295 députés dans la majorité sortante, le Parti socialiste est littéralement sous respiration artificielle. Car, outre le problème criant de leadership évoqué en amont – un temps pressenti pour mener le combat, Bernard Cazeneuve avait laissé ce rôle à Jean-Christophe Cambadélis, pour le résultat que l’on sait -, peu de personnes se bousculent au portillon pour participer à la reconstruction. Thierry Mandon, ex-secrétaire d’Etat qui avait également plaidé pour une gouvernance rajeunie et collégiale afin de lancer le « chantier » » du parti, semble encore « un peu tendre » pour incarner la renouveau.
Mais un autre problème va rapidement se poser pour le parti à la rose : celui de son financement. Outre son poids politique résolument amoindri, la formation du président Hollande était jusqu’ici la principale bénéficiaire du financement public avec près de 25 millions d’euros touchés en 2015, au regard de ses 295 têtes de gondole. Avec 30 à 35 députés, le pactole va, de facto, fondre comme neige au soleil. En plus d’une mort politique annoncée depuis de nombreux mois, le parti ne pourra sans doute pas contenir l’asphyxie financière. Triste fin pour une formation encore au pinacle il y a cinq ans. Cruel destin en ce 18 juin où « l’appel à la résistance et au réveil socialiste » sonne désespérément dans le vide.
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