Largement dominées lors de ce second tour des élections législatives, Nathalie Kosciusko-Morizet et Najat Vallaud-Belkacem, figures emblématiques de leur camp respectif, ne feront finalement pas leur entrée – ou leur rentrée pour NKM – à l’Assemblée Nationale sous la présidence d’Emmanuel Macron, et symbolisent la débâcle de leur génération.
Souriante et visiblement soulagée, Najat Vallaud-Belkacem, ministre durant cinq ans sous la présidence Hollande tente de donner le change et annonce vouloir prendre une pause… sans pour autant vouloir renoncer à la politique. « Il reste des combats à mener. Je compte les mener ici avec les Villeurbannais », a-t-elle déclaré entre deux sourires (forcés). L’ancienne ministre de l’Education fait ainsi partie, avec d’autres comme Marisol Touraine ou encore Axelle Lemaire, des « victimes » de la vague En Marche! qui, si elle n’avait rien du tsunami annoncé, a quand même emporté sur son passage bon nombre de personnalités de premier plan dans les rangs socialistes dont le groupe s’est réduit comme peau de chagrin. « L’étoile montante du PS » ne fera donc pas son entrée à l’Assemblée Nationale, elle qui avait, après moult hésitations, renoncé à se présenter en 2012, de peur, sans doute, de voir son maroquin lui échapper. Mais finalement « NVB » a reculé pour mieux sauter puisque, 5 ans plus tard, elle est littéralement balayée – 39,9% des suffrages pour l’ancienne porte-parole du gouvernement – par le candidat « La République en Marche ! » dans la 6e circonscription du Rhône, Bruno Bonnell. Devant l’ampleur de la défaite, Najat Vallaud-Belkacem, qui n’a jamais fait mystère de sa volonté de participer à la « reconstruction » de la maison socialiste, a finalement décidé de prendre un peu de champ avant de replonger, ou non, dans le marigot socialiste.
Le soutien des personnalités de gauche durant l’entre-deux tours telles Anne Hidalgo ou encore Christiane Taubira ne lui a finalement été d’aucun secours. « Najat est la bonne personne, au bon endroit. Alors, votez dimanche pour Najat ! » avait notamment déclaré Anne Hidalgo, la maire de Paris… qui a grandi à Lyon. « L’enjeu démocratique est colossal pour la prochaine législature. Jamais nous n’avons été autant questionnés sur notre attachement à la démocratie », avait insisté, de son côté, l’ancienne passionaria du mariage pour tous. « Il y a un enjeu de concentration des pouvoirs. C’est pourquoi il faut voter Najat Vallaud-Belkacem. C’est une très belle personne et une très belle candidature », avait-t-elle ajouté. De belles et sincères déclarations de soutien… qui ne sont pas parvenues à endiguer la montée en puissance de Bruno Bonnell, entrepreneur et symbole du renouvellement prôné par Emmanuel Macron et mis sur orbite par le « baron » de la région, le ministre de l’Intérieur, Gérard Colomb dont les relations avec Najat Vallaud-Belkacem sont notoirement mauvaises. Difficile dans ce contexte de tirer son épingle du jeu.
Fin de partie pour NKM
A l’inverse, Nathalie Kosciusko-Morizet bénéficiait d’une circonscription « en or » jugée « imperdable » selon le vocable en vigueur, en l’occurrence la deuxième de Paris, laissée vacante par François Fillon et qui regroupe les Ve, le VIe et le VIIe arrondissements. Un territoire normalement tout acquis à la droite mais qui est finalement parvenu à filer entre les doigts de l’ancienne candidate de la primaire de la droite et du centre. Victime de la désaffection du peuple de droite lors du premier tour de scrutin, où elle partait avec un handicap de 23 points, NKM est finalement parvenu à redresser la barre au second tour, dans des circonstances rocambolesques, ayant été victime d’une inqualifiable agression pendant l’entre-deux tours. Bousculée ce mercredi par un passant en pleine distribution de tracts sur le marché Maubert, dans le Ve arrondissement, la candidate des Républicains a perdu connaissance pendant plusieurs minutes avant d’être transportée à l’hôpital Cochin. Choquée et diminuée, l’ancienne ministre n’a ainsi pu mener campagne en pleine possession de ses moyens – elle a d’ailleurs voté ce dimanche par procuration – et n’a pas pu inverser la tendance, ne réussissant à rallier sur son nom que 45,47% des suffrages.
Mais cet épisode, aussi dramatique et intolérable soit-il, ne saurait expliquer à lui seul la défaite de l’ancienne ministre de Nicolas Sarkozy. Ancienne députée de l’Essonne, ce « parachutage » n’a pas eu l’heur de plaire à tout le monde au sein de la droite parisienne. Ainsi, selon certaines indiscrétions relayées par Le Point début juin, Rachida Dati, maire du VIIe arrondissement aurait usé de toute son influence pour qu’un candidat LREM soit investi face à NKM, pourtant jugée « Macron-compatible ». « Sur l’éducation, les quartiers, Macron aura-t-il plus besoin de NKM ou de moi ? Il ferait mieux de réfléchir », aurait expliqué l’ancienne Garde des Sceaux. « Toujours les mêmes qui sont en marche arrière depuis 2014 avec pour seul objectif : faire perdre», avait vertement répliqué Nathalie Kosciusko-Morizet sur les réseaux sociaux. En outre, comme évoqué, le positionnement Macron-compatible de NKM a également pu désarçonner plus d’un électeur… alors que figurait également un candidat officiellement désigné par La République en Marche!, en l’occurrence Gilles Le Gendre qui siégera donc, dès le 27 juillet, dans les travées du Palais Bourbon.
Quel avenir ?
Mais en politique, plus qu’ailleurs, la vérité d’un jour n’est jamais celle du lendemain, et ces deux personnalités politiques peuvent rebondir, même privées d’une caisse de résonance comme l’Assemblée Nationale. Najat Vallaud-Belkacem, en dépit de son recul post-électoral, pourrait jouer un grand rôle dans la reconstruction du Parti socialiste tandis que Nathalie Kosciusko-Morizet pourrait faire partie de cette « nouvelle droite » détachée de l’aile la plus conservatrice des Républicains pour œuvrer à la réussite du quinquennat d’Emmanuel Macron, comme l’ont fait avant elle Edouard Philippe et Bruno Le Maire. A moins que ce ne soit une traversée du désert qui les attende… Verdict dans les prochaines semaines.
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