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Législatives : Manuel Valls Sauvé Des Eaux…De Justesse

© Getty Images

Décrédibilisé aux yeux de l’opinion au point de virer en tête du baromètre de « l’infamie politique » devant Marine Le Pen, Manuel Valls a réussi de justesse – à 139 voix près -, à conserver sur le fil son siège de député de la première circonscription de l’Essonne, à rebours des ténors socialistes qui pour leur défense ne bénéficiaient pas de conditions aussi favorables. Son adversaire, la candidate de la France insoumise, Farida Amrani, a annoncé déposer un recours « dès demain » dénonçant « des irrégularités » dans ce scrutin.

Disposant de conditions idoines dans ce scrutin, Manuel Valls n’a pas failli… à 139 voix près. Sans opposition socialiste – duquel il s’est plus ou moins exclu, les atermoiements de langage de Jean-Christophe Cambadélis n’aidant pas à comprendre la position actuelle de l’ancien premier ministre au sein de sa formation d’origine -, mais pour autant pas investi officiellement par La République en Marche! à cause du « renouvellement » imposée par celle-ci. Le Premier ministre a donc réussi, sous les huées des partisans de son adversaire de la France insoumise, Farida Amrani lors de l’annonce des résultats, à sauver son siège de député de la première circonscription de l’Essonne et sera ainsi l’un « agitateurs » de la majorité présidentielle d’Emmanuel Macron. Pour mieux rentrer dans le rang et redorer une image considérablement ternie ces derniers mois ? Son manque de solidarité à l’égard de Benoît Hamon, vainqueur de la primaire de la Belle Alliance populaire, et ses maladroites – pour ne pas dire pathétiques – tentatives de se raccrocher au wagon En Marche! alors qu’il n’hésitait pas à fustiger l’aventure personnelle d’Emmanuel Macron quand celui-ci lançait sans tambours ni trompettes son mouvement – étaient les dernières « images marquantes » de Manuel Valls dans l’opinion. Souvenez-vous.

Quittant le gouvernement en début d’année civile pour battre la campagne lors de la primaire de la Belle Alliance populaire et ainsi porter l’étendard du Parti socialiste pour l’élection phare de 2017, Manuel Valls va essuyer son premier échec. Qualifié pour le second tour, il se fera balayer par Benoît Hamon, officiellement désigné candidat. Un revers qui aurait pu ne pas entacher le crédit et l’image de l’ancien ministre de l’Intérieur… si celui-ci n’avait pas pris le parti, deux mois plus tard, de ne pas soutenir celui qui, démocratiquement, avait été choisi par les Français pour porter l’estocade au nom du PS pour la présidentielle. « Chaque candidat-e non-désigné-e prendra une part active dans la convention d’investiture en soutenant le-a candidat-e investi-e ». La charte des primaires citoyennes signée par les candidats était limpide : les candidats défaits s’engageaient à soutenir le vainqueur de ladite consultation. Un premier « coup » de canif à la parole donnée, même s’il convient de reconnaître qu’idéologiquement, voir Manuel Valls prendre fait et cause pour Benoît Hamon aurait relevé de l’incohérence et de la parodie politique.

Les zigzags de Manuel Valls

Mais la manière de faire est restée sujette à caution, renforçant l’image de mauvais perdant et d’opportuniste en refusant de donner son parrainage à Benoît Hamon qui, s’il n’en avait évidemment pas besoin pour concourir à la magistrature suprême, a envoyé un signal catastrophique contribuant à brouiller les cartes de l’opinion avant de prendre fait et cause pour Emmanuel Macron, quand celui-ci bien embarrassé par ce soutien a pris grand soin de rappeler qu’il n’avait pas fondé avec En Marche! une maison d’hôtes. Richard Ferrand, alors secrétaire général du mouvement, dira encore plus clairement que la formation politique d’Emmanuel Macron n’avait pas vocation à devenir une recyclerie. Divers propos qui ne rebuteront pas Manuel Valls à tenter d’inscrire ses pas dans ceux du futur président de la République.

Avant le « clou du spectacle » et la séquence tragico-comique des élections législatives où Manuel Valls se revendiquera « candidat de la majorité présidentielle »… avant même d’en avoir informé les principaux intéressés. Magnanime, l’état-major du mouvement fondé par Emmanuel Macron n’investira cependant aucun candidat face à lui… mais ne lui apportera pas non plus son soutien. Bouté hors du PS – du moins le temps de ce scrutin comme évoqué en préambule -, c’est un Manuel Valls « libre » de toute étiquette qui est tout de même parvenu à reconquérir son fief d’Evry. Mais même sans aucun candidat LREM et PS face à lui, ce fut loin d’être une partie de plaisir face à la pugnacité de la candidate « France Insoumise » Farida Amrani qui n’aura pas démérité mais qui pâtit, au-delà du puissant ancrage de Manuel Valls sur le territoire, du manque de ressort d’une plateforme comme la « France insoumise » dans ce type de scrutin. Une implantation de l’ancien Premier ministre qui a reçu un étonnant soutien… celui de Serge Dassault, sénateur Les Républicains de l’Essonne.

Soutenu par Serge Dassault

« J’appelle tous mes amis et tous les électeurs de la première circonscription d’Essonne à voter pour Manuel Valls », a annoncé, dès mardi dernier, l’ancien maire de Corbeil-Essonnes et président d’honneur du groupe d’aviation Dassault. Figure historique du département, Serge Dassault, 92 ans, a été condamné au début de l’année à une amende de deux millions d’euros et à cinq ans d’inéligibilité et d’interdiction d’exercer une fonction publique pour blanchiment de fraude fiscale et omissions dans ses déclarations de patrimoine. De son côté, Farida Amrani, malgré sa défaite, a pu se targuer du soutien de… Benoît Hamon, candidat socialiste à la dernière élection présidentielle et à couteaux tirés – doux euphémisme – avec Manuel Valls. « Je pense que Valls est aujourd’hui sur un projet politique qui s’est éloigné de la gauche ». Pour la clarté, on repassera.

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