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Législatives : Le Tsunami En Marche! Prêt À Déferler Sur L’Assemblée

Emmanuel Macron est en passe de remporter son parti : En Marche devrait débouler en force dans les travées du Palais Bourbon.
© Getty Images

En dépit d’une participation historiquement faible, les aspirants-députés estampillés « République en Marche ! » ont viré en tête du premier tour des élections législatives, recueillant plus de 32% des suffrages et devançant largement Les Républicains (20,5%), condamnés à siéger dans les rangs de l’opposition – sauf crise politique majeure – cinq années de plus. Quant au Parti socialiste et ses alliés, avec un score famélique de 9% et l’élimination dès le premier tour de Benoît Hamon, Cécile Duflot et Jean-Christophe Cambadélis, l’effondrement est total.

La polémique autour des soupçons de favoritisme pesant sur Richard Ferrand ou celle relative aux assistants parlementaires de Marielle de Sarnez n’auront en rien entravé le tableau de marche d’Emmanuel Macron et de ses troupes. Le président de la République devrait disposer, dans une semaine, d’une majorité à sa main à l’Assemblée nationale, condition sine qua non pour impulser sa politique et le programme pour lequel il a été porté à l’Elysée par 66% des Français le 7 mai dernier. Un succès, voire même un triomphe, qui confère encore davantage de responsabilités au chef de l’Etat et à ses « marcheurs » qui devraient débouler – sauf cataclysme durant cette semaine de battement entre les deux tours, et la campagne présidentielle nous a rappelé que tout était possible –  en masse dans les travées du Palais Bourbon, et ainsi parachever le plébiscite de la République en Marche! entamé au soir du second tour de l’élection présidentielle. Si la logique a évidemment sa « part de responsabilité » dans ce score incontestable depuis l’inversion du calendrier électoral en 2002 – où les élections législatives suivent l’élection présidentielle -, difficile dans ce contexte d’imaginer les Français se dédire du choix effectué un mois auparavant et ne pas donner « les coudées franches » au gouvernement Philippe pour mettre en branle sa politique – il serait injuste de ne pas y voir « la main-stratège » du président et de ses équipes.

Pourtant, à la différence des précédents scrutins où l’UMP de Nicolas Sarkozy en 2007 et le Parti socialiste de François Hollande en 2012 avançaient à « visage découvert », la « majorité composite » d’Emmanuel Macron aurait pu faire office de repoussoir pour moult électeurs qui peinaient à identifier le fameux « projet » politique – ni droite ni gauche – du fondateur et leader d’En Marche!. Mais cette défiance, pourtant palpable durant l’élection présidentielle et essentiellement imputable « aux nouveaux visages » de la majorité présidentielle – société civile et de facto manque d’expérience des arcanes parlementaires –, ne s’est absolument pas traduite dans les urnes. Pour le plus grand bonheur des partisans du chef de l’Etat. Ce dernier est d’ailleurs attendu « au coin du bois » par les commentateurs, éditorialistes et analystes de tout poil mais également, et c’est bien là le principal, par l’opinion qui, au regard de « l’alignement des planètes politiques » dont bénéficie Emmanuel Macron, sera moins encline à lui pardonner toute sortie de route et tout renoncement à ses promesses de campagne.

« Big Bang politique »

Serpent de mer par excellence depuis la mise sur orbite et l’ascension fulgurante de « la comète Macron », la problématique du renouvellement et de la recomposition du paysage politique hexagonal offre, encore une fois, l’une de ses plus belles illustrations. En 14 mois d’existence, En Marche!, devenu par la force des choses – et de l’ivresse de la victoire -, « La République en Marche! », a tout balayé sur son passage, y compris les certitudes des uns et des autres, au premier rang desquelles la sempiternelle alternance droite-gauche, en cours avec une régularité -presque – déconcertante tout au long de la Ve République. Désormais, la droite républicaine, à qui l’élection présidentielle et donc les législatives suivantes étaient promises avant la démonétisation de la candidature Fillon, est reléguée au rang de simple spectatrice, et siégera cinq années de plus dans les rangs de l’opposition.

Une « première » dont se serait bien passée la droite républicaine qui, même lors des deux septennats de François Mitterrand, avait réussi à imposer deux cohabitations – certes de seulement deux ans chacune (1986-1988 puis 1993-1995) – mais suffisantes pour « exister » et revenir sur le devant de la scène. Autre temps, autres mœurs pour des Républicains qui vont devoir se réinventer pour ne pas sombrer face au « rouleau-compresseur » macroniste, quitte à se scinder en deux – une droite « macron-compatible » portée par Bruno Le Maire, les partisans d’Alain Juppé, et autres Thierry Solère, et une droite « de valeurs et de combat » à la lisière du Front national avec une personnalité comme Laurent Wauquiez à sa tête. D’ailleurs la « molle campagne » conduite par François Baroin devrait également amener les Républicains à la réflexion.

Un Parti socialiste « éparpillé façon puzzle »

Car c’est l’existence même des Républicains, sous sa forme actuelle, qui est menacée par la République en Marche!. Une « clarification salvatrice » sur laquelle son ancien « meilleur ennemi », le Parti socialiste, a préféré fermer les yeux. Conséquence : la majorité présidentielle sortante, forte de ses 290 sièges dans la mandature 2012-2017 est « laminée » avec un score (9% ) digne d’un parti politique de seconde zone. Une débâcle dans la droite ligne de celle de Benoît Hamon et ses 6,36%, la formation de la rue de Solférino continue de naviguer à vue et devrait passer les cinq prochaines années à jouer les utilités du Palais Bourbon.

Enfin, les deux autres « vedettes » de l’élection présidentielle à savoir le Front national et la France insoumise de Jean-Luc Mélenchon, en dépit de leur « hype présidentielle », ne parviennent pas à transformer l’essai. La faute à un scrutin législatif peu favorable à leur formation. Pour eux aussi, les cinq prochaines années s’annoncent longues et particulièrement âpres. Un long chemin de croix vers une hypothétique rédemption… en 2022.

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