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L’économie européenne face à la guerre en Ukraine

Irène Tinagli, eurodéputée social-démocrate, présente son rapport devant l'hémicycle © Alain Rolland, European Union 2022 - Source : EP

Les prévisions économiques au niveau européen ont été bouleversées par la guerre en Ukraine. À peine sortie de la crise du Covid, l’Union européenne doit faire face à de nouveaux défis. La question de l’indépendance énergétique est au cœur des débats. Article co-écrit par Louise Forbin dans le cadre du dossier européen publié sur Cuej.info.


“Les signaux de reprise économique étaient plutôt positifs. La guerre en Ukraine a changé le scénario”, a déclaré devant le parlement Irene Tinagli, eurodéputée du groupe Social-démocrate (S&D). L’italienne était chargée du rapport devant évaluer les prévisions économiques au niveau européen. Avant l’invasion, les perspectives étaient encourageantes avec une croissance qui devait atteindre 4,3% en 2022. Désormais, elle est évaluée à 2,8%. Irene Tinagli avait donné des objectifs ambitieux: réduire les inégalités entre les États membres, favoriser la croissance verte, la transition numérique et préparer les prochaines crises. Sauf que cette dernière est arrivée plus vite que prévu. La guerre en Ukraine bouscule les perspectives et donne lieu à une forte incertitude. “Le conflit et les sanctions que nous avons prises à l’égard de la Russie auront un impact indéniable sur nos économies”, a conclu l’eurodéputée.  

 

Des enjeux économiques de taille 

Les conséquences économiques de la guerre sont déjà visibles. L’explosion du prix de l’énergie est au cœur des préoccupations des députés. “L’augmentation des prix touche tous les pays européens. Mais les pays les plus proches de la Russie sont les plus vulnérables car les plus dépendants”, explique Markus Ferber, député allemand du Parti Populaire Européen (PPE, centre-droit). La Finlande et l’Estonie par exemple dépendent à 100% du gaz russe, à 81% pour la Pologne. 

Cette envolée des prix devrait également toucher d’autres secteurs, comme l’agriculture. L’inflation, qui était déjà au-dessus des prévisions avant le début de la guerre, devrait continuer d’augmenter dans les prochaines semaines. Les chaînes d’approvisionnement tournent aussi au ralenti. Les industries européennes vont pâtir des pénuries de certaines matières premières, comme le palladium, un composant nécessaire pour l’assemblage des batteries de voiture. La Russie représente 40% de l’offre mondiale de ce métal précieux. Chaque État membre va faire face à des difficultés particulières. “Certains pays qui comptent beaucoup sur le tourisme russe, comme Chypre ou la Grèce, risquent de souffrir ces prochaines semaines”, s’inquiète Eric Maurice, président de la fondation Robert Schuman à Bruxelles. Lors du débat devant le parlement, Luis Garicano, député espagnol (Renew, libéraux), a averti que l’UE pourrait faire face à une troisième récession. 

 

L’Union européenne à la recherche de son indépendance

L’indépendance énergétique est le prochain défi à relever pour l’Union européenne. Elle était sur les lèvres de tous les députés, qu’importe leur appartenance politique, lors du débat sur le rapport d’Irene Tinagli. Les solutions à court terme sont la diversification des fournisseurs et la réduction de la consommation d’énergie à l’échelle individuelle. Sur le long terme, il est souhaitable que l’Union européenne diminue sa dépendance aux importations de carburants. 

De nombreux députés sont favorables à un plan de relance face à la hausse des prix et pour financer l’indépendance énergétique. Ils restent divisés sur les conditions de ces aides. “De nouveaux fonds européens doivent être conditionnés à des investissements  dans les énergies décarbonées et renouvelables”, assure Aurore Lalucq, économiste et députée S&D. Les libéraux de Renew admettent la nécessité de ces aides mais exigent qu’elles s’accompagnent de réformes structurelles auprès des États trop déficitaires. Une position que partage le PPE. Or pour le moment, le pacte de stabilité et de croissance est suspendu depuis le début de la pandémie. Cet accord fixe les règles qui permettent d’éviter des déficits publics excessifs au sein des États. Sa réactivation, prévue pour 2023, devrait dépendre de la suite des évènements en Ukraine.

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