Voici les 10 accords qui auront un impact crucial sur 2020. Parmi eux, des négociations réussies, des échecs, et surtout des affaires toujours en cours de discussion en 2020.
10. La désillusion – La guerre civile au Yémen 2.0
Après une guerre civile de quatre ans qui a coûté des dizaines de milliers de vies et précipité le Yémen vers la famine, un accord a été signé entre le gouvernement du Yémen et les séparatistes sudiste de Riyadh. Cet accord ne signe pas la fin de la guerre mais réduit la guerre civile de trois parties à deux parties. Ce qui rendra les choses moins compliquées mais pas moins violentes.
Les négociations ont été entamées par le Prince d’Arabie Saudite, Mohammed bin Salman, incluant le président du Yemen, Abdu Rabbu Mansour Hadi, le conseiller en chef du Sud, Aidarous al-Zubaidi, et le Prince des Emirats arabes unis, Mohammed bin Zayed. Les rebelles Houthis, soutenus par l’Iran, n’étaient pas présents.
Il y a donc trois parties concernées : le gouvernement yéménite, soutenu par l’Arabie Saoudite, les rebelles Houthis, qui sont des musulmans chiites soutenus par l’Iran, et les rebelles sudistes, soutenus par les Emirats arabes unis.
L’accord a réunifié les rebelles sudistes avec les forces du gouvernement yéménite, étant tous de l’islam sunnite. Un nouveau cabinet doit être constitué pour inclure les sudistes et leur octroyer plus de représentation. Aucun accord avec les Houthis, qui ont envahi la capitale du pays, Sana, en 2014. Les deux forces réunifiées vont alors concentrer leurs efforts à l’encontre des Houthis au nord.
Le Prince d’Arabie Saoudite, Mohammed bin Salman, conclut l’accord : “Cet accord ouvrira, si Dieu le veut, des discussions concernant les frontières entre les parties yéménites, pour trouver une solution afin d’aboutir à la fin de la guerre”. Le Président Américain Donald Trump a commenté sur Twitter : “Un très bon début!” “Il faut persévérer et trouver un accord final.”
Pour l’instant, les combats continuent entre deux des trois parties. Mais il y a des chances que l’accord aboutisse à des négociations suite à l’inégalité des forces avec les Houthis.
9. Singapour sur la Tamise – La sortie d’un empire
Enfin de la lumière au bout du tunnel – ou tout du moins une éclaircie concernant le Brexit. Après une victoire sans précédent aux élections, le Premier ministre Boris Johnson peut enfin “mettre en place le Brexit”. Il a gagné avec 46 % – la plus grande majorité des Conservateurs depuis Margaret Thatcher.
Cependant, le pays est toujours divisé, car 52 % des votes étaient pour les parties s’opposant au Brexit.
Mais avec le Premier ministre Johnson, pas question de renégocier ou de reporter le Brexit. Le Royaume-Uni va quitter l’Europe d’ici janvier 2020. Cependant, il bénéficie d’une période de transition d’un an, durant laquelle Le Royaume-Uni sera toujours considéré comme un membre de l’Union Européenne.
Les choses se corsent tandis que se présagent deux options possibles : si aucun accord n’est pris, alors le Royaume-Uni et l’Union Européenne feront affaire selon la Réglementation du Marché International. Ce qui rendrait les transactions plus difficiles, mais le RU pourrait imposer ses propres taxes et barrières tarifaires. Si accord il y a, le RU serait un partenaire junior, profitant de la liberté et de la sécurité de l’UE mais devant aussi se conformer à ses règles.
Bruxelles mettra tout en oeuvre pour empêcher l’arrivée d’un compétiteur majeur dans ses quartiers. Le négociateur en chef de l’UE, Michel Barnier, a mis l’accent sur le fait que, si le RU prend trop de liberté, il subira des conséquences “proportionnelles” de la part de l’UE. En s’appuyant sur une autorité plus élevée, notamment les autres pays membres : « Ne sous-estimez pas les difficultés de procédure de ratification… Si ce n’est pas ratifié, nous repartons de zéro.” Ursula von der Leyen, Présidente de la Commission européenne, a été très claire : “ zéro barrière tarifaire, zéro quotas, zéro dumping.”
Boris Johnson pèse le pour et le contre entre ces deux options : transformer le RU en un “Singapour de l’Ouest”, un havre de paix où les taxes sont moindre, ou bien, être un membre de l’UE sans en avoir les droits. Est-ce que le RU maintiendra ses relations avec l’UE ou les autres alliés, comme les Etats-Unis ?
Tous les yeux sont tournés vers Johnson. Ira-t-il dans le sens des pro Brexit comme son prédécesseur Dominic Raan, co-auteur de “Britannia Unchained”, ou se rangera-t-il derrière l’UE ? Il doit aussi prêter une attention toute particulière à l’Ecosse et l’Irlande du Nord, tous deux fortement opposés au Brexit, et qui pourraient utiliser cette opportunité pour demander l’indépendance. Les négociations entre le RU et l’UE doivent débuter le 1er février 2020.
8. Discussion durant le combat – Le cessez-le-feu de la guerre commerciale entre la Chine et les Etats-Unis
La Chine et les Etats-Unis ont atteint ce que le ministre du commerce chinois appelle un “ consensus de principe”. La guerre commerciale de deux ans, par contre, semble se transformer en cessez-le-feu, et non en fin des hostilités.
La Maison Blanche a dit que les deux parties “ont fait des progrès dans plusieurs catégories et sont sur le point de résoudre des problèmes majeurs”. D’après le gouvernement américain, la Chine a accepté d’augmenter le taux d’importation annuel des Etats-Unis de 200 milliards de dollars, et plus précisément de s’engager à acheter l’équivalent de 20 milliards de dollars de la production agricole des Etats-Unis.
Que veulent les deux parties ? Les Etats-Unis, par le représentant commercial américain Robert Lighthizer et le secrétaire trésorier Steven Munchin, veulent réduire le lourd déficit commercial de 419,2 milliards de dollars et veulent que la Chine arrête de s’approprier des industries clés en forçant les investisseurs à transférer leurs technologies à l’étranger.
La Chine, représentée par le Vice-premier ministre Liu He, veut que le déficit commercial reste aussi haut que possible, et se montre plutôt réticente devant les demandes des Etats-Unis.
Trump a utilisé des barrières tarifaires pour enfoncer la Chine qui était en difficulté – ce qui a été particulièrement douloureux pour l’économie chinoise qui souffre de croissance en baisse depuis un peu moins de 30 ans, à cause d’un secteur industriel réduit et d’une population vieillissante.
Alors que Fan Gang, le directeur du groupe de réflexion situé à Beijing, Le National Economic Research, souligne que ce pré-accord mènera à une entente très fragile, les Etats-Unis, puissance technologique mondiale, font en sorte que la Chine achète des produits exportés par des pays moins développés.
Au vu des tensions entre les deux superpuissances partout dans le monde, il apparaît que les deux parties mettent de la distance entre elles, les sociétés américaines retirant leurs bureaux de Chine. Les négociations à venir promettent d’être très intéressantes, particulièrement à l’approche de l’élection présidentielle américaine.
7. « Pas de crise, pas d’échec. » Sauver l’Ukraine d’une guerre civile (avec la Russie)
Le Président ukrainien Volodymyr Zelensky et le Président Vladimir Poutine ont enfin débuté les négociations concernant le futur de l’Ukraine, en crise incessante depuis 2014, lorsque la Russie a annexé la Crimée. Le conflit le plus sanglant d’Europe depuis les guerres des Balkans, qui avaient fait pas moins de 14 000 morts.
Les négociations ont commencé en décembre 2019, animées par Emmanuel Macron avec la participation de la France et de l’Allemagne. C’était la première fois que Poutine rencontrait son homologue ukrainien face-à-face.
Il y a actuellement un cessez-le-feu, mais les parties s’accusent mutuellement de briser cet accord. En octobre, Zelensky avait accepté la “formule Steinmeier” nommée d’après l’ancien Ministre des affaires étrangères allemand, selon laquelle la population de la région de Donbass peut décider si elle veut être indépendante. Après de grandes protestations, Zelensky ajouta qu’il n’y aurait pas d’élection tant que les Russes ne seraient pas partis. Zelensky est mis sous la pression d’un pays profondément divisé entre sentiments nationaliste et pro-Russe.
La Russie, de son côté, est toujours sous le coup des sanctions européennes, tant qu’il n’y a aucun accord avec l’Ukraine.
L’UE veut la paix aux frontières – et une circulation fluide du gaz entre la Russie et l’Ukraine. En effet, lors d’un conflit en 2009, Gazprom en Russie avait coupé ses envois de gaz pour l’Ukraine.
Zelensky, qui est devenu malgré lui la figure centrale de la demande de destitution contre le Président Donald Trump, est un ancien comédien qui a quitté sont activité en mai 2019. La question que l’on peut se poser est s’il peut faire face à un négociateur aussi dur et aguerri que Poutine. Contre toute attente, il a maintenu ses positions lors du premier round, de telle sorte que le journal russe Vedomosti a résumé la rencontre par “ pas de crise, pas d’échec.” C’est une négociation à suivre car elle révélera la foi du pays.
6. La déclaration sino-britannique. Le scénario désavantageux de la Grande-Bretagne pour Hong Kong
C’est une négociation qui a eu lieu il y a 30 ans et qui prend tout son sens aujourd’hui pour Hong Kong. C’est la panique depuis juin, alors qu’une loi d’expulsion aurait pu envoyer les criminels de Hong Kong en métropole pour être jugé. Le projet de loi n’a pas été accepté mais d’importantes protestations s’en suivirent.
La déclaration conjointe sino-britannique de 1984 est le fruit de négociations entre le chef d’état chinois, Deng Xiaoping, et le Premier ministre, Margaret Thatcher, pour réguler la future ville de Hong Kong. Le Royaume-Uni, qui occupait Hong Kong depuis 1840, a accepté de la rendre à la Chine le 1er juillet 1997. La déclaration prévoyait que la réglementation en vigueur à Hong Kong “resterait inchangée pendant 50 ans”, et surtout que le système politique et judiciaire resteraint tels quels jusqu’en 2047.
Les Chinois considèrent l’accord comme nul puisqu’il ne concerne que la période de 1984 à 1997. La diplomate chinoise Lu Kang a expliqué : “Nous répétons que, depuis le 1er juillet 1997, le Royaume-Uni n’a aucun droit sur Hong Kong.”
Le Secrétaire d’Etat, Dominic Raab, soutient la position de la Grande-Bretagne selon qui l’accord est “ un traité international qui contraint légalement les deux parties et est toujours en vigueur aujourd’hui”. En effet, le traité mentionne explicitement des dates après 1997. Raab souligne que : “en tant que co-signataire de cette déclaration conjointe, le RU prend ces engagements très au sérieux et entretient une structure d’implantation ‘un pays, deux systèmes’.”
Margaret Thatcher s’est engagée à ne céder aucune rupture de contrat de la déclaration conjointe sino-britannique. Les pro-démocratie ont gagné 17 sur 18 des districts de Hong Kong. Par ailleurs, le Président des Etats-Unis Donald Trump vient de signer la loi des droits de l’Homme et de la Démocratie de Hong Kong de 2019, provoquant la rage en Chine.
Mais le Royaume-Uni n’a pas l’influence des Etats-Unis. Avec le soutien de l’Union Européenne, la Grande-Bretagne aurait pu être plus puissante, mais maintenant elle se retrouve seule.
Mettre en péril sa relation avec la Chine, à cause d’un problème sans fin, serait une erreur tactique, tout particulièrement pour le Royaume-Uni qui a besoin d’alliés.
5. Petit-déjeuner chez LVMH – et autres accords de fusions – acquisitions
Les fusions et acquisitions peuvent être de véritables échecs, mais peuvent aussi créer de la valeur et rendre les entreprises plus profitables. Les fusions et acquisitions se portent plutôt bien. Les transactions en 2019 étaient moins nombreuses mais plus importantes, avec des taux moyens allant de 380,1 millions à 424,6 millions $.
Parmi elles, l’acquisition de pour 74 milliards de $ de Celgene par le géant Pharmaceutique Bristol Myers Squibb et une transaction de 57 milliards de $ au beau milieu de l’année 2019, lorsque Occidental Petroleum Corporation a acquis Anadarko Petroleum Corporation. Avec le soutien de la société d’investissements de Warren Buffet, Berkshire Hathaway, Occidental a surenchéri sur un compétiteur plus important, qui n’est autre que Chevron.
Un bon exemple de création de valeur est la fusion du portefeuille complémentaire de la société aérospatiale United Technologies avec la société de défense Raytheon pour créer Raytheon Technologies, avec une valeur sur le marché d’environ 125 milliards de $.
LVMH a racheté Tiffany pour une valeur de 16,2 milliards de $, soit 135 dollars par action en numéraire, après le refus de Tiffany de l’offre de LVMH de 120 dollars par action.
La transaction doit aboutir mi-2020, si les régulateurs et les actionnaires de Tiffany se mettent d’accord.
Alors que le rachat par LVMH de la bijouterie américaine Tiffany pour 16,2 milliards de $ est loin d’être la plus importante transaction de l’année, c’est la plus importante transaction dans l’histoire de l’industrie du luxe. L’industrie du luxe reflète les préférences des consommateurs, dans un monde qui s’enrichit et entre dans l’ère du social et des médias.
Tiffany a été fondée à New York en 1837 et s’est élevée au rang de marque de luxe iconique au travers du culte “Breakfast at Tiffany’s” devenant le modèle du luxe sophistiqué américain. Et pourtant Tiffany rencontrait de réels problèmes jusqu’au tournant 2017 et à son expansion en Asie, particulièrement en Chine, principalement dus à la guerre commerciale Chine / Etats-Unis.
Le géant du luxe LVMH possède des marques telle que Louis Vuitton, Moët & Chandon, Dom Perignon, Givenchy, et a récemment acquis la chaîne d’hôtels de luxe Belmont. Avec un capital de plus de 200 milliards d’euros, LVMH est la plus grande marque de luxe, la deuxième entreprise la plus rentable d’Europe après Royal Dutch Shell, la compagnie de gaz.
Le fondateur, président et actionnaire majoritaire de LVMH, Bernard Arnault, l’homme le plus riche d’Europe avec une fortune estimée à 106,9 milliards de $, a appliqué le mode opératoire des années 80 de l’industrie de luxe de Wall Street. Impossible de connaître les noms des designers de la marque, pas de Tom Fords à son service. C’est sa philosophie de renforcer la marque à l’aide de son portefeuille, pas de créer des stars. Dans un monde où le secteur du luxe est en constante croissance, son idée a généré un empire et cet accord n’est qu’une pierre de plus apportée à l’édifice. C’est un accord qui renforcera Tiffany.
4. En attente de négociateurs – Stopper la guerre civile au Venezuela.
Le Venezuela, le pays le plus riche en pétrole au monde, est en faillite. Une autre tentative de socialisation ratée, engagée par le Président Hugo Chávez, avec des lois telle que la “Loi des Terres et du Développement Agricole” selon laquelle le gouvernement peut s’emparer de terrains privés s’il estime que les terres n’étaient pas exploitées à la hauteur de leur capacité.
Après la mort de Chávez en 2013, Nicolás Maduro est devenu le Président intérimaire, et est resté au pouvoir depuis. Après une élection longuement critiquée comme étant illégitime en 2018, l’opposition a désigné Juan Guaidó en tant le Président de l’opposition, qui a depuis été reconnu par la plupart des Etats occidentaux. Guaidó accuse Maduro de ne pas avoir accepté l’accord de 2016 qui demandaient des élections libres et l’ouverture d’une chaîne d’aide humanitaire. Maduro, de son côté, le considère comme un pantin des Etats-Unis.
Début 2019, quatre pays d’Amérique Latine et huit pays d’Europe ont formé le “Groupe de Contact pour le Venezuela” pour arbitrer le futur du pays, en grand besoin de nouvelles élections. Une importante décision du Conseil de Sécurité européen, qui exigeait des élections présidentielles libres et justes, a cependant été bloquée par le veto de la Chine et de la Russie.
Les deux parties ont finalement entamé des négociations arbitrées par le Centre de résolution de conflits norvégien. Les négociations à Oslo ont été infructueuses. Selon Guaidó, le régime dictatorial de Nicolas Maduro a abandonné les négociations avec de fausses excuses.”
Cet été, les Etats-Unis ont allégé les sanctions et, ce faisant, ont manifesté leur soutien au chef de l’opposition Guaidó, alors que Maduro est toujours fortement soutenu par la Chine et la Russie. Le 30 avril, Guaidó a mené un coup d’état pour renverser Maduro mais a échoué spectaculairement. Depuis, il subit une perte d’influence : non seulement il a échoué mais ceux qui le soutenaient furent outrés par sa tentative de coup militaire. C’est Maduro qui grimpa dans les scores et gagna en influence lors des négociations.
Dag Nylander, qui dirige le bureau de la paix internationale du Ministère des affaires étrangères de Norvège, a déclaré que la Norvège était prête à arbitrer des négociations lorsque les deux parties seront prêtes à se remettre à la table. Un accord est vital pour éviter aux pays une guerre civile désastreuse.
3. Ça passe ou ça casse – Pourquoi Greta n’a pas pu sauver l’accord
La très attendue COP 25 des Nations Unies à propos du climat, qui a débuté à Madrid le 3 décembre et qui prit fin après 13 longs jours, a conclu des accords qui n’ont presque aucune valeur.
Ce qui est plutôt surprenant c’est toute l’attention que ce sujet provoque. Lors des travaux sur les changements climatiques de la délégation allemande des Nations Unies à New York en 2009, ce n’était pas un sujet qui échauffait les esprits. Alors que maintenant, avec l’adolescente activiste Greta Thunberg qui a atteint le statut de superstar et les centaines de milliers de sympathisants qui marchent dans les rues de Madrid au moment de la conférence, on s’attendait à des résultats probants.
Le but des négociations était de négocier l’implantation de l’Accord de Paris de 2015, selon lequel 200 pays acceptaient de limiter le réchauffement de la planète à moins de 2 degrés Celsius.
Parmi les articles clés décisifs de l’accord de Paris était l’article 6 qui traitait de l’échange mondial de crédit carbone.
L’une des questions les plus importantes est : est-ce que les pays peuvent utiliser des “transferts” de crédits de carbone du protocole de Kyoto pour remplir les conditions de l’accord de Paris ? La critique craint que ces échanges de crédits ne permettent que de falsifier les émissions. Les partisans de l’accord, quant à eux, considèrent l’article 6 comme une façon de permettre au monde entier d’échanger en faveur du climat.
Lors du premier jour de la conférence, un négociateur a commenté que le succès de l’article 6 serait un “miracle”. Ceci dit, aucun miracle n’a vu le jour à la COP25 – l’accord n’a pas été accepté. L’Association regroupant les états insulaires (Association of Small Island States AOSIS) a blâmé la Chine, l’Inde et le Brésil.
Le seul accord passé durant la COP25, dont le but est de réduire les émissions de carbone, ne faisait à l’origine même pas partie des sujets de débats, mais d’un engagement des dirigeants de L’Union Européenne d’éliminer les traces de carbone d’ici 2050.
Avec plus de 27 000 délégués de 190 nations, formant d’innombrables alliances, il est aussi complexe d’obtenir un accord qu’à une négociation entre de multiples actionnaires. Plusieurs pays n’ont pas pu agir, tandis que les Etats-Unis se retiraient de l’accord.
Beaucoup de temps a été perdu sur les procédures, à débattre de comment nommer les négociations, qui sont maintenant appelées “réunions informelles multilatérales avec des co-facilitateurs”. Ne cherchez pas à comprendre.
António Guterres, le secrétaire général des Nations Unies, a exprimé sa déception dans un tweet : “La communauté internationale a manqué une grande opportunité de montrer son ambition concernant l’adaptation, le financement et la réduction du réchauffement climatique. Mais nous ne devons pas abandonner et nous allons persévérer.”
Espérons que la COP 26 à Glasgow en 2020 obtiendra de meilleurs résultats, étant donné qu’elle est programmée à quelques jours de la date d’entrée en vigueur des accords de Paris. La pression de l’échéance peut faire des miracles dans certaines dynamiques de négociations.
2. Un nouvel accord à Camp David ? Négociations avec les talibans
Le Président des Etats-Unis Donald Trump a rendu une visite surprise aux troupes américaines pour Thanksgiving, où il a annoncé la poursuite des négociations de paix avec les talibans : “ Les talibans veulent un accord. Nous verrons s’ils sont prêts pour un accord. Il faut que ce soit un vrai accord, mais nous verrons bien. Mais les talibans veulent un accord.” Les talibans ont rapidement répondu qu’ils étaient prêts à “reprendre les négociations ». Et en effet les discussions avec les talibans ont repris là où elles avaient été interrompues.
Les Etats-Unis veulent que les talibans cessent leurs attaques violentes et un engagement à ne pas accueillir des terroristes. Le Secrétaire d’Etat Mike Pompeo et son négociateur en chef, Zalmay Khalilzad, ont alors offert chacun leur tour le retrait des troupes américaines.
L’année dernière, après neuf tours de négociations approfondies au Qatar entre les Etats-Unis et les talibans, un accord a enfin vu le jour. Le Président Trump a invité le chef d’Etat des talibans à Camp David, lieu de villégiature présidentiel iconique, seulement quelques jours avant l’anniversaire de commémoration des attaques du 11 septembre afin de finaliser l’accord en le mettant en scène comme le négociateur de l’année.
C’est alors qu’une voiture piégée soit-disant venue des talibans, tue un soldat américain et onze autres à Kaboul, ce qui provoque l’annulation de l’accord par Trump. Les négociations étaient fragilisées mais pas closes. Les officiers américains continuaient à faire affaire avec les talibans, en effectuant des échanges de prisonniers par exemple, afin de maintenir les discussions ouvertes. Les talibans, de leur côté, restaient relativement calmes concernant Trump, ce qui démontrait leur volonté de négocier.
De retour à la table des négociations, Trump ressort sa technique de négociation et fait semblant de ne pas être intéressé par les démonstrations de bonne volonté des talibans de sceller un accord : “S’ils veulent tant mieux, s’ils ne veulent pas tant pis.”
Et pourtant, un accord politique reste la seule solution de sortie de cette guerre pour les Etats-Unis qui dure depuis maintenant 18 longues années – la guerre la plus longue des Etats-Unis, qui surpasse même la guerre du Vietnam ou les deux guerres mondiales réunies. C’est un fait, les puissances du monde entier échouent traditionnellement en Afghanistan. Au sommet de leur puissance, les forces britanniques aussi bien que les forces soviétiques ont échoué dans leur quête d’invasion de l’Afghanistan et ont perdu hommes, argent et morale. Les talibans sont bien sûr au courant de l’épuisement des troupes des Etats-Unis et que Trump est prompt à ôter ses troupes des conflits étrangers. Malgré tout, un simple retrait des troupes américaines pourrait diminuer l’influence des Etats-Unis et permettrait aux talibans de s’emparer du pays entier.
Les élections afghanes n’ont fait que confirmer la place d’Ashraf Ghani en tant que Président mais les talibans refusent toujours de s’adresser au gouvernement afghan, le considérant comme un pantin des Etats-Unis. Mais ignorer Ghani serait vu comme une insulte envers le chef d’Etat, raison pour laquelle Trump est allé lui rendre visite lors de son séjour à Thanksgiving.
Face à l’approche de l’élection présidentielle américaine, mettre fin à la guerre du Vietnam de notre ère moderne jouerait en la faveur de Trump. Le New York Times a analysé les raisons pour lesquelles conclure cet accord de paix représente beaucoup pour Trump : “l’ambition, la soif de grande récompense, la quête perpétuelle d’accomplir ce qu’aucun autre Président n’a accompli, la volonté de défier les conventions, les changements d’humeurs intempestifs et l’instinct combatif. Peu importe la motivation, cet accord pourrait mettre fin à une longue guerre qui a versé beaucoup de sang.
1. Le retour syrien – Comment la Turquie et la Russie peuvent mettre fin à une guerre
Les négociations de paix de Syrie sont un cas d’étude des variations de l’influence durant les négociations. Et un exemple de la différence entre le véritable accord et les coulisses.
Les négociations officielles de Genève – quatrième tentative – sous l’auspice d’un envoyé spécial des Nations Unies pour la Syrie, Geir Pederson, incluent 150 représentants : 50 délégués loyaux au gouvernement syrien, 50 membres de l’opposition grandement soutenue par la Turquie et Arabie Saoudite, et 50 représentants des citoyens.
Cependant, le bloc de l’opposition connu sous le nom de “commission de négociation syrienne” n’a presque aucune influence militaire et reste très divisé, mais demande tout de même la destitution de Assad et l’élaboration d’une nouvelle constitution.
Alors que le gouvernement syrien a repris le contrôle sur la quasi totalité du territoire, le co-président de l’opposition, Hadi al-Bahra, a ouvert les discussions de Genève humblement :. “Il est temps pour nous de comprendre que la victoire en Syrie sera d’instaurer la justice et la paix, pas de gagner la guerre.” Assad a été très clair sur le sérieux qu’il porte à ces négociations, en soulignant que ses propres délégués n’ont aucune autorité : “ Le gouvernement Syrien ne fait pas partie de ces négociations, ni de ces discussions.”
Les seules forces prises au sérieux par Assad sont les milices kurdo-syriennes qui contrôlent le nord-est du pays riche en pétrole. Mais les Kurdes ont été exclus des discussions suite à un veto de la Turquie qui les considèrent comme appartenant au Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK), qui sont pour un Etat nationaliste socialiste.
Dans une demande du département de Politique étrangère, un porte-parole du Département d’État américain a confirmé le soutien des » populations du nord-est de la Syrie » à Genève – ce qui ne peut signifier que les Kurdes. Cependant, les Etats-Unis ont renoncé à une grande partie de leur influence lorsqu’ils ont abandonné leurs anciens alliés en retirant leurs troupes. Les Etats-Unis ne veulent pas ruiner leurs relations avec la Turquie au sujet de l’indépendance des Kurdes.
L’envoyé des Nations Unies, Pedersen, a demandé aux pays de considérer les négociations de Genève comme une procédure exclusivement syrienne. Il est trop tard, la crise en Syrie est devenue un conflit entre les Etats-Unis, la Turquie, la Russie et l’Iran. Au moins, toutes les parties concernées sont assises à la même table.
Assad n’est lui même pas très prompt à négocier, puisque avec le temps il est devenu plus fort. Les Kurdes sont forcés de mettre un accord en place selon ses termes. Ce sera la négociation qui mettra un terme à un conflit qui a duré huit ans et demi, faisant fuir presque la moitié de la population et ayant détruit 65% des infrastructures syriennes.
Comme le coprésident de l’opposition, Hadi al-Bahra, l’a dit à juste titre : « Sans une véritable transition politique, le régime d’Assad ne peut pas normaliser ses relations avec les États, rejoindre la Ligue arabe, obtenir un allègement des sanctions ou la reconstruction. » En effet, la Turquie et la Russie pourraient, en fait, trouver un moyen de résoudre le problème – loin des 150 délégués.
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