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Le Parti Socialiste Dit Adieu À Son Siège Historique De La Rue De Solférino

© Getty Images

Le Parti socialiste  a officiellement annoncé ce matin la mise en vente de son siège historique de la rue de Solférino, situé dans le cossu VIIe arrondissement de Paris, afin de résorber les trous dans sa trésorerie après ses défections électorales. Un bien qui attiserait déjà la convoitise d’investisseurs étrangers.

La fin d’une époque. Après plus de trente-cinq années passées dans ce confortable hôtel particulier – acquis pour 53 millions de francs en 1980 -, le Parti socialiste a décidé de plier bagages. La formation politique, fondée en 1969 et en déshérence après le camouflet de l’élection présidentielle et des législatives suivantes, tourne ainsi la page d’une tumultueuse histoire jalonnée de coups d’éclat électoraux avec les victoires de François Mitterrand en 1981, de François Hollande en 2012 ou encore Ségolène Royal, pourtant largement défaite en 2007, haranguant  la foule depuis la terrasse de Solférino, promettant d’autres victoires. Autant de moments inhérents à la vie d’un parti politique de tout premier plan s’entremêlant allègrement avec l’Histoire de France. Mais force est de constater que désormais cette appellation, au moment d’évoquer le Parti socialiste, n’est plus d’actualité. Incarnant la majorité il y a encore une année à peine, le PS est désormais voué à jouer les seconds rôles… pour cinq ans au minimum. Un purgatoire qui pourrait avoir raison de son existence tant la chute est vertigineuse.

En effet, forts d’une majorité absolue de 295 sièges dans la mandature sortante (2012-2017), le Parti socialiste et ses alliés (Radicaux de gauche, Europe Ecologie-Les Verts) ne sont parvenus  à hisser dans les travées du Palais Bourbon que seulement… 45 députés, soit un nombre d’élus inférieur à celui de la débâcle de 1993, lorsque le PS – essoré par deux septennats de François Mitterrand – n’avait remporté que 57 sièges. Mais à l’époque, malgré des troupes faméliques, la formation à la rose incarnait encore la seule opposition au RPR hégémonique de l’époque. Cette « traversée du désert » n’allait d’ailleurs durer que deux ans, alors qu’en l’état, socialistes, écologistes et autres radicaux sont condamnés à faire de la figuration dans l’hémicycle où ils ont été devancés, en nombre de voix, par la République en Marche, par Les Républicains mais aussi par le Front national… et même par la France Insoumise au premier tour.

Une dotation publique passant de 25 à 7 millions d’euros

De facto, en passant de 295 à 45 députés, la dotation publique dévolue au Parti socialiste va fondre comme neige au soleil. En effet, dès 2018, le financement public du PS va être divisé par trois passant de 25 millions d’euros à 7 millions. Une catastrophe qui va donc encore davantage plomber des comptes déjà dans le rouge d’une formation sous respiration artificielle, et qui va, pour éponger ses dettes, mettre en vente son siège historique pour donner de l’oxygène à ses finances. C’est le trésorier du parti, Jean-François Debat, qui a d’ailleurs été chargé d’officialiser ce choix « difficile » à l’issue d’un bureau national. « Nous entamons aujourd’hui le processus de décision de la vente. (…) Un appel d’offres va être fait auprès d’un notaire », a-t-il déclaré à la presse sans précision sur le calendrier ni la valeur estimée du bien. Toutefois une clause singulière, figurant dans la convention de vente, inclurait la possibilité de ne pas choisir l’offre la plus avantageuse économiquement « si l’acquéreur ne répondait pas aux valeurs, à l’éthique du PS ».

Si aucune estimation de la valeur du bien n’a été faite par l’état-major du parti, moult experts immobiliers s’en sont chargés dès la nouvelle officialisée. D’une surface de 3 000 m², cet hôtel particulier est aujourd’hui estimé à 55 millions d’euros par le leader mondial de l’immobilier de luxe, Barnes. Cette évaluation est effectuée sur le postulat qu’il soit considéré comme un ensemble d’habitation (ce qui n’est pas le cas aujourd’hui). Selon Thibault de Saint Vincent, président de Barnes, le Parti socialiste ne devrait avoir aucune difficulté à trouver un acquéreur pour remplir ses caisses… même si de lourds aménagements sont à prévoir. «  Concernant les travaux nécessaires pour transformer le siège du PS en logement, il faut prévoir environ 6 millions d’euros pour une totale réhabilitation de l’immeuble », souligne-t-il.  Ainsi, le futur ex-siège du PS susciterait déjà la convoitise. « Des investisseurs étrangers, particuliers ou institutionnels, nous ont déjà contactés pour nous faire part de leur intérêt. Ils sont dans les starting-blocks malgré un prix important », précise Marc Aversenq, Directeur d’affaires chez Barnes Biens d’Exception, qui a eu l’occasion de visiter le lieu et donc de l’estimer.

Un bien estimé à 55 millions d’euros

Pour rappel, le siège du Parti Socialiste, comme rappelé en préambule, avait été acheté en 1986 à la Mutuelle de la Fonction Publique pour 53 millions de francs, soit un peu plus de 8 millions d’euros (11,3 millions d’euros aujourd’hui en prenant en compte l’inflation). Mais où va donc trouver refuge l’ancien parti de la majorité ? Beaucoup de voix au sein du PS estiment que cette vente est un « mal pour un bien » qui pourrait permettre au parti de prendre ses quartiers dans un endroit plus « populaire » que le VIIe arrondissement et ainsi en profiter pour reconquérir cet électorat ayant déserté depuis bien longtemps la formation à la rose. Un argument balayé d’un revers de main par Stéphane Le Foll, ancien porte-parole du gouvernement et ex-ministre de l’Agriculture, ce matin sur RTL.

« J’entends certains qui s’expriment en disant que c’est génial et qu’on pourra se rapprocher des couches populaires et comme cela, les couches populaires voteront pour nous… On va bientôt aller dans la Creuse car il faut aussi se rapprocher des couches rurales ». Et de rappeler les propos tenus par François Mitterrand en son temps lors de l’installation à Solférino en 1980. « Nous avons vocation à être un parti de gouvernement, donc il faut être proche des lieux de pouvoir ». Trente-cinq ans plus tard, le PS n’en a jamais été aussi loin.

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