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Le gaz naturel au cœur des négociations entre l’Europe et le Venezuela

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Usine de raffinage de pétrole El Palito, Puerto Cabello, Edo. Carabobo, Venezuela. | Source : Getty Images

De nombreuses entreprises européennes pourraient investir dans le gaz naturel vénézuélien et changer à la fois le monde des affaires et celui de la politique.

 

Si les accords nécessaires sont conclus, cela pourrait relancer l’économie, les exportations d’énergie plus propres et les relations entre l’Europe et le Venezuela. Par ailleurs, ces négociations s’inscrivent dans un contexte de dialogue entre le gouvernement vénézuélien et l’opposition. Ces échanges pourraient être influencés par les intérêts commerciaux et diplomatiques européens.

Le Venezuela possède toujours les plus grandes réserves de pétrole au monde, pourtant le pays n’est qu’un producteur mineur. Ces dernières années, le Venezuela a même eu du mal à s’approvisionner en essence pour sa population. Le développement du pays était en outre étroitement lié aux géants pétroliers américains, qui opéraient même après les nationalisations des années 1970.

Le fait est que, après un âge d’or entre 1950 et 1980 environ, la production pétrolière du Venezuela, et par là même son économie, a connu un déclin presque constant. Alors que les réserves plus faciles d’accès s’épuisent, les problèmes de mauvaise gestion, de corruption et de sanctions ont paralysé l’industrie. ExxonMobil a quitté le pays après un conflit avec le gouvernement socialiste il y a 15 ans. Le géant pétrolier Chevron est resté, bien qu’il soit aujourd’hui fortement contraint par la réglementation américaine.

Il y a cependant un front où il y a encore de l’espoir. Depuis que la guerre a éclaté en Ukraine, l’Europe regarde au-delà de la Russie pour s’approvisionner en combustibles fossiles. Avec le Venezuela, les entreprises énergétiques européennes ouvrent de nouvelles perspectives en s’intéressant au secteur du gaz naturel. Il est surprenant de constater que ce pays d’Amérique latine n’a jamais exporté cette ressource, l’État s’étant plutôt appuyé sur les profits massifs tirés du pétrole.

La société espagnole Repsol, le géant italien Eni et l’entreprise française Maurel & Prom sont les noms à retenir. Les deux premiers étaient déjà impliqués dans le pays sud-américain. Entre-temps, le français Maurel & Prom est entré en scène au moment où le président Emmanuel Macron se propose comme médiateur. Il s’agit d’un pari risqué, compte tenu des nombreux problèmes auxquels le Venezuela a été confronté ces dernières années. British Shell pourrait également s’impliquer par le biais de ses investissements à Trinité-et-Tobago. Ce pays insulaire partage un important gisement de gaz sous-marin avec le Venezuela, et Shell pourrait se développer grâce à une coentreprise dans la région.

L’un des éléments clés de cette collaboration est le projet de recyclage du méthane. L’industrie locale des combustibles fossiles est extrêmement polluante, plus encore que ses homologues, en raison du sous-investissement. Or, le méthane, un sous-produit, pourrait être transformé en gaz naturel liquéfié. Cela aurait le double avantage de réduire la pollution atmosphérique et de générer de nouveaux revenus. Eni et Repsol participeraient à ce projet de 1,5 milliard de dollars, tandis que l’Union européenne (UE) contribuerait au financement par l’intermédiaire de son initiative « Global Gateway ». Ce dernier fonds est la réponse européenne à la politique « Belt and Road » de la Chine, et vise principalement à investir dans les infrastructures des pays moins développés en tant que forme de diplomatie.

Pour le meilleur ou pour le pire, l’avenir de cette industrie reste entre les mains des politiciens. Des négociations tripartites sont en cours entre l’Europe, le gouvernement vénézuélien et son opposition. Emmanuel Macron et un groupe de présidents sud-américains ont proposé leur aide pour parvenir à une percée. Les élections sont prévues pour 2024, et il reste à savoir si des observateurs de l’UE seront présents. L’issue de ces négociations déterminera si l’on assistera à l’éclosion d’une industrie produisant une certaine quantité d’énergie plus propre pour l’Europe, ou si l’impasse se poursuivra.

 

Article traduit de Forbes US – Auteur : Elias Ferrer Breda

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