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L’Agriculture Ou Le Syndrome De La Vente A Perte

Un salon pour rien ? Le SIA 2017 se clôt cette année encore sur son lot d’anecdotes politiques de rendez-vous manqué et petites phrases. On a malheureusement bien peu parlé de la situation économique de nos agriculteurs.

 

Des négociations de prix où ils sont perdants, des revenus agricoles au plus bas, des subventions européennes en baisse. Les agriculteurs français ont beaucoup de revendications et ne parviennent pas à sortir de la crise.

 

La précarité chez les exploitants indépendants s’installe.

La situation est alarmante et leur niveau de vie est préoccupant. Le revenu agricole a subi une baisse de 26,1% en 2016 selon l’INSEE, par rapport à 2015 déjà morose.

Les faibles revenus se multiplient chez les agriculteurs. Et d’après des chiffres de la MSA (la sécurité sociale agricole), près de la moitié des agriculteurs gagne, à peine, 354 euros par mois. Et ce, après aides sociales et subventions européennes.

Un revenu sans mesure par rapport à la dureté de l’emploi : des heures de travail (selon BVA, près de 75% des agriculteurs travaillent plus de 54 heures par semaine), un moral en berne et un taux de suicide record dans la profession.

 

Trois raisons expliquent, cette année encore, la mauvaise posture des agriculteurs.

La première est économique : une baisse des prix de leur production. C’est la loi du marché, le secteur agricole est ouvert à la concurrence européenne. L’offre est grande, que ce soit pour le lait, les céréales ou même les vignes et cela fait descendre les prix. La chute de l’excédent commercial agricole le démontre bien encore : on a moins exporté cette année, notamment moins de céréales qu’à l’ordinaire, alors que les importations ont été plus nombreuses.

La seconde raison est plus spécifique à l’agriculture : un aléa climatique, une épidémie ou tout simplement une mauvaise récolte peuvent survenir chaque année. Les exploitants le savent bien : le secteur agricole est un monde difficile et imprévisible, comme nous le prouve, cette année encore, l’épizootie de grippe aviaire dans le sud-ouest.

Dernière raison, le choix d’une agriculture morcelée. Notre modèle d’agriculture a choisi de privilégier les petites exploitations ; à la différence de l’Allemagne ou des Pays-Bas qui ont choisi une agriculture industrielle, ce qui leur permet de produire moins cher.

En France, en moyenne, on recense 1,5 unité de travail par ferme. Le plus souvent, l’exploitant travaille seul, avec un appui ponctuel de salariés ou de membres de sa famille. Mais en n’oubliant pas que chaque exploitation constitue à elle-même une entreprise, avec ses charges fiscales et administratives et les risques qui encourent.

Forcément, comme dans tout secteur, les formations de plus petites tailles sont aussi les moins solides. Et en ces temps de crise, les faillites agricoles ont augmenté de 6,5%.

 

La Politique Agricole Commune au cœur des sujets

La PAC est pourtant à l’origine une idée française. À l’époque, la France était très agricole et négocier cette contrepartie a été une condition à l’ouverture des marchés des six premiers pays européens. La politique agricole a bien été le fer de lance de la construction européenne, une des premières politiques mises en commun, avec celle du charbon et de l’acier.

Depuis sa création en 1962, la PAC a subi de nombreuses réformes. La garantie d’un prix minimum a été supprimée à l’aube des années 2000 et récemment, c’est aux quotas laitiers que l’Union européenne a mis fin.

Aujourd’hui, deux fermes sur trois touchent en moyenne 25 000 euros annuels d’aides européennes. Si le vote frontiste est plus fort que la moyenne nationale chez les agriculteurs, peu d’entre eux aimeraient suivre l’idée de Marine Le Pen de la suppression de la PAC et la sortie de la France du marché européen.

 

Alors que proposer pour sauver l’agriculture ?

Les candidats à la présidentielle ont défilé au salon, avec leur lot de propositions. Beaucoup dénoncent une PAC archaïque, qui devra, dans sa prochaine réforme en 2020, alléger les procédures administratives.

L’objectif doit être de baisser les coûts de production, afin que les agriculteurs ne puissent plus vendre à perte : baisse des cotisations et de la volatilité des prix doivent être des pistes.

Emmanuel Macron a ouvert un débat important : celui d’une allocation chômage universelle. Les agriculteurs, tout comme les autres entrepreneurs, professions libérales, seraient concernés et rattachés au régime général. Une forme d’assurance contre les années de mauvaises récoltes, en somme.

François Fillon, dans son programme libéral, promet une baisse des charges des entreprises et demande une éligibilité agricole au Crédit Impôt Recherche.

Benoit Hamon prône un tournant vers l’agro-écologie, en soutien aux circuits courts et coopératives agricoles.

 

Une agriculture forte écologiquement d’accord, à condition d’avoir rempli la première demande d’une agriculture pérenne économiquement. Souvenons-nous d’Edgard Pisani, ministre de l’agriculture du Général de Gaulle, qui disait souvent que la faim tuait plus de personnes que les guerres.

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