La Russie pourrait permettre à l’Ukraine d’adhérer à l’Union européenne si elle s’engageait à rester en dehors de l’OTAN, rapporte le Financial Times lundi, alors que les responsables ukrainiens se disent ouverts à un engagement de neutralité dans le cadre de négociations plus larges visant à mettre fin à l’invasion du pays par la Russie.
Faits marquants
- Les négociateurs russes et ukrainiens étudient un accord potentiel qui exigerait de l’Ukraine une neutralité militaire – empêchant le pays d’adhérer à l’OTAN ou d’accueillir des bases étrangères – mais qui lui permettrait de demander des garanties de sécurité à d’autres pays et de poursuivre son adhésion à l’UE, selon le Financial Times, qui cite quatre sources anonymes.
- Le politicien et négociateur ukrainien David Arakhamia a déclaré au journal que ces garanties de sécurité pourraient obliger des pays comme les États-Unis à aider l’Ukraine si elle était attaquée, un arrangement qu’il a comparé à l’article 5 de la règle de défense collective de l’OTAN.
- Les discussions préliminaires sur le cessez-le-feu n’incluent aucune exigence de « démilitarisation » ou de « dénazification » du gouvernement ukrainien, deux des objectifs déclarés par le président russe Vladimir Poutine lorsqu’il a ordonné l’invasion le mois dernier, selon le Financial Times.
- Les négociateurs se sont rencontrés à plusieurs reprises depuis l’invasion russe pour discuter du cessez-le-feu, et ils doivent se réunir à nouveau en Turquie mardi.
- Il n’est toujours pas clair si un accord entre l’Ukraine et la Russie est à l’horizon : M. Arakhamia a déclaré au Financial Times qu’il existe encore des « points non résolus » entre les deux parties, et certains responsables ukrainiens et occidentaux semblent douter de la sincérité de la Russie.
Contexte clé
Lorsque les forces russes ont commencé à envahir l’Ukraine il y a plus d’un mois, de nombreux responsables occidentaux ont cru que Poutine cherchait à renverser le gouvernement de Zelensky et à le remplacer par un dirigeant plus favorable au Kremlin. Cette action aurait effectivement mis fin à la volonté de l’Ukraine de se rapprocher de l’OTAN et de l’UE, une démarche à laquelle la Russie s’oppose farouchement. Toutefois, l’armée russe s’est heurtée à une résistance ukrainienne plus forte que prévu, ce qui pourrait l’amener à revoir ses ambitions à la baisse. Le Kremlin a déclaré au début du mois qu’il était ouvert à la neutralité de l’Ukraine, à l’instar de l’Autriche ou de la Suède, qui ne sont pas membres de l’OTAN. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky semble également ouvert à un statut neutre. Il a déclaré dimanche à des journalistes russes qu’il était prêt à discuter de la neutralité à condition que les citoyens ukrainiens puissent voter sur la mesure et que les pays tiers donnent à l’Ukraine des assurances en matière de sécurité.
Citation essentielle
« Garanties de sécurité et neutralité, statut non-nucléaire de notre État. Nous sommes prêts à y aller », a déclaré Zelensky aux journalistes dimanche, selon la traduction de Reuters.
Tangente
L’Ukraine a adopté en 2019 un amendement constitutionnel qui consacre l’adhésion à l’OTAN et à l’UE comme des objectifs pour le pays, mais les progrès ont été lents, même si l’OTAN a annoncé en 2008 qu’elle finirait par admettre l’Ukraine. L’OTAN accepte les nouveaux membres par consensus, ce qui signifie que les 30 membres actuels de l’organisation devront juger la candidature de l’Ukraine acceptable. Certains membres de l’OTAN craignent probablement qu’une nouvelle expansion de l’alliance – qui a accepté plusieurs anciens alliés soviétiques depuis la fin des années 1990, suscitant l’ire de Poutine – ne nuise aux relations avec la Russie, et l’Ukraine devra satisfaire aux normes de l’OTAN en matière de gouvernement démocratique et de compétences militaires avant de pouvoir adhérer. L’adhésion à l’UE est également un processus long et difficile qui obligerait l’Ukraine à satisfaire à des exigences politiques, économiques et juridiques et à obtenir le soutien unanime des 27 pays de l’Union.
Ce que nous ignorons
Les différends territoriaux risquent d’être un point de discorde majeur entre la Russie et l’Ukraine, et le Financial Times rapporte qu’une proposition d’accord de cessez-le-feu entre les deux parties pourrait reporter les discussions sur le territoire à une date ultérieure. Le chef du renseignement militaire ukrainien a averti ce week-end que la Russie pourrait tenter de partitionner le pays comme la péninsule coréenne, en divisant des portions de l’est et du sud de l’Ukraine qui ont été occupées par les forces russes au cours du mois dernier, et des responsables militaires russes ont affirmé la semaine dernière qu’ils se concentraient désormais sur la « libération » de l’est du pays, qui est partiellement contrôlé par des séparatistes pro-russes depuis 2014. L’Ukraine et la plupart des autres pays ne reconnaissent pas non plus les revendications de la Russie sur la péninsule de Crimée, qu’elle a annexée à l’Ukraine en 2014. Zelensky a déclaré dimanche qu’il recherchait un « compromis » sur le statut des zones tenues par les séparatistes dans l’est de l’Ukraine, et qu’il n’avait pas l’intention de reprendre par la force tous les territoires tenus par la Russie.
Article traduit de Forbes US – Auteur : Joe Walsh
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