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La République En Marche ! En Quête D’Un Second Souffle

© Getty Images

Après avoir réussi le prodige de remporter sans coup férir l’élection présidentielle et les législatives suivantes, le mouvement En Marche!, devenu « La République En Marche ! »,  peine à faire entendre sa voix dans le débat public. La faute à un cruel déficit d’incarnation d’un état-major aux abois et orphelin de son leader naturel, Emmanuel Macron.

« Un seul être vous manque et tout est dépeuplé ». Un adage qui sied à merveille à la situation actuelle de La République En Marche depuis que son patron, Emmanuel Macron, a été appelé par le peuple de France à présider aux destinées du pays. Si la question existentielle du positionnement et de la caisse de résonance du parti majoritaire n’est pas l’apanage de « LREM » – le PS et les Républicains ayant, en d’autres temps, pris le parti d’installer aux plus hautes responsabilités des apparatchiks et autres hommes-lige pour ne pas faire ombrage à l’exécutif -, le manque de leadership est criant au sein de la formation présidentielle qui se cherche actuellement des dirigeants ou des figures de proue. La situation est inédite il est vrai pour un mouvement qui a pourtant envoyé plus de 300 députés dans les travées du Palais Bourbon au mois de juin dernier mais dont le « chef », en l’occurrence le Premier ministre, n’est pas issu.

Et cela n’est visiblement pas prêt de changer. Sous le coup d’une exclusion des Républicains, Edouard Philippe a opposé une fin de non-recevoir à la possibilité de le voir adhérer à La République en Marche !.  « J’aurai un engagement politique, et l’engagement politique, à mon avis, vaut largement l’étiquette partisane », a expliqué Edouard Philippe, qui se dit « extrêmement » consacré à sa tâche. Un Premier ministre dépourvu de toute étiquette politique ferait office de nouvelle « incongruité » de la Ve République. Mais le locataire de Matignon n’en a cure. « Il y a là quelque chose qui n’a jamais été fait. Vous comprenez bien que les tergiversations en termes de partis dans ces conditions m’intéressent assez peu ». Fin de citation

Qui pour incarner la « relève » ?

Pour en revenir à la direction même du mouvement, les postulants à la succession d’Emmanuel Macron ne sont pas légion tant il paraît difficile d’exister à côté du chef de l’Etat, Edouard Philippe peut lui-même en témoigner. Pourtant, l’aventure En Marche! avait fait émerger de nouveaux visages ou mis sur le devant de la scène des personnalités noyées dans le marigot des partis traditionnels.  Citons par exemple le « premier lieutenant » d’Emmanuel Macron et « porte-flingue » du candidat durant la campagne présidentielle, Richard Ferrand.  « Simple » député de Bretagne le 12 juillet 2016 lors du grand raout de la Mutualité mettant officieusement sur orbite la candidature de Macron, Richard Ferrand avait, à l’époque, galvanisé la salle prenant fait et cause pour celui qui n’était alors qu’un impétueux ministre de l’Economie.

L’accompagnant sur le chemin du succès, le parlementaire a connu un « brutal retour sur terre » en obtenant un maroquin de seconde zone avant d’être exfiltré du gouvernement à cause de ses turpitudes judiciaires, même si le parquet de Brest a classé sans suite ladite « affaire des Mutuelles de Bretagne » ce vendredi après-midi . Richard Ferrand démonétise, et est visiblement tout aussi peu à son aise en tant que chef d’orchestre de la majorité présidentielle où des tensions commenceraient  à poindre entre « anciens et modernes », qui a les épaules pour reprendre l’étendard de la République en Marche ! ? Pas grand monde à première vue pour une formation s’étant dotée, en attendant, d’une direction collégiale,  décision visant le plus souvent à masquer le manque criant d’une figure tutélaire.  « J’assume que ce soit encore en chantier », abonde Arnaud Leroy, dans les colonnes du Figaro, cheville-ouvrière de la direction collégiale du mouvement aux côtés de l’ancienne sénatrice Bariza Khiari et Astrid Panosyan, ancienne conseillère d’Emmanuel Macron du temps où celui-ci officiait à Bercy.

La démocratie interne en question

Autre « pomme de discorde » la fronde de certains adhérents, désireux de voir davantage de démocratie au sein du mouvement, au point de se fédérer sous la bannière du collectif La Démocratie En Marche !« « Les statuts proposés cantonnent, en effet, les adhérents à un rôle de supporteur et les excluent de la gouvernance, aussi bien locale que nationale. Les adhérents ne participent notamment à aucune élection interne, la majorité des cadres du mouvement étant désignée ou membres de droit. Ce verrouillage de la gouvernance révèle une certaine défiance vis-à-vis des adhérents et apparaît en contradiction avec les valeurs de LREM », soulignait alors le collectif. Peine perdue puisque les nouveaux statuts seront adoptés au cœur de l’été par 90,6% des votants… et un taux de participation de 32,1%. Un désintérêt manifeste qui interpelle. Au risque de voir la République en Marche ! muter en un groupe de fans acquis à la cause du Président. Comme un arrière-goût « d’ancien monde ».  

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