La Chine a annoncé un objectif de croissance économique d’environ 5 % pour 2025, un chiffre similaire à celui de l’année précédente et conforme aux attentes du marché. Toutefois, atteindre cette ambition pourrait s’avérer complexe, compte tenu de l’intensification de la guerre commerciale avec les États-Unis et d’une consommation intérieure encore fragile.
Le Premier ministre chinois, Li Qiang, a révélé l’objectif de croissance du produit intérieur brut (PIB) pour 2025 mercredi, lors de l’Assemblée nationale populaire de la République populaire de Chine, qui se tient cette semaine au palais de l’Assemblée du peuple à Pékin. Des milliers de délégués, y compris des représentants du gouvernement et des figures influentes du monde des affaires, se sont réunis dans la capitale pour cet événement majeur, la plus haute assemblée législative du pays.
L’objectif de croissance pour 2025 témoigne de la volonté de la Chine de faire face aux défis actuels, a expliqué Li Qiang lors de la présentation du rapport annuel du gouvernement. Le déficit budgétaire a été fixé à 4 % du PIB, contre 3 % en 2024, signalant une probable augmentation des emprunts et des dépenses publiques. Le premier ministre chinois a également souligné que la politique se concentrera sur la stimulation de la consommation intérieure et l’amélioration des conditions de vie de la population.
Cependant, l’objectif de croissance pour cette année ne sera pas « facilement réalisable », a déclaré Alicia Garcia Herrero, économiste en chef de la région Asie-Pacifique pour la banque d’investissement française Natixis, via WeChat depuis Hong Kong. Les exportations, qui constituent un pilier essentiel de la croissance économique, seront fortement affectées par la guerre commerciale intense avec l’administration Trump.
À peine un jour avant le discours de Li Qiang, les États-Unis ont doublé les droits de douane sur toutes les importations chinoises, les faisant passer de 10 % à 20 %. En réponse, Pékin a imposé des tarifs supplémentaires allant jusqu’à 15 % sur certains produits américains, tels que le poulet et le blé.
Selon Mme Herrero, la Chine pourrait compenser une partie de l’augmentation des droits de douane américains en réduisant les prix de certains produits fabriqués localement. Cela expliquerait la révision à la baisse de l’objectif d’inflation des prix à la consommation pour cette année, désormais fixé autour de 2 %, après avoir longtemps été situé autour de 3 %.
Face à l’escalade de la guerre commerciale, les autorités chinoises cherchent à stimuler la croissance à travers des mesures de relance nationales, telles que la réduction des taux d’intérêt et des réserves obligatoires des banques, afin d’injecter davantage de liquidités dans l’économie, selon le rapport du premier ministre chinois. Il a également réaffirmé son soutien au développement du marché immobilier, soulignant que le ralentissement prolongé de ce secteur avait affaibli la richesse des ménages et freiné la consommation.
Les autorités chinoises n’ont pas encore dévoilé de mesures détaillées. Les investisseurs se demandent également comment Pékin va soutenir le développement de l’intelligence artificielle (IA) pour stimuler la croissance, selon Charu Chanana, stratégiste en chef des investissements chez Saxo Bank à Singapour. « Mettre l’accent sur l’innovation privée pourrait stimuler la croissance, marquant ainsi un changement par rapport à la priorité récente accordée aux entreprises publiques (SOE) en Chine », explique-t-elle.
En février, le président Xi Jinping a rencontré les principaux magnats du secteur privé chinois, dont le cofondateur d’Alibaba, Jack Ma, pour leur envoyer un message de soutien. Cependant, la croissance économique pourrait ralentir à environ 4,2 % cette année, selon Harry Murphy Cruise, économiste chez Moody’s Analytics à Canberra, en Australie.
Dans une note publiée le 3 mars, avant le discours de Li Qiang, il anticipe un objectif de croissance comparable à celui de l’année précédente. « Cet objectif est difficile à atteindre », souligne-t-il. « L’économie chinoise fait face à de multiples pressions : les droits de douane américains affecteront les exportations, tandis que la stagnation des dépenses des ménages et le déclin du marché immobilier freineront la croissance intérieure ».
Une contribution de Yue Wang pour Forbes US – traduit par Lisa Deleforterie
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